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Alicia Aza, Le livre des arbres

Alicia Aza donne à lire des poèmes qui s'enracinent dans un monde végétal. Si les poèmes de la première suite sont des portraits imaginaires d'arbres, ce sont surtout des portraits de l'auteur et cela ne nuit en rien à la présence d'un vocabulaire botanique (angiosperme, plantes hermaphrodites, stomates…). On pense parfois à Francis Ponge tant les descriptions sont matérialistes mais, rien n'y fait, l'esprit vagabonde et revient toujours à ces portraits inattendus. La deuxième suite décrit des paysages avec des arbres et, en même temps, évoquent des moments singuliers traversés par des silhouettes connues. C'est une  poésie savante qui se donne alors à lire avec les ombres tutélaires de poètes connus comme Nelly Sachs ou Sylvia Plath…, d'égéries comme Jacqueline Lamba (qui fut l'amour fou d'André Breton et sa compagne) ou Lou Andreas Salomé, d'intellectuels comme Katherine Withmore ou T W Higgison, de personnages de roman comme Madame Dalloway, voire,  avec Der Hölle Rache, d'un air célèbre de l'opéra de Mozart , La Flûte enchantée… Tout cela ne va pas sans une certaine étrangeté recherchée, un surréalisme lointain : c'est qu'Alicia Aza cultive une atmosphère particulière… Dans la dernière suite, un être aimé hante les poèmes, l'écriture est sensuelle et élégiaque ; le réel et l'imaginaire se mêlent pour créer un climat onirique duquel le lecteur a du mal à se défaire. Alicia Aza écrit en espagnol, le lecteur hispanophone appréciera de pouvoir lire ces poèmes dans leur langue d'origine, et l'ignorant -comme moi- sera heureux de lire leur traduction en français due à Max Alhau…