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Rossano Onano

Choix et présentation de Giancarlo Baroni ; traduction de Marilyne Bertoncini

 

Dans le numéro 57 du magazine «Vernice», l'écrivain Sandro Gros-Pietro consacre à Rossano Onano un souvenir affectueux qui commence ainsi :
«Rossano Onano laisse un vide infranchissable dans la poésie et la littérature italiennes».

Dans le numéro 57 du magazine «Vernice», l'écrivain Sandro Gros-Pietro consacre à Rossano Onano un souvenir affectueux qui commence ainsi : «Rossano Onano laisse un vide infranchissable dans la poésie et la littérature italiennes». Ce ne sont pas des paroles de circonstance, le vide est là et il est grand chez ceux qui l'ont connu et apprécié comme personne et comme poète ; une personne ouverte sur son prochain et à la fois réservée, capable d'écouter, un poète d'une qualité remarquable qui n'aime pas jouer et n'aspire pas à occuper le devant de la scène.

Son regard sur le monde est toujours inédit, oblique, latéral, participant mais sans être capturé et enchevêtré. Original, ironique, mais jamais, jamais indifférent, Onano préfère rester à distance quand il parle de douleur et de désespoir, comme cela est peut-être inévitable pour un écrivain qui travaille comme psychiatre.

L'un de ses recueils importants est intitulé Notes sur la proxémique (2002) ; « La « proxémie», écrit-il, «entendue comme la science des distances que l'homme place diversement entre lui et les autres, est avant tout une science de l'amour : seuls ceux qui sont loin, en fait, peuvent être désirés». Trouver la bonne distance entre soi, les autres et les choses dans la vie et dans l'écriture entre soi, les personnages, les histoires et les lieux est une question centrale. « Nous sommes face à un auteur caustique et affectueux », déclare Maria Grazia Lenisa. Parfois, les tons et les atmosphères ondulent et s'assombrissent, les histoires liées deviennent plus menaçantes, agressives, menaçantes. Mais la tragédie n'est qu'évoquée. L'élégance de l'écriture nous distrait du drame, l'ironie bienveillante, le rythme sinueux, ému mais jamais agité, qui entraîne parfois le lecteur dans une sorte de danse qui touche l'abîme sans y tomber. Maria Grazia Lenisa écrit dans la Préface du recueil Inventaire du motocycliste partant pour le Paris-Dakar (1990) : « Rossano Onano (...) articule sa poésie sur deux registres formels : le court qui capte l'éclat lyrique ironisé, celui qui se trouve plus dans une sorte de récitatif et narration ». Très habile dans la forme courte où il s'appuie sur un rythme musical persuasif et apaisant et une écriture transparente et mémorable, mais également habile à dilater les vers en leur donnant maintenant un aspect de narration fabuleuse maintenant d'essai en poésie. Nous avons choisi ici quelques-uns de ses courts textes poétiques, à la précision presque cristalline, dont il est le maître. Presque clair comme du cristal ! Car, nous rappelle l'auteur, expliquant le titre de son recueil anthologique Scaramazzo (2012), dont la traduction française serait « tarabiscoté » - comme les perles baroques (note de la traductrice) : «Scaramazzo, car il a des imperfections extraordinaires, bien plus intéressantes qu'une perle canoniquement parfaite. L'histoire est un collier de perles scaramazze ».

 

 

 

Poésies de Rossano Onano, choisies par Giancarlo Baroni, et traduites par Marilyne Bertoncini

 

Il movimento della vita è vario
come il rivo che ride sulla fonte
poi planando si strozza nell’estuario:
velocemente scorrono origàmi
di barche fatte in pagine di diario.

         (Minkowski: “La vita avanza da sola, e non sono gli avvenimenti che la fanno avanzare”)

 

 

Le mouvement de la vie varie
comme le ruisseau riant à la source
qui ralentit et s'étrangle à l'estuaire : 
véloces  glissent des origamis
de barques faites de pages d'agenda.

 (Minkowski : « La vie avance d’elle-même, et ce ne sont pas les événements qui la font avancer »)

 

 

Il mondo ha un cordone ombelicale
che invisibilmente sale
oltre l’ossigeno per filtrare
dalla sbigottita quiete universale
la comprensione del silenzio
l’irrazionale mistero dell’amare.

 

 

 

 

Forse la poesia più corrispondente
che sia possibile fare
sulla condizione esistenziale
dell’uomo è un immanente
punto interrogativo sopra un bianco
foglio di carta trasparente.

(da Gli umani accampamenti, 1985).

 

 

 

 

 

Peccato che la storia universale
nel collettivo eterno divenire
ci lasci l’incombenza individuale
della formalità di morire.

 

 

 

*

Dare forma al Silenzio nostra antica
irrevocata vocazione.

 

 

 

*

La vita è soprattutto un informale
quadro di Mondrian dove il rosso acceso
si affronta con il bianco dell’attesa.
In mezzo corre una bandetta nera.

 

 

 

*

Io sono un angelo paradossale
distratto dall’umano ma trafitto
sopra la croce di una cattedrale.

 

 

*

 

Io prego quanti mi conoscono
di non lasciarmi partire
potrei piangere come un angelo
che ha voglia di morire.

Sappiate che quando mi apparto
in realtà voglio dire
che cerco la strada più comoda
per farvi un poco soffrire.

 

 

*

L’amore di mia madre s’accontenta
dell’analoga voce di mio figlio
che chiama nonna quando s’addormenta.

 

 

 

*

Le nostre mani noi vorremmo avere
nell’aria del mattino abbandonate.

 

 

 

*

Mi si associano compagni di viaggio
per nulla cerimoniosi. Caproni
stesso avrebbe poco da dire. Ad ogni
stazione si diradano gli uomini
che mi hanno accompagnato. Si difforma
nel particolare l’allegoria.
Il controllore non è mai passato.

(da L’incombenza individuale, Forum/quinta Generazione, 1987)

 

 

 

 

*

Io che cerco l’uccellino del freddo, da scaldare
nella tasca interna della giubba a sinistra, e sfido
i rovi. Lui che si libera in pianura, fascinato
dall’iride losco delle canne appostate, dai
cacciatori che puntano l’umido, la polenta.

(da Inventario del motociclista in partenza per la Parigi – Dakar, Edizioni Tracce, 1990)

 

 

*

Quando irrompe il nano della pallacanestro, i giganti
si guardano intorno sgomentati, soffrono il minuto
palleggio frenetico, si inibiscono. Inducono argomentazioni
capziose, lo interdicono da tutte le squadre del regno.

(da Le ancora chiuse figlie marinaie, 1994)

 

*

Possediamo un senso romanico della misura
e lunghe nicchie d’ombra ed una barocca paura.

(da Il senso romanico della misura, Edizioni Tracce, 1996)

 

 

*

E` lontano il tempo, è oggi lontano
da speranza oppure da nostalgia,
quando a me che mi amo scrivo cari
saluti, a presto, quando sono via.

(da Appunti ragionati di prossemica, Book Editore, 2002)

 

 

*

Palazzo di Giustizia, istruttoria

 Mi avvalgo della facoltà di rispondere
dice l’imputato, inutilmente.
L’aula è spoglia di mobili, vasta
e vuota, anche il giudice è assente.

(da Ammuina, Genesi Editrice, 2009)

 

 

 

*

Sei partita quando ero lontano, senza salutare
Anche Maura è accorsa subito, pensava di trattenerti.
Io sapevo che non era possibile chiamarti a voce alta.
Neppure tenere un lembo chiaro della tua veste.
Noi che siamo i tuoi figli abbiamo aperto la porta bianca.
Sappiamo che tu non volevi vederci piangere.

(da Scaramazzo, Genesi Editrice, 2012)

 

*

Il sandalo regale ha l’infradito
Ramesse a filo d’oro l’ha cucito.

Ramesse l’ha calzato alla sua sposa
nell’arca d’oro la donna riposa.

(Il sandalo di Nefertari, 2016)

 

 

Le monde a un  cordon ombilical
qui s'élève invisible
par delà l'oxygène pour filtrer
de la stupéfaite paix universelle
la compréhension du silence
l'irrationnel mystère d'aimer

 

 

 

 

Peut-être que la poésie la plus proche
qu'on puisse faire
sur la condition existentielle
de l'homme serait un immanent
point d'interrogation sur le blanc
d'une page transparente.

 

 

 

 

 

Dommage que l'histoire universelle
dans l'éternel devenir collectif
nous laisse la corvée individuelle
de la formalité de mourir.

 

 

 

Donner forme au Silence notre antique
et non abrogée vocation.

 

 

 

La vie est avant tout un tableau
abstrait de Mondrian où s'afrontent
le rouge vif et le blanc de l'attente.
Entre les deux court une bandelette noire.

 

 

 

Je suis un ange paradoxal 
soustrait à l'humain mais transpercé
sur la croix d'une cathédrale

 

 

 

Je prie tous ceux qui me connaissent
de ne pas me laisser partir
je pourrais pleurer comme un ange
qui désire la mort.

 Sachez que lorsque je m'isole
en réalité je veux dire
que je cherche le moyen le plus simple
pour vous faire souffrir un peu.

 

 

L'amour de ma mère se contente
de de la voix similaire de mon fils
qui appelle mamie en s'endormant.

 

 

 

Nos mains nous voudrions les avoir
dans l'air matinal abandonnées.

 

 

 

S'associent à moi des compagnons de route
en rien cérémonieux. Caproni
lui-même aurait peu à dire. A chaque 
arrêt se raréfient les hommes
qui m'ont accompagné. S'altère
dans les détails l'allégorie.
Le contrôleur n'est jamais passé.

 

 

 

 

 

Je cherche l'oiselet du froid, à protéger
dans la poche intérieure gauche de ma veste, défiant
les ronces. Et lui se libère dans la plaine, fasciné
par l'iris louche des roseaux postés, des 
chasseurs qui visent le ragoût, la polenta.

 

 

 

 

 

Quand au basket surgit le nain, les géants
regardent autour d'eux, consternés, il subissent le minuscule
dribble frénétique, qui les inhibe. Ils engagent des discussions
spécieuses, le font interdire dans toutes les équipes du royaume.

 

 

 

 

 Nous possédons un sens roman de la mesure
et de profondes niches d'ombre et une peur baroque.

 

 

 

Il est loin, le temps, et aujourd'hui est loin

de l'espérance ou de la nostalgie, 
quant à moi qui m'aime j'écris de cordiaux
saluts, à bientôt, quand je voyage.

 

 

Palais de Justice, instruction

 Je me prévaut du droit de réponse
dit l'accusé, en vain
La salle est dépourvue de meubles, vaste
et vide, même le juge est absent.

 

 

 

Tu es partie quand j'étais loin, sans dire au revoir
Même Maura s'est précipitée, elle pensait te retenir.
Je savais qu'il n'était pas possible de t'appeler à voix haute.
Ni même de tenir un pan de ta robe claire.
Nous, tes enfants, avons ouvert la porte blanche.
Nous savons que tu ne voulais pas nous voir pleurer.

 

 

 

 

La sandale royale a une bride
Ramsès l'a cousue d'un fil d'or.

Ramsés en a chaussé son épouse