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Benjamin Demeslay, Bivouac, extraits

Atomes et secret

 

Son essence – tu ne sauras la saisir et peux-tu,
« T'en approcher ? » Question s'attise :
Tends l'oreille au secret, tressant les muscles de ton corps 
Contre les molécules qui te couvrent en manteau de souverain : 
Il s'irise contre toi, encore faible de ta nuit
Sous les appels solaires et les enveloppes de brume.

Saine s'approche – la tendre vivifiante, 
La réponse en l'aurore.

Elle s'approche ; dans la danse primitive. 
Technique. Évanescente des atomes
Te forgeant la couronne de subtiles étincelles
Sans couleur et véritables comme ton but
Désormais dans la bruine te louant, de le quêter ainsi : 
Choc de matière – et globe de vie

Dans l'affrontement de la question, et ses murmures dans les gouttes 
D'eau éclatant sur la peau blanche et rose.

Telle ; elle est la réponse du chantre au chœur et
Déploie la liturgie et l'averse – où gît le dernier mot Amen ! – mille fois encore 
Dans la terre meuble, et la fugue de tes atomes
Se résorbant dans le bruit blanc
De ton sacre au secret ô

Migrateur.

 

A Space Odyssey

 

Ne les regarde pas ! Il n'est pas à fixer, leur nombre.
Si tu dois les sonder depuis le puits : les étoiles
Écoute seulement comme tinte, le monolithe lui qui déjà se réverbère
Le monolithe. Et la vue de ta vue, se réfractant en tes milliers, l'infinité de tes instants ? 
Composition-décomposition de ta scène

Il provient ton regard, identique à l'étoile : il a des branches
D'une autre époque de râles de fissures d'explosions jusqu'à la suspension ; l'absence du son le noyau :

Le temps – se tournant sur lui-même en l'attente de ta prunelle.
Combien de rotations, lors que tu nais et meurs en psychédélismes ? 
Lors que tu nais et meurs, Dans la répétition d'autre que le rêve, sous les étoiles ouvertes :

Mauves les outils de ta crainte, que t'offre la lumière
Les particules élémentaires, seuils et départs de tes faisceaux 
D'exploration plus rapides au regard, que le tissage
Des Parques au défi ; de ta pupille et des photons.

 

Bivouac et entrailles

 

Les vêtements : lourds de la sueur froide.

Ils pèsent encore, quand les espèces vacillent comme la flamme et crépitent et craquent vertes comme le bois,

Mis à nu s'envolant en cendres et couloirs et spirales dans l'âtre

La plus vaste où l'homme est indistinct, de ces tisons de plumes et d'écailles.

De la peau lisse, ici – et par la grâce insensible à sa propre extinction. Qu'espères-tu du « savoir », et de l'existence ?

Il n'y aura, rien qu'au-travers le foyer de ces flammes et la certitude impossible :Sois bête sublime maintenant.

Et combien d'ères pour nous ? Il fallut se survivre, aux temps du gel et des éclipses, résorptions des lignées d'autres en toi et :

Des étoiles en visions ; par les regards de feu pareils au verre ; à la glace fine. C'est par quoi se lisent les entrailles.

De ceux qui doivent venir depuis le feu,

Depuis le bleu de la flamme où y ils pourront se porter à leur point d'avènement, de combustion ; presque entre les paumes des deux mains

Au milieu de la nuit et du matin le moment

Où la chair ploie comme le creuset de chorégraphies chaudes du fixe et du souple et des courants.

Bleu-jaune-noir hypnotique.

Les paupières sont lourdes et les pas les futurs .jusqu'au repos de la chair se peuvent comme le feu – oscillant.

 

Chien de bât

 

Et tous espèrent. A-t-il toujours des crocs ?.Et peut-il mordre encore ?
Réminiscences viendront : de la serre chaude au monde,

De sa première nature et du mot ; l'inaccessible – on l'a caché sous la lime :
Primordial.

Revêts-le, le domestique de ses bandes synthétiques :.il porte enfin la charge des sauts, 
Parmi les souches les ronces et les taillis.– Vitesse rend grave alors
Sa gueule liquide et blanche et pour seule expression : palpitements et rien d'autre que 
Simplicité ; l'apparente.

Les épaules lourdes et contractées – les sanglées de sa force
Ainsi la flèche en accomplissement de la joie
Sans le concept et les dilemmes : par-dessus et par-dessus, cette branche encore
Lors qu'il marche et court et persiste,
De cercles en cercles se meut, dans le sillage de sa propre chair, et heurte
Les sacs de bât ou les sceaux de mémoire,.contre le tronc d'un frêne, la jeunesse des noisetiers lorsque 
Le rayon perce déjà les surfaces de l'averse.

Artifice : tu es à l'origine de l'instinct ainsi

Que la mémoire des pistes, les traîneaux sur la neige qui coule dans leur 
Grande Chasse au temps de l'homme du sauvage ;

Intraduisible Wild en sa recherche des fardeaux contraintes
De la source que taille, encore tes mains et :2 x 5 phalanges de gants, poussiéreuses ces œuvres des longues

heures, générations.
Elles frôlent encore les houx.

 

Présentation de l’auteur

Benjamin Demeslay

Benjamin Demeslay est né en 1987 entre la plaine de Cîteaux, le village sur l'éperon rocheux de Flavigny-sur-Ozerain et la « montagne bourguignonne ». Père de famille, il est essayiste et journaliste, ainsi que diplômé en sciences des religions.

Ses textes cristallisent des influences apparemment éparses : la littérature spirituelle chrétienne, les sciences naturelles et des mythes contemporains à l'exemple de l'exploration spatiale ; dans une perspective kaléidoscopique inspirée d'Ernst Jünger.

 Bivouac, son premier manuscrit, est né d'une confrontation avec l'expérience de Jack London, telle que concentrée dans Martin Eden. Cartographie d'une année 2017 vécue sur le mode de l'exploration, la pratique du trek y rejoint les exercices avec l'enfant, la découverte de la grotte Chauvet, les stations dans les cafés et les friches.

benjamindemeslay@aol.com

 

 

 

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