trajet de sortie ultime
étroitesse d’une parole tissée avec les noms de tous les oubliés
fosfor étincelant du delta de ta langue
mâchoire de l’ouverture
et frottement du peuplier lumineux
umbra mea cade din spate
je t’ai tant de fois appelé
puis gardé caché au cérumen du secret
trésor insonore
mon butin de nuit
l’ombre me tombe du dos
et l’enfant renouvelée vient au seuil avec le feu
in mijloc, au milieu
la tête
la racine
c’est la guerre aux fantômes
DANS L’EXIL LA MAISON
J’ai cherché une maison, à l’abri de toutes les sortes de braconniers qu’héberge le jour trivial. Depuis laquelle diffuser le spectre d’une langue propre, les jets d’envergure de la vie. J’entends parfois, je pense aussi parfois :
« Dans l’exil la maison c’est la langue. »
Nous nous trompons : sabir du ban, langue-séparation, parole-un, l’exil est la maison.
Fuite partagée de l’infinité formulable.
Maison sans murs et sans cuisine que des piégeurs brutaux enfreignent.
IL SE PEUT MÊME
il se peut même que tout bien réinventé rien n’ait d’autre ordre que cet agencement primordial du
souffle avec la nuit
je ne dis pas qu’on va réinventer l’amour, non
mais écarter tout ce qui ne sert pas à sa lecture en rapprochement répété
comme par exemple : le monde de tout ce qui s’échange, la poursuite de la matérialité pour elle-
même, la parole superflue et vieillir…
annulons tout ce qui peut l’être qui nous éloigne du brasier de l’aube
CHAM
j’irai chercher le dernier enfant derrière les Lacs
l’avant-mort dans les bassins d’émeraudes
je lui dirai Muké, Muké,tu es le fils de ma grand-mère tu es mon père
que la respiration des morts ne réchauffe plus les tunnels de l’or les tunnels du zinc les terres rares
de Cham
NOUS NE SERONS PLUS NOIRS
Tu ne vois pas
prisonnier des teintes alternantes
il y a
la joie l’infini indéterminé le Retrait
la colorimétrie du futur
réinvention de la disparition
nous ne serons plus Noirs
nous serons des alphabets.
Du calme.