Martin Payette, Soif de divertissement et autres poèmes

Suspendus au plafond parmi les célébrités nous sommes, collés les uns aux autres par une soif de divertissement. Laisser cette soif emplir la gorge, couler l’organe interne qui te veut lucide.

Assécher sans arrêt l’intérieur, l’organe lucide dans une soif constante de divertissement, désert sans liquide, liquide désert.

Morbide mais familière, la soif de divertissement piège le regard dans ses miroirs. L’esclave intime quête l’approbation des pupilles, des célébrités et le moi flambant nu délaisse son projet d’être libre et vrai.

 

LA VOIX ET LES DETTES 

Une voix rauque de créancier émerge, profitant de ma terreur du pire pour reprendre du service. Je ne sais par quelle stupéfiante connexion peur et honte se coordonnent pour fracasser ma conscience, alimentant un dialogue souterrain qui me dépasse complètement. Et c’est ainsi que la voix s’exprime : « Regarde tout ce que tu as manqué, raté, perdu, déformé et ce, depuis la genèse de tes actes. »

Voyez ! Elle sait quoi dire pour jouer à la ventouse dans mon dos et siphonner le tube de lumière qui longe mes vertèbres : « C’est entendu, dit-elle, tu dois payer, et le montant de ta dette est énorme. À mesure que tu paies, tu te crées de nouvelles dettes par de nouvelles maladresses et je ne vois pas comment tu pourrais t’en sortir. » Et la voix éclate d’un rire énorme, car elle sait que, dans ce cumul de dettes, je m’enterre définitivement. La voix écrase, révèle d’autres paiements pour briser ce qu’il reste de volonté en moi.

 Rien ne sert de discuter avec elle, ses termes sont bien trop précis et sa logique financière, sans faille. Réparation des trous personnels et historiques, des cibles manquées, des aveuglements petits et grands qui germent en nous, à notre insu, alors que nous nous relevons à peine de notre cécité passée. La voix est toujours en avance d’un temps sur la somme de nos meilleures actions, le reste traîne loin derrière. Mais une faille se dessine sous la tonalité rauque…

Demande à la voix : « Qui es-tu ? »  Demande au créancier son origine, son identité, demande qui t’interrompt sans arrêt à chaque fois que tu ouvres la bouche. Tu verras qu’il s’agit de toi, créancier, toi-même à qui tu as emprunté et qui a gonflé pour son propre compte les intérêts. Le créancier, c’est toi. La dette, c’est toi. La souffrance à livrer, le taux d’intérêt, c’est toi qui les a fixés. Tu es toutes ces personnes en même temps, le prêteur et le prêté, le créancier et le mauvais payeur, l’huissier véreux et la malheureuse victime. À toi de demander à la voix quelle est la suite, quoi faire de la dette dans une telle situation. Tu auras une réponse nouvelle, d’une fraîcheur inattendue, lorsque tu verras une seule personne, une seule réalité derrière ce dialogue.

UN JEU D’ENFANT

Enfant, j’ai inventé un jeu : était-ce seulement le mien ou le vôtre aussi ?

Ce rituel m’habitait comme une obsession et je le répétais plusieurs fois par jour, voire par heure. Je fermais les yeux et, après un certain décompte, je les rouvrais avec l’idée que tout était effacé. Je reprenais alors mon existence à zéro avec un esprit de pureté et de nouveauté, j’étais pour ainsi dire nettoyé de mon passé. Une vie nouvelle commençait.

Mais ce petit rituel ne fonctionnait jamais longtemps ; quelques minutes après, je me rendais compte que je n’étais pas celui que je voulais être, quelque chose faisait cruellement défaut. Non pas que j’étais entravé dans mes actions, mais l’ancien moi était toujours là, pauvre, incomplet, misérable. Les yeux fermés, je recréais une image de ce que je voulais être, mais sitôt les yeux rouverts, cette nouvelle vie se fissurait, je retombais dans l’existence précédant le « grand saut ». Je ne pouvais que recommencer encore et encore, en fermant et rouvrant les yeux avec toujours plus de violence, jusqu’à comprendre que je ne serais jamais l’image nouvelle de moi-même, qu’aucune coupure n’était possible avec l’ancienne vie.

Depuis longtemps, je ne m’attends plus à l’émergence d’un nouvel être par ce rituel enfantin. Maintenant, les choses vont et viennent, de petites prises de conscience se font sans battements de paupière. Je considère la personnalité de départ comme une sorte de base de travail incontournable, et ce, dans une continuité perpétuelle. Jusqu’à ce que je sois en mesure, sur mon lit de mort, de fermer les yeux définitivement sur l’ancienne vie et de les rouvrir sur une nouvelle, enfin lessivé de ma manie de toujours retomber en moi-même.

 

RÉCONCILIATION

Je désire réconcilier sexe sauvage et cœur tendre des ébats. Je dis cela gentiment, mais vous saurez le traduire en des termes plus bruts, plus rudes, car vous connaissez bien la nature de ce trouble. Il y a quelque chose d’agressant dans le fait d’être possédé par la pulsion sexuelle. Il y a quelque chose de lancinant dans le fait de ne pas la satisfaire.

PSYCHO-POP INTERNE

Très psycho-pop à l’interne, je m’observe, inspire, expire, proclame présence à moi-même, mais quelle nébuleuse intime aura le dernier mot ?

Étrange lorsque les exhalations d’un temps perdu infiltrent des lieux publics et qu’il devient possible de renifler ses vidanges astrales à travers un design branché. Étrange dis-je, car, à ce moment précis, je me rappelle des amours passées. La nostalgie s’accouple-t-elle seulement avec le sursis, la tentation de durer ?

Tout un charabia s’organise pour justifier ces résurgences : l’Unique n’est pas de cette vie, ou bien je ne l’ai pas encore connue dans ce monde ni retrouvée, ou bien je ne la vois pas ou ne l’ai jamais vue, ou bien elle est déjà là, tout près, tout loin, avec moi dans d’autres mondes incréés ou ailleurs, disséminée dans chaque parcelle de femme.

Ce n’est rien, seulement le délire d’un organisme vieillissant qui veut justifier sa quête devant les miroirs.

Ce purgatoire m’est familier. Maintenant qu’il est révélé, le désir m’éclabousse de sa véritable nature, insatiable, insaisissable et d’une souveraineté infinie. Il gambade d’un objet à l’autre, et je le soupçonne d’être un despote hostile bien installé à l’interne, avec cette autonomie menaçante qui le caractérise. Telle une série de poupées russes, cette multitude désirante cache son jeu et se dissimule en elle-même sans jamais dévoiler ses fondements.

LA DETTE CORIACE

Très coriace en moi cette idée : comment payer à tout jamais la dette intime, contractée depuis des siècles ?  Ô Seigneur des esclaves débiteurs, avec quel sang, quelle sueur ?  Nerfs et veines fractionnées, prélèvements à même la carcasse. Sinon brûle tes avoirs, marche dans la rue enrobée de culottes.

Offre aux passants une orgie de culpabilité.

PRENDRE SOIN

Une vie parsemée de faux pas, de déséquilibres et de sursauts névrotiques, une imagination qui ne s’est jamais souciée des règles d’atterrissage. Après une période de déni, de pain quotidien et de bonnes intentions, un nouvel horizon émerge à la mi-temps de la vie adulte.

Mon être troué, cet ennui qui m’a complètement surplombé, je ne les évite plus. Je les prends comme ils sont et les enrobe d’une dimension esthétique lorsque je les sens sur le point de m’achever, comme dans les beaux jours de la dépression. Je peux seulement donner à cet abattement mélancolique le droit d’exister, sans pour autant me laisser posséder par son climat.

Aux autres qui mènent leur existence comme un récit solide et bien structuré, je ne souhaite que du bien, mais, au final, rien ne dit que ce style vaut mieux qu’un ennui chronique qui ne saurait se déraciner.

Le mélancolique, lorsqu’il parvient à ne pas se laisser absorber par sa masse obscure, est comme le bon chien qui allège la solitude de son maître, le cosmos. La bête ne comprend rien à la situation du créateur calé dans son fauteuil, mais elle est sensible à l’infinie tristesse d’en haut, aux trous noirs de son unicité perdue, et sa présence console. Elle le sait, elle est là sa raison d’être, et le mélancolique comme le chien ne peuvent s’empêcher d’être fidèles à cette mission.

ADOLESCENCE LITTÉRAIRE

J’ai vécu de sacrés moments de déprime littéraire. Lorsque le fiel s’agglutine, le gouffre d’ennui et le cœur mal pompé récitent : défais le jour, tu perdras également tes cartes dans la création. Ce sentiment d’être très étroit, compressé dans la poitrine, le gilet inconfortable d’auteur avorté qui m’enserre et me refroidit bien comme il faut.

L’adolescent exalté au long manteau noir qui voulait toucher beaucoup de gens, marquer les esprits. L’aventure, le spectacle, le sens du combat qui s’est étiolé au fil des rendez-vous manqués pour laisser place à une existence confortable. La déception de n’avoir pas vécu d’appel, de passion, d’exil ou de création subventionnée. Du calme compressé, un confort à quatre murs qui se referme tout doucement sur les années.

Tout est devenu une question d’endurance et de discernement par la suite. Un rayon de conscience, si faible soit-il, peut mettre à jour et enrayer l’engrenage des névroses. Contre toute attente, l’esclave intime s’insère dans le système économique, mais ne cesse jamais de contrecarrer les plans de Pharaon. La guérison psychique, l’éveil de la conscience, l’utopie réalisée à petite échelle, l’art sacré : tous ces papyrus ont été précieusement conservés pour la sortie hors d’Égypte.

Mais des vautours invisibles rôdent près des portes de sortie, ceux-là même qui ont fait tant de mal à l’adolescent idéaliste. La banalité, l’abandon, l’indifférence sont des adversaires qui sévissent avec efficacité et discrétion. Même avec l’appareil à coudre les plaies béates, il est difficile de repousser ces mercenaires de l’absence.

 

NARCISSISME ASTRAL

Sur le plan astral, je me prends parfois pour un autre.

J’y diffuse une publicité grossière et racoleuse. Je suis souvent critiqué, à juste titre, pour le succès commercial ainsi obtenu.

C’est que j’ai beaucoup de moyens financiers dans l’antimatière, et je me suis bâti une clientèle parmi la population pauvre et peu éduquée des spectres. Gloire caduque, nombre effarant de cadavres adulescents visionneurs de mes publications : tout est vanité et poursuite du vent, dit l’Ecclésiaste, même dans des dimensions plus vastes et plus épurées que la nôtre.

DERNIÈRE LETTRE AUX AMIS

Il y a toujours des amis, mais rien n’est facile : ou bien ils répètent comme moi les mêmes erreurs de l’incarnation précédente, ou bien ils sont d’outre-tombe et veulent me transmettre de sages conseils qui n’arrivent pas à perforer l’épaisseur des sociétés.

Je suinte de partout, mais reste malgré tout l’ami fidèle. Je suis disponible pour décrire la trame de ta renaissance, cher ami, si cet éclairage t’est nécessaire. Nous restons fluides en partages malgré nos limitations : toujours nous persistons, le museau collé contre la vitrine d’une muse apparente, incapables de cerner l’ensemble du tableau par-delà les cadres.

Nous nous reverrons souvent, mais le temps presse. L’amorce des extinctions révèle que cette vie ne pourra être déversée pour se répéter indéfiniment dans une autre. Le paradis, l’enfer, le purgatoire, tous réclament le dénouement des amitiés. Alors, il faudra se rassembler et s’attaquer, un par un, aux nœuds de tous et chacun. Certains pourront franchir la porte étroite, les autres seront pasteurisés par l’archange.

Commençons le travail maintenant, pour avoir au moins une chance.

 

Présentation de l’auteur

Martin Payette

Martin Payette est enseignant en francisation à Montréal. Il a publié un recueil de poèmes, Don Juan et le mode Turbo, aux éditions À l’index. Il est compositeur de musique électronique et collabore régulièrement avec un centre de yoga et de méditation pour créer des ambiances immersives.

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Martin Payette, Blocs de torpeur malaxée

 

LE MALAXEUR

Le malaxeur est un accessoire utilisé par la vie pour nous décomposer dans de nouveaux tourbillons riches en tunnels et aquariums pleurnichards. Les sentimentaux qui lorgnent un bonheur naïf doivent passer par ce stade de décompression, ils en sortiront pasteurisés comme des fruits tropicaux vidés de leur jus succulent. Le broyeur s’occupe des plus volontaires, pulvérisant tout destin planifié. Un mal nécessaire pour saisir le message : ta destination finale n’est pas de ce monde.

Confronter le projet, son pur solide à la souplesse des déceptions possibles.

 

AU PETIT MATIN

Je ne demande aucun baiser, je quémande à sa bouche de m’engloutir complètement. Ses lèvres tortueuses font plaisir à voir, comment elle se débrouille pour survivre m’excite et j’espère tirer de sa maladresse un maximum d’irréel. La technique habituelle, en somme.

 

TOUR DE MAGIE IMPROBABLE

Nous adhérons à ce monde, entrons dans sa fureur, broyés par une torpeur sans merci pour en ressortir intacts et propager une sorte de petit manuel traitant de résurrection pour débutants mal dégrossis dans ce domaine.

Nous voulons vous initier à travers ces liturgies, nous récupérons tranquillement l’enfant après nous ciblons l’utérus réparons les contrecoups d’un paradis perdu à la naissance.

Nous sommes seulement perplexes côté artistes convertis en ouvriers du sable et des pyramides.

Nous ne savons comment convertir l’horizon bloqué.

 

DÉSIR MAL DÉGROSSI

Désir cherche porte de sortie pour apaiser sa soif. Désir cherche à s’éteindre afin de calmer créature désirante au bord de la crise. Désir d’en finir avec les désirs, désir brut tout court. Désir opposé à un autre, désir puissant mais futile, lutte et rechute dans l’absence de vainqueur. Désir de feu affronte désir de paix, désir trouble parie sa chemise contre désir tranquille, rien ne va plus faites vos jeux.

Désir se masturbe, se frotte contre la porte, beugle ses pulsions bovines mais conscience passive déteste cet animal auquel elle est rattachée par l’énigmatique connexion de la couille à l’esprit.

 

MATÉRIALISTES ET VOLATILES

À la base de toute cette consommation, à la naissance majestueuse de cet esclavage, il y a forcément une forte attraction envers les biens concrets, objets, argent, la conviction que s’entourer de toutes ces choses rajoute de la masse, de l’ampleur à son individualité. Un désir certain de s’installer, creuser son nid dans la matérialité.

Mais que dire des volatiles, les planeurs, ceux qui ont toujours perçu la possession comme un alourdissement ?

 

LE POURQUOI DE L’ATTRACTIF

Si tu veux connaître le pourquoi de l’attirance, observe son envers, la répulsion. Parmi toutes les questions que tu te poses, la plus brûlante n’est-elle pas celle de l’aimant, qui te magnétise et te garde en son pouvoir? Une forme ne fait que passer et pourtant elle t’aspire jusqu’à la moelle. Ta conscience s’incline sans une once de résistance devant le désir de posséder une créature, puis une autre, et encore une autre. Tu peux faire quelque chose pour ça ?

Tu as trouvé un livre, une méthode pour dompter la bête sans l’emmurer dans une éternité de castration ?

 

TENTATION

Le thème de la tentation, jamais anodin, souvent rencontré durant cette existence. Cette personne, substance ou pouvoir qui semble contenir un paradis perdu et qui se dessèche comme une tapisserie gluante lorsqu’on parvient à l’atteindre, pour aussitôt redevenir séduction lorsqu’on fait un pas vers l’arrière.

Incapable d’éviter le mirage, de le contenir. Tenir debout, vouloir passer à autre chose tout en l’ayant constamment sur le bout de la langue.

Tu es le créateur de cette illusion montée de toutes pièces, abusé par nul autre que toi-même dans ce fantasme où la pulsion est un boa qui t’avale.

 

ÂGE D’OR ASIATIQUE

Malgré son hyper-productivisme et sa modernité, je n’arrive toujours pas à dissocier l’Asie d’une civilisation spirituelle et heureuse, une sorte d’Âge d’or antérieur dont il reste encore des traces. À chaque voyage, je me retrouve comme baignant dans une sorte de plasma paisible, une contemplation lucide des gens et de l’existence m’est possible dans ces villes polluées et surpeuplées.

Il y a là une sensation de « retour heureux », je reviens à une paix, un repos. Derrière tout cela, le bonheur tranquille que procure le féminin asiatique. Je m’ennuie d’elle, nostalgique que je suis de cette femme antérieure, intérieure. Mais l’Asie d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier, de même que ces sociétés qui ont muté au contact de l’Occident. Je vois une couleuvre circuler dans ses yeux, une avidité souterraine qui vient gâcher ce beau décor originel. Je prends une chose pour une autre, et je superpose une réalité évanouie sur un monde qui a depuis longtemps enterré le grand féminin réceptif dans sa supposée sagesse industrieuse.

Présentation de l’auteur

Martin Payette

Martin Payette est enseignant en francisation à Montréal. Il a publié un recueil de poèmes, Don Juan et le mode Turbo, aux éditions À l’index. Il est compositeur de musique électronique et collabore régulièrement avec un centre de yoga et de méditation pour créer des ambiances immersives.

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L'Eclipse sanctifiée et autres poèmes

 

L’ÉCLIPSE SANCTIFIÉE

 

Ce jour où le soleil 

accablé de bêtise humaine qui par succion

vidait la graisse bienveillante de ses rayons,

ce jour où il a légué l’éclipse 

en guise d’époque à éprouver

j’ai senti : 

...

Publié dans l'anthologie Chant de plein ciel - Voix du Québec

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Présentation de l’auteur

Martin Payette

Martin Payette est enseignant en francisation à Montréal. Il a publié un recueil de poèmes, Don Juan et le mode Turbo, aux éditions À l’index. Il est compositeur de musique électronique et collabore régulièrement avec un centre de yoga et de méditation pour créer des ambiances immersives.

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