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Bretonnes et lavandières

 

Montez, descendez, de bon matin et toutes belles, du haut de la lande par les sentiers,
Paniers d’osier et brouettes battées.
Chantonnez, du lavoir à la fontaine, nobles fermières et lavandières,
Femmes de marins gouailleuses et fières.
Papotez et riez de bon cœur, au récit de vos fredaines.
Jasez, cancanez, le dos tourné et de plus belles, bonnes femmes au teint bruni.
Fredonnez l’été en plein midi, du pays breton à l’Estérel.
Répétez toutes en cadence ces ritournelles si familières,
Musique celte et chant provençal.
Savonnez l’air frais des matins, genoux pliés et boîtes à laver.
Bouillez, lessivez, gros draps et rudes futaines.
Battez, frottez, voiles blancs et tâches rebelles.
Bouchez, roulez, robes blanches et flanelles.
Brossez, tordez, chemises rayées et côtelé gris.
Égayez ces heures laborieuses d’histoires coquines, éclats de rires et draps de lin.
Éclaboussez la nature d’eau claire et de vie, vieux battoirs et planches à laver.
Trempez, linge de soie et dentelles, toiles câlines et pantalons de satin.
Lavez, rincez, lingeries fines amoureusement brodées,
Cotons perlés et jupons de mariées.
Égrenez le temps, d’épingles sur un fil, du « vieux port » sous l’azur à Portsall.
Habillez le souffle du vent, de linge propre sous l’ondée.
Étendez, épinglez, dessous féminins et caleçons,
Sous l’œil amusé des polissons.
Flottez, claquez, bannières folles et nappes fleuries au gré d’un alizé vanillé.
Souvenez-vous, lavandières et nobles fermières,
Légendes bretonnes et vieilles chapelles.
Contez-nous, femmes de marins au cœur fidèle,
Du pays sud en Armor, vos maris, vos garçons.
Chapelet d’écume et vieux gréements,
Baleinières et pêcheurs d’Islande.
Expliquez, jacassez, augustes grand-mères, par les chemins ;
Racontez, comme un grand livre, aux enfants, ce passé lointain souvenir d’un autre temps.