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Au-delà de la poésie : Chazal

« Pourquoi écrire ? Eh bien, parce qu’il faut que l’arbre donne ses fruits, que le soleil luise, que la colombe s’accouple à la colombe, que l’eau se donne à la mer, et que la terre donne ses richesses aux racines de l’arbre» Malcolm de Chazal (Le Mauricien, 14 octobre 1961)

 

Malcolm de Chazal doit à proprement parler jubiler là où il est aujourd’hui plus de 30 ans après son décès en observant l’effervescence dont son œuvre est à la fois cause et objet. De façon inversement proportionnelle, ceux qui le raillaient en le traitant de fou et/ou d’illuminé doivent se morfondre en essayant de comprendre leur erreur. Malcolm n’a pas seulement été l’enfant terrible des lettres mauriciennes, le pourfendeur des nantis, l’habitué des autobus poussiéreux des campagnes, le marcheur impénitent décryptant les montagnes, le ‘phénomène’ au sens mauricien du terme et qui donc est certainement peu ou prou sur l’échelle de la folie : il avait, en plus, probablement raison ! Tout porte à croire que nous sommes à la veille d’une ère chazalienne nouvelle au cours de laquelle seront révélées et explicitées des thématiques diverses et profondes encore enfouies dans ses textes. Malcolm de Chazal n’ayant très probablement pas écrit et/ou peint pour hier mais pour demain, il est grand temps aujourd’hui de revisiter l’intégralité de son œuvre et de réexaminer ses réflexions d’économie politique, ses recueils d’aphorismes, ses pièces de théâtre, ses (nombreux) essais métaphysiques, ses contes, ses recueils de poèmes, ses chroniques de presse…

 

Encore faut-il se poser la (ou les) bonne(s) question(s) et, au départ même, éliminer les trop nombreuses mauvaises questions qui collent encore au personnage et qu’entretiennent certains analystes. Oui, Malcolm de Chazal a, lors de l’édition par Gallimard de Sens-Plastique (1948) et de La vie filtrée (1949), pensé avoir atteint de façon durable une tribune à partir de laquelle il allait pouvoir s’exprimer. Oui, Malcolm de Chazal n’a pas été adoubé par les surréalistes même si plusieurs d’entre eux d’André Breton à Francis Ponge et Sarane Alexandrian – pour ne citer que ceux-là – ont reconnu avoir trouvé dans son écriture un ferment nouveau susceptible de relancer le surréalisme en quête alors d’un second souffle. Oui, enfin, Malcolm de Chazal s’est senti trahi par celui-là même qui l’avait révélé au public et qui l’a ensuite relégué aux oubliettes : Jean Paulhan qu’il dira n’avoir été qu’un « littérateur, donc un BUTINEUR ». S’arrêter à ces considérations correspondrait, en fait, à faire fausse route et à conclure, comme certains, que Malcolm de Chazal s’est retrouvé dès lors écrivain frustré, isolé dans son ile perdue au fond de l’océan Indien… Se limiter à ce regard réducteur équivaudrait à négliger le fait qu’avant Sens-Plastique et La vie filtrée, Malcolm de Chazal avait déjà une douzaine d’œuvres à son palmarès dont sept volumes regroupant quelque 4 000 aphorismes et que dans la décennie suivante il allait publier 35 ouvrages (dont 29 essais métaphysiques entre 1950 et 1956) ainsi que 250 de ses 980 chroniques de presse… Les chiffres qui précédent ne concernent que la part éditée de son œuvre : les recherches récentes ont démontré qu’à la même période il avait rédigé près d’une centaine de contes (publiés depuis) et 4 romans (encore introuvables). Quel que soit le tirage de ces ouvrages, l’important est bien dans ce cap poétique que Malcolm de Chazal maintient même si, à compte d’auteur et chez un petit imprimeur de la banlieue de la capitale mauricienne, il ne pouvait s’offrir que 100 exemplaires de chaque titre. Ce qui est essentiel à ses yeux, c’est l’œuvre, c’est-à-dire la manifestation de l’artiste ; les supports ou moyens de communication peuvent changer ! Et comprendre cela aide à appréhender l’œuvre de Chazal avec un regard intégral rendant vraiment justice à toutes les dimensions de sa quête poétique. Lorsque ses ouvrages (quel qu’en soit le support) paraissent et deviennent publics, Chazal est déjà plus loin, occupé à aller au plus profond des révélations fondamentales qui ont illuminé sa vie intérieure à jamais : celle de la fleur « qui le regarde », révélation du Jardin Botanique de la ville de Curepipe qui jouxtait son domicile et qu’il traversait tous les jours, et celle de la pierre, révélation qui s’exprime à travers sa découverte des scènes édifiantes gravées dans les montagnes, véritables évangiles à ciel ouvert. En cela, ses amis mauriciens – Robert Edward-Hart, poète, et Hervé Masson, peintre –  l’ont puissamment aidé : le premier en lui faisant découvrir l’ouvrage Révélations du grand océan du notaire réunionnais décédé Jules Hermann publié en 1927 sur le continent immergé de la Lémurie qui s’étendrait en dessous des Mascareignes ; le second en revisitant dans l’atelier du peintre le monde des couleurs et leurs correspondances mystérieuses.

 

Malcolm de Chazal a très tôt conçu sa feuille de route poétique… non pas comme un écrivain monolithique dont l’écriture reste figée (la diversité de son œuvre suffirait à rétablir la vérité), mais parce que son projet est clair et précis dès son entrée en écriture une fois « jeté aux orties » – l’expression est de lui – son diplôme d’ingénieur en industrie sucrière obtenu à Bâton-Rouge en Louisiane après des études entreprises entre 1918 et 1924. « Renverse tout de cette vie-ci, ami, et tu connaîtras la vraie réalité ! Sois poète et tu vivras ! » écrit-il le 21 avril 1953 dans le quotidien local Advance. Et Malcolm de Chazal s’est mis, avec un ravissement total, à tout renverser pour créer de la féerie à travers une œuvre féconde, riche de messages, de visions, d’aperceptions, d’enseignements, de pistes à suivre, de fenêtres sur la Vérité, de provocations, de croche-pieds, de boutades, d’humeurs, d’humour, de poésie permanente, en un mot de VIE ! Ayant abandonné l’ingénierie et, partant, la brillante carrière qui l’attendait certainement dans les usines à sucre, c’est en petit fonctionnaire des télécommunications qu’il chemine professionnellement pendant 20 ans « faisant voir (son) incapacité » pour être le moins sollicité possible : un de ses collègues, également poète, évoquera le souvenir de ce Malcolm discourant longuement « du merveilleux du quotidien, des fleurs qui vivent en amitié avec les hommes, des montagnes-hiéroglyphes, du rituel des couleurs et de la lumière, des arcanes de l’alchimie » ou passant à toute allure« dans une sorte de transe, le visage préoccupé, le menton en défi » parce que « pris au sortilège d’une idée. » Dès 1936, dans une revue locale éphémère, il énonce son credo littéraire à travers des pensées dont les deux premières résument probablement à la fois son art d’écrire et la mission de l’écrivain : « Dante est grand parce qu’il a compris ce que trop d’écrivains ignorent : que les mots sont des créatures vivantes. Il peut les mélanger, les décomposer et les remettre à leur place pour en tirer des harmonies de sons et d’images, mais il n’oublie jamais que chaque parole est un être. Quand j’écris astres, avec ces six lettres, je ne trace pas des signes morts. Ils contiennent une substance réelle et organique. La parole est une magie de vie. » / « Avec sa pensée et sa fantaisie toujours hautes, le poète est presque toujours le prophète de l’ère nouvelle. » Malcolm de Chazal restera, jusqu’au bout et dans toutes les circonstances de sa vie, ce magicien de vie et ce prophète d’ère nouvelle, et ce même quand il sera candidat à la députation pour un parti progressiste : racontant avec lyrisme cette expérience, il se félicitera d’avoir mis « de la poésie dans la politique ».

 

De la poésie en tant que telle, Malcolm de Chazal en fera peu… Mais étant à tous points de vue un écrivain paradoxal – un « artiste intégral » aimait-il dire pour se désigner – toute son œuvre tant écrite que picturale sera une poétique. Dès 1949, dans deux des essais contenus dans La vie filtrée, il en définit les balises qui sont autant de précieuses pistes de lecture : « Ma poésie est derrière les mots. Le lecteur doit pénétrer dans ce monde fermé des lettres où ma poésie doit lui rester cachée tel un bonbon fourré qu’on ne goute pas en le suçant mais en le mordant. (…) Un des buts majeurs de la poésie est, selon moi, de créer des pentes dans les mots, d’entailler des glissières dans la langue pour faire passer et ruisseler au dehors la sensation. (…) Ma poésie n’est pas une poésie de la forme mais une poésie du fond. (…) Chercher le corset de la rime, le panier à salade des « pieds » du ver et le carcan du nombre de vers – comme l’amour à l’horloge – tout cela je l’écarte d’instinct. » (dans La poésie pure) ; « La poésie dans son essence est un art de fonderie. Le maitre fondeur est le subconscient ; le cerveau conscient est le caisson ; et les mots, la terre friable et malléable où s’imprime la forme spirituelle des idées. » (dans La littérature) En conjuguant les différentes définitions chazaliennes du poète et de la poésie, il devient évident que le poète est prophète détenant les clefs du savoir et de la science… Malcolm de Chazal le confirmera en octobre 1953 dans une chronique publiée dans le quotidien local Le mauricien : « Le poète n’est plus un combattant de l’Idéal, pleurnichard des temps morts. Le poète sera prophète ou il ne sera pas. (…) Le poète ne peut plus dire : « Je joue avec des mots ». Mais il doit dire : « Je suis le verbe, je suis le porte-flambeau du Verbe. L’étendard est entre mes mains. Je suis la lumière. Qui est contre moi est dans le noir. Car je suis synthèse. » Vous n’êtes qu’analystes, ô vadrouilleurs de mots, poètes, haleurs de phrases, castagnettes des allitérations, rimeurs, rythmeurs, aphasiques, ânonneurs syncopatiques, balbutieurs et zézéyeurs. » Et, au lendemain de la mort de son ami poète Robert-Edward Hart, il écrit : « Quand on m’a annoncé la mort de Hart, ma première pensée a été : que voit-il ? Car le poète voit. »

 

Peu de sa poétique ainsi que de sa poésie a circulé en France et en Europe… Ses nombreuses réflexions métaphysiques, son théâtre (dont il a brûlé plusieurs pièces) – sauf rare exception – n’ont guère dépassé les frontières mauriciennes. En matière de poésie, son premier recueil stricto sensu, Sens magique, d’abord édité à Madagascar et à Maurice en 1957, ne sera publié à Paris qu’en 1983 soit deux ans après son décès… Apparadoxes, paru en 1958 à Maurice, ne sera édité en France qu’en 2005. Il n’y eut donc de paru en France que Poèmes, publié par Jean-Jacques Pauvert en 1968, et La Bouche ne s’endort jamais aux éditions Saint Germain des Près en 1976. Le dernier recueil édité, Humour Rose, préparé dans ce but en 1967, ne le sera qu’en 2011 par la Fondation Malcolm de Chazal dans la revue de poésie Point Barre, avant sa parution sur le site Recours au poème. La réputation de poète dont jouit Malcolm de Chazal remonte donc à Sens-Plastique qui date de 1948 et qui n’est pas à proprement parler un recueil de poèmes. Ceci n’a pas empêché que des traducteurs s’emparent de ces aphorismes en partie ou en totalité pour les publier en différentes langues : en danois (Plastiske aspekter par un groupe de surréalistes danois en 1972), en espagnol mexicain (Historia del Dodo en 1994), en allemand (Plastiche Sinne en 1996), en américain en trois étapes : 1971, 19749 et 2008) et enfin en slovène (Pesmi en 2006 et Čarni Čut en 2010).

 

En réalité, Sens-Plastique de l’aveu de l’auteur a plusieurs niveaux de sens : celui du renversement du mode de penser comme l’a constaté Jean Paulhan citant l’aphorisme « Les vallées sont le soutien-gorge du vent ; celui d’un éloge de la volupté couplé à une métaphysique au-delà des mots comme l’entend André Breton dans La lampe dans l’horloge ; celui d’un langage neuf où le verbe devient esprit selon Eric Von Richtofen ; celui, enfin, de livre des couleurs… Relisant Sens-Plastique 13 ans plus tard, Malcolm de Chazal écrit : « Les images sens-plasticiennes remettent l’homme dans la vie. Et la vision dès lors n’est pas en sens unique, de l’homme à la fleur, mais conjointement de la fleur à l’homme redonnant ce ‘regard en retour’ dont la sortie hors du jardin nous avait privé. Et le poète qui regarde la fleur d’azalée voit la fleur d’azalée le regarder en retour. Dès lors toute la vie s’anime en conte de fées, et la fée est la lumière qui transcrit le regard de l’homme à la rose et de la rose à l’homme. Et c’est, en dernier, le sens du merveilleux retrouvé, qui est le retour à la vie et qui met dans le paradis des enfants. (…) De sorte que Sens-Plastique, tout en étant un livre de sensations, est en même temps un album d’images où, au-delà de la littérature, Sens-Plastique est une peinture et un verbe poétique tout à la fois. (…) Le salut donc est d’ordre poétique. La POÉSIE ainsi est tout, clé de libération, clé de la vie. Il n’est donc de science en dehors d’elle.» (Le message de Sens-Plastique)

 

A partir de 1958, Malcolm de Chazal publie beaucoup moins : 6 ouvrages seulement paraitront entre cette date et le dernier ouvrage paru de son vivant. La raison de ce silence éditorial est simple : happé par la peinture à partir de 1958, il a découvert que les couleurs sont aussi un alphabet permettant d’exprimer une métaphysique et que des tableaux peuvent aussi bien être des poèmes. « Le poète peut tout, même l’impossible. (…) En trois semaines je me suis érigé peintre. (…) Le poète peut tout. Car lui seul est vivant » écrira-t-il avec lyrisme dans le quotidien le mauricien du 1er juillet 1958… Sa découverte de la peinture est plus précisément celle de la peinture enfantine car c’est en voyant peindre la petite Martine âgée de 8 ans qu’il voudra, en poète, raconter le monde avec ses couleurs. L’hostilité de l’establishment des peintres locaux et le mépris du public acheteur à son égard ne le décourageront nullement. Dans le même quotidien, il publie le 25 septembre 1959 une chronique intitulée Comment peindre au-delà de soi-même dans laquelle il détaille son approche : « L’enfant qui peint un cocotier s’intègre au cocotier. Je m’intègre au cocotier. Je le vois avec des yeux d’enfant. C’est tout Sens-Plastique rapporté picturalement… Mes dessins sont des méta-dessins. Je peins à bout portant. Je laisse agir le soleil de l’inconscient, qui est la source de toutes les couleurs. J’appelle cela peindre au-delà de soi-même. Ne pas peindre, mais être peint. Je suis poète, homme solaire…» Un autre poète confirme cette démarche poétique, à savoir Edouard Maunick dans une lettre publiée dans le quotidien Advance le 21 septembre 1959 : «  j’ai vu vos tableaux. Pour dire vrai, ce sont les couleurs que j’ai vues avant. Pas le bleu, pas le vert, ni le rouge, mais la couleur. Comme si vous aviez trouvé le secret d’en inventer une qui soit tout à la fois plurielle et unique. Une qui restera votre couleur, issue d’une synthèse dont seul le poète détient la magie. »  La poésie chazalienne devient ainsi picturale et se vêt de couleurs et de formes en aplats. Bientôt, le poète-peintre s’engage dans une féerie, facteur d’humanisation, en introduisant les paramètres du rêve éveillé et de l’innocence. « Le monde de fées c’est tout l’art de l’innocence. Cet art de l’innocence, c’est l’humanisation, qui couvre tout, qui est tout, parce que l’humanisation c’est le principe magique en soi. Nous sommes ici au cœur de la connaissance. » La féerie version Chazal est, par conséquent, de nature abstraite et implique un regard suffisamment distancié pour pénétrer par-delà la chose vue, pour entrer dans cette quatrième dimension où se situe l’essentiel, pour saisir l’humanisation profonde tant minérale qu’organique, des êtres comme des choses. Progressivement, « l’île Maurice deviendra l’ILE-FEE » selon l’affirmation de Malcolm de Chazal en avril 1972 avant que, le 2 décembre 1972, une lettre publiée dans les colonnes du Mauricien fait de la thématique de la féerie et de ses déclinaisons l’essence même de la poétique chazalienne. En effet, Chazal y rappelle les caractéristiques du relief mauricien : « Vues de la mer, nos montagnes sont comme taillées en dents de scie. Elles paraissent artificielles. (…) Approchez-vous et tout change. (…) Ces montagnes sont ‘habitées’. Les anciens auraient parlé des ‘dieux’. Il ne s’agit que des ‘fées’. » La lecture poétique de l’ile, que sa peinture illustre superbement et prend de nouvelles dimensions quand on la conjugue avec ses écrits, apparait in fine comme viatique, source de rédemption, passeport pour l’universel, porte menant au Grand-Tout, clef du cosmique…

 

Cosmique… Serait-ce là le sésame qui ferait appréhender l’univers chazalien dans toutes ses dimensions ? En 1953, au lendemain donc de la période féconde des aphorismes et à l’orée de celle non moins féconde des théâtres, essais métaphysiques, contes, romans et chroniques, Malcolm de Chazal publie une chronique qui passe inaperçue comme tant d’autres et qu’il intitule La poésie cosmique et dans laquelle il affirme : « Par Sens-Plastique, j’obtiens la liaison du réel extérieur et du réel intérieur : la synthèse est ici d’ordre conscient-subconscient. Mais tout repose encore dans le terrestre. Par la pierre, je tente l’escalade vers le cosmique. Je me tire, par la montagne, vers l’allégorie naturelle. Et enfin, la nuit me mène directement dans le sidéral absolu. À ce stade, la poésie cosmique est née. (…) De la vie, la science n’a pu capter que le visible aspect. La réalité profonde appartient au poète. Ai-je tort donc de dire que le monde est poésie ? » (Le Mauricien, 17 janvier 1953) Et le tout reflètera une influence certaine de la pensée swedenborgienne dont Malcolm de Chazal a été imprégné pendant toute son enfance et dans sa jeunesse : l’implantation de l’Eglise de la Nouvelle Jérusalem pratiquant le culte d’obédience swedenborgienne à Maurice a été le fait d’un de ses propres ancêtres et tous les membres de la famille possédaient la collection complète des ouvrages d’Emmanuel Swedenborg dont la traduction française n’aurait pu avoir lieu sans le soutien de la famille mauricienne de Chazal.

 

Malcolm de Chazal, l’artiste intégral, le poète-peintre, avait probablement raison et comme il l’affirmait, «que ce message vienne de l’île Maurice, ce point dans l’Océan, c’est cela qui est extraordinaire » (Le Mauricien, 18 mai 1970)… Il n’est guère étonnant que la révélation de l’existence du continent de la Lémurie au-dessous de son ile ait pu le bouleverser jusqu'à lui enlever le sommeil des jours durant… (« je ne pus plus voir, dès lors, mon île du même œil qu’avant. Un passé déjà m’avait soudé à l’Impossible » dira-t-il)… La recherche contemporaine vient en 2013 apporter un élément capital nouveau : des recherches océanographiques effectuées par des scientifiques norvégiens et japonais entre 2000 et 2007 ont établi de façon certaine que l’ile Maurice est au-dessus d’un continent englouti que ces chercheurs ont baptisé Mauritia… Ceci relance la réflexion sur Malcolm de Chazal et donne une force nouvelle à ses révélations, à ses fulgurances poétiques, à ses convictions métaphysiques… Et si l’on ajoute à cela que Malcolm de Chazal a vécu sa vie durant sur le flanc d’un cratère du nom de Trou-aux-cerfs dont la dernière éruption daterait de 250,000 ans… On peut se demander si Malcolm de Chazal ne ressentait ou ne recevait pas de cette proximité géographique volcanique des messages particuliers, sismiques ou telluriques qui expliqueraient ces états de transe et de fièvre qui ont toujours caractérisé ses moments d’écriture et de peinture… Le débat sur l’écriture chazalienne et sa poétique est donc loin d’être clos : peut-être en fait ne démarre-t-il vraiment qu’aujourd’hui…

 

Il est temps de clore cet article et revenons pour cela sur la citation de Malcolm de Chazal mise en exergue et datant de 1961. Elle se termine ainsi :

« Pourquoi écrire ? Mais afin de se donner. Et le don enrichit. Cette « richesse » grandit la personnalité. Et l’on monte. Où ? En soi-même. J’ai nommé la délivrance. Il n’y a pas d’autre forme de libération. »

 

Robert FURLONG

Président de la

Fondation Malcolm de Chazal

 

LA FONDATION MALCOLM DE CHAZAL

Organisme créé par la loi 51 de 2002, la Fondation Malcolm de Chazal (en anglais Malcolm de Chazal Trust Fund) a été créée en 2002, année du centenaire de la naissance de Malcolm de Chazal et placée sous l’égide du Ministère des Arts et de la Culture. Elle est aujourd’hui sous la présidence du chercheur Robert Furlong.

 

Les objectifs de la Fondation sont, notamment, de promouvoir l’œuvre de Malcolm de Chazal localement et internationalement, de développer un centre de documentation sur l’œuvre de cet artiste et de créer un espace muséal qui lui soit consacré. Elle mène, à cet effet, en direction de tous publics (adultes, jeunes et enfants) à travers Maurice, régions rurales comprises, des actions telles des expositions, des conférences, des exposés, des colloques internationaux, des ateliers ‘Peindre à la Chazal’ pour les plus petits… Habilitée à recevoir des donations et des legs, la Fondation a reçu d’une généreuse donatrice 40 tableaux originaux de Malcolm de Chazal.

 

La Fondation a son siège à La Maison du Poète située dans un des vieux quartiers de la capitale mauricienne, Port-Louis. La ruelle pavée où elle est située a été aménagée en espace mettant en valeur des pensées de Malcolm de Chazal qui sont apposées sur des panneaux tout au long de celle-ci, dénommée ‘Promenade Malcolm de Chazal’.

 

Adresse et contacts :

Fondation Malcolm de Chazal Rue du Vieux Conseil Port-Louis (Maurice) Tél. et fax : (230) 213 42 65

Courriel : chazfund@intnet.mu                                              Site internet : www.malcolmdechazal.mu

Facebook : Malcolm de Chazal.                                             Twitter :@mdechazaltf