1

Angelo Tonelli — extraits de Fragments du poème perpétuel / Frammenti del perpetuo poema

choisis et traduits par Marilyne Bertoncini

I (extrait)

Un punto non visibile tra il mare

e il cielo illividito di dicembre

ancora a rimirarlo in pieno sole

sempre quel punto, vuoto, inafferrabile

potesse persuaderci senza ebbrezza

qua morti, almeno noi rari superstiti

nell’aldilà del mare a questa vita

 

 

Un point imperceptible entre la mer

et le ciel blême de décembre

que la contemplation incessante en plein soleil

de ce point, vide, inaccessible,

puisse nous persuader d'entrer sans ivresse

ici morts, au moins nous rares survivants

dans l'outre-marin à cette vie

 

*

 

II (extraits)

 

Mi chiamo Angelo, così

mi hanno chiamato. Non ricordo

di essere nato, non credo

che morirò-il centro dei mondi

è cuore di luce, che racchiude

una piccola ombra-mi hanno chiamato

Angelo, forse sono nato

dal nulla, se è vero

che sono nato-raggi innumerevoli

filtrano il sangue di quel cuore

fuori di sé-non chiedetemi

cose certe : so

che mi hanno chiamato Angelo e deliro

me stesso tra gli umani

che mi sciàmano intorno, non intendo

se esistano o non esistano, soltanto

se chiudo gli occhi scompaiono, ritornano

se dischiudo le palpebre

 

Je me nomme Angelo, c'est ainsi

qu'on m'a nommé. Je n'ai pas souvenir

d' être né, je ne crois pas

que je mourrai – le centre des mondes

est cœur de lumière, qui recèle

une ombre minuscule- ils m'ont nommé

Angelo, peut-être suis-je né

du néant, s'il est vrai

que je suis né-des rayons innombrables

filtrent le sang de ce cœur

hors-de-lui -ne me  demandez pas

des choses avérées : je sais

qu'ils m'ont nommé Angelo et je délire

moi-même parmi les humains

qui chamanent autour de moi, je ne sais

s'ils existent ou non, je sais juste

qu'ils disparaissent si je ferme les yeux, reviennent

si j'ouvre les paupières

 

*

 

Noi corriamo, gli umani, ricorriamo

eventi, memorie, intensità

di cose. Non il gabbiano che si lascia andare

sul filo dell’aria, posa

sul nulla e plana e trova meta

e ristoro. Come ala

di gabbiano filassero i miei giorni, candida

piuma, occhio vigile sul mare

 

 

Nous courons, nous humains, nous poursuivons

les événements, les mémoires, l'intensité

des choses. Pas le goéland qui se laisse porter

sur le fil de l'air, posé sur

le néant il plane et trouve  destination

et repos. Que filent comme ailes

de goéland mes jours, blanche

plume, œil vigilant sur la mer

 

*

 

Il mio dio ha occhi di colomba

e aquila, si erge tra me e il mondo, gioca

con i miei pensieri. Poi sparisce. Ne resta

eco lunga in me, come vagìto

lontano o gemito di felicità, che mi confonde

a onde salendo, a fiotti, a mano a mano

che il sole matura dentro l’anno.

E gioca e mi divora il dio di luce

e tenebra e mi ruba ai giorni limpidi

di questo primo autunno che si frange

contro rive di pietra, rupi ripide.

 

mon dieu a des yeux de colombe

et d'aigle, il se dresse entre moi et le monde, il joue

avec mes pensées. Puis disparaît. En reste

un long écho en moi, comme un vagissement

lointain, un gémissement de joie, qui me trouble

de flots d'ondes montantes, à mesure

que le soleil mûrit au cours de l'année.

Et il joue et me dévore le dieu de lumière

et de ténèbre et me dérobe aux jours limpides

de ce premier automne qui se brise

contre des rivages de pierre, des rochers escarpés.

 

 

*

 

VII (extraits)

 

Le parole galleggiano su un vuoto

colmo di luce, vacua plenitudino

lumine plena, e da questo vuoto

ora germina il mare, ora la notte

sorella del giorno, ora l’aurora.

È bene misurare le parole

attingerle alla fonte della luce

e donarle come quarzi trasparenti.

È bene commisurare le parole

alla forza profonda dell’umano

al suo nome segreto, e siano specchio

tra la goccia lucente e la sorgente

d’acqua che vibra e ride contro il sole

 

Les paroles flottent sur un vide

comble de lumière, vacua plenitudino

lumine plena, et de ce vide

parfois germe la mer, parfois la nuit

sœur du jour, parfois l'aurore.

Il est bon de mesurer les paroles,

Les puiser à la source de la lumière

et les offrir comme des quartz transparents.

Il est bon de comparer les paroles

à la force profonde de l'humain

à son nom secret, et qu'elles soient miroirs

entre la goutte luisante et la source

d'eau qui vibre et rit contre le soleil

 

*

 

Al Discepolo assente

 

Che cosa resterà di me ? chiedo

nel cuore della notte guardando

i tetti delle case, prima che mi colga

tra pensieri reiteranti, immagini

di passato e presente, il sonno… che cosa

resterà di me ? Certo, i miei versi

circoleranno. Ma io,

questa luce raccolta in me, forse qualcuno

accoglierà nell’anima, saprà qualcuno

reggere la mia essenza ? Questo

non mi è dato sapere. Ma posso

in versi spezzati e colloquiali dire

che cosa vorrei da te

uomo o donna che tu sia, erede

dei miei misteri, posso

dirti, io vorrei che fossi

te stesso in ogni attimo, vero

fino a confonderti con lo sguardo

del dio – se dio

posso nominare il principio vivente

di tutte le cose, loro essenza

presente in esse, eppure altrove

ridente – te stesso

altro da te, cielo

e terra, ombra

e luce. Vorrei

que la tua quiete

nascesse dagli armonici contrasti

di una totalità vibrante, sull’orlo

di traboccare nel pieno della vita

ogni momento. La tua sapienza

sia giocattolo delle mani di un dio-fanciullo

emotivo e veggente. La morte

riconosci come devastazione

di quello che sei, esplodere

di tempie, labbra, cuore ; abituarti

all’improvviso rovesciarsi delle forme

più belle.

Quando morirai

se morirai, sii morte sarai stato

gioia e dolore, forza

e squallore. Di questa sapienza

che all’umano concede di somigliare al dio

vai fiero, ma non troppo. Riconosci

il limite che ci costringe. Del piacere

di sognare, non privarti mai… La vita

considera come viaggio in solitudine

a tratti ravvivato dall’amore, ricerca

de Principio in tutte le forme, anche

le più insidiose : così

dio tra gli umani e questa grandezza

racchiusa nel cuore

ti basterà.

 

Au Disciple absent

 

Que restera-t-il de moi ? Je pose la question

au cœur de la nuit en regardant

les toits des maisons, avant que ne me cueille

entre pensées qui reviennent, images

du passé et du présent, le sommeil... Que restera-t-il

de moi ? Certes, mes vers

circuleront. Mais moi,

cette lumlère blottie en moi, peut-être quelqu'un

l’accueillera dans son âme, quelqu'un saura-t-il

supporter mon existence ? Ceci,

Je ne puis le savoir. Mais je peux

en des vers brisés et familiers dire

ce que je voudrais de toi

homme ou femme que tu sois, héritier

de mes mystère, je puis te

dire, je voudrais que tu sois

toi-même en chaque instant, vrai

au point de te confondre avec le regard

du dieu – si dieu

je peux nommer le principe vivant

de toute chose, leur essence

présente in esse, et pourtant ailleurs

riant – toi-même

autre que toi, ciel

et terre, ombre

et lumière. Je voudrais

que ta sérénité

naisse des contrastes harmoniques

d'une totalité vibrante, sur le point

de déborder dans le plein de la vie

à chaque instant. Que ta sagesse

soit un jouet dans les mains d'un dieu-enfant

émotif et voyant. Que tu reconnaisses

la mort comme dévastation

de ce que tu es, explosion

de tempes, lèvres, cœur : t'habituer

à l'improviste renversement des formes

les plus belles.

                                                           Quand tu mourras

si tu meurs, sois mort tu auras été

joie et douleur, force

et misère. De cette sagesse

qui concède à l'humain de ressembler à dieu

sois fier, mais sans excés. Reconnais

la limite qui nous contraint. Du plaisir

de rêver, ne te prive jamais... Considère

la vie comme un voyage en solitude

parfois ravivé par l'amour, recherche

du  Principe en toutes les formes, même

les plus périlleuses : ainsi

dieu parmi les humains et cette grandeur

blottie en ton  cœur

te suffira.

 

 

*

 

Lo scoramento

è corpo morto del dio : venera anche quello

e anche incertezza :  incerto

è il dio, tra essere

e non essere, risplendere

e nascondersi. Semplicemente, compiutamente sii

alba al sorgere del sole, orizzonte

al suo tramonto, nube

quando piove, arsura

nell’estate, germoglio

in primavera, spoglio

nell’inverno. Non dimenticare

nulla, vivendo nell’oblìo

continuo, non perdonare

nulla, perchè non sarai mai lo stesso

che ha subìto torto : tutto muta

continuamente.

Ascolta

Il flusso del sangue, gli infiniti

moti delle cellule, che cosa

ci appartiene ? Sei ovunque

e in nessun luogo.

Ama

Il prossimo tuo come te stesso : con crudeltà

e dolcezza ; se ferirai

ferirai sempre te stesso, perché tu

sei il mondo, se tradirai

tradirai te stesso.

Ciò che non ti appartienne

considera cosa tua, pensa perduto

tutto ciò che ai.

E poi ?

Nascerà luce

dentro l’anima che guida

ad altri mondi. Nascerà

una Città di Luce

dentro l’anima, una candida

eterna città dove non è dolore

no ombra. Qui dimorano

e attendono gli dèi, nel limine

estremo della vita, che conducono

al cuore delle cose, al nucleo immobile

di una abbacinante eternità.

 

Le découragement

est le corps mort du dieu : vénère cela aussi

et l’incertitude : incertain

est le dieu, entre être

et non-être, resplendir

et se cacher. Simplement, complètement sois

aube quand paraît le soleil, horizon

quand  il se couche, nuage

quand il pleut, sécheresse

l’été, germe

au printemps, dépouille

en hiver. N’oublie

rien, vivant dans l’oubli

continu, ne pardonne

rien, parce que tu ne seras jamais le même

qui a subi un tort : tout change

continûment.

Ecoute

Le flux du sang, les infinis

mouvements des cellules, qu’est-ce

qui nous appartient ? Tu es partout

et nulle part.

Aime

ton prochain comme toi-même : cruellement

et tendrement ; si tu blesses

c’est toi que tu blesses toujours, car tu es

le monde, si tu trahis

c’est toi que tu trahis.

Ce qui ne t’appartient pas

considère-le comme ton bien, pense perdu

tout ce qui est à toi.

Et puis ?

Naîtra la lumière

dans l’âme qui guide

aux autres monde. Naîtra

une Cité de Lumière

dans l’âme, une pure

cité éternelle sans douleur

ni ombre. Là demeurent

et attendent les dieux, à la frontière

extrême de la vie, qui conduisent

au cœur des choses, au noyau immobile

d’une éblouissante éternité.