Lente agonie aveugle et lumière aspirée
J’arrache au jour l’ennui ; vacant à d’autres nuits.
Quand voile le soleil une aura adorée,
Plait-il au ciel d’être d’un noir constant ?
Les étoiles semblent jaillir épanouies :
Lente agonie aveugle et lumière aspirée.
Sous le joug de ces jours, chaque jour se méprend
Comme une forme vive et déraisonnée
De prison arrimée à un triste roui.
Si la nuit se dévoile être libre et rêvée,
Elle m’invite à toi par un mélodieux chant,
Celui de sa rage de vivre au sel qui luit
Aux confins inouïs vers d’autres voies lactées.
Tu emplies l’existence, évides l’existant
Comme un trou noir géant ; ma nuit parachevée.
Nos cœurs bâtisseurs peuplés d’incertitude
La ligne d’absolue, parallèle à la mienne,
Poursuit en harmonie sur d’autres latitudes
L’étendu infinie qui sépare nos mondes.
Dans la triste torpeur d’une règle euclidienne,
Nos cœurs bâtisseurs peuplés d’incertitude
Vont au rythme latent qui fond chaque seconde
En caresse du temps lassé de solitude.
L’espace dilaté d’invasions stoïciennes
Poursuit en harmonie sur d’autres longitudes
L’étendu infinie des larmes qui m’inondent.
L’océan érode jusqu’à ce que survienne
Un vide dans le creux de toute certitude ;
Et la mélancolie me plonge en eau profonde
Quand tremble encore au corps ta forte magnitude.
Des pollens aiguisés creusent un goût amer
Il gèle ce matin sous le soleil doré
D’un printemps oublié face à cette rivière.
Il coule un courant d’air aussi clair que fragile.
Dans le vent fébrile, mon souffle est rejeté ;
Des pollens aiguisés creusent un goût amer.
La saison de l’hiver tourne en monde hostile
Pendant que les pistils percent et me sidèrent.
Par tant de poussières qui m’ont fait dévaler,
Désormais l’avaler me perd et désespère.
La saison outrancière et tellement indocile
M’use et rend difficile de ne pas oublier
Combien si éloigné je reste l’éphémère
Toujours en prière qui voudrait prendre asile
Auprès de toi, l’exil dirigé vers la mer.
Au rêve heureux de mon destin ébloui
Sommé de sonner comme un sinistre sonnet
Je siffle comme un vent étriqué par l’ennui
De devoir attendre l’action de déraison !
L’ivre idée de voler, en damné, se mêler
Au rêve heureux de mon destin ébloui
Pénètre ma vie emportant tout par le fond.
Croyez pourtant qu’il n’y a rien que je ne fuis !
Si même à mes sonnets je mens et les soumets
Aux tortures des césures évanouies,
Sous l’indolente rêverie d’une évasion
Je glisse sur les promesses de l’aube oublié.
La terre brûlée du gel de mes mots alanguis
Se livre par des maux durs comme l’effraction
De tout ce que j’ai construit.
Je le détruis.