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AURORES

 

Les consonnes éventrées
gisaient
bouche ornée d’héroïne
dans une plus que nuit imberbe
aube à jamais ensablée
dans les mains du crépuscule

Cours, fantôme, cours
dans la fosse des junkies insécables
à rebours du rire fractal
trois flocons de neige
enrayant l’arme du mercenaire

La chair se retourne 
sur son enfance
imbibée d’étoiles
prenant peur
face aux mots qui flanchent
face aux lignes d’inceste
aux fellations mentales

Toute orchidée radioactive
rédime l’échafaud par l’éclair.

 

*

Trois pensées se prennent par la main
sautent dans les plis d’un réel autre
bêchent les résidus de proto-grammaire
ululent dissidences en tutu gothique

Leur diadème contre-royal
invite les dieux d’en bas
à remonter dans un orgasme océanique

Quand les têtes des oligarques
tomberont dans la sciure
les agenouillés relèveront sexe et tête
épiphanie de la liberté.

 

*

 

Viendra le jour
où nous ferons boire
l’élixir de mort de la troïka
à ses acteurs et séides
la destruction
vaincue par elle-même
cherchant cimetière
dans les rugissements
des fauves
équarris
sur l’autel du capital

Trois syllabes
frappées grec
frappées espagnol
hurlées cosmos
jusqu’à soulever
la danse des tropiques
sur les méridiens du post-esclavage.

 

*

 

Tapissé de glyphes aztèques
mon pubis écartelé entre l’enfance et le vide
dérange la ligne des flots

Les yeux d’un chat noir
mordent le ciel
qui ne peut que tomber
tomber
dans l’anti-souvenir
et la horde des mémoires cyclopes.

 

*

 

Débâcle à nos portes
quand
la mort prend le visage de la vie
la lune sodomise le soleil
la fourrure du castor tient lieu de virgule dans des textes polygames

Dans cette tauromachie sans arène
pas besoin de mètres dactyliques
pour conter la débandade des fantômes
qui girouettent
écrêtés
dans des catacombes sans fenêtres
que la lumière ne franchit
qu’à se changer en spectres.