Yves Colley, Signature infinie précédé de Peuples
Les peuples dont il est question dans la première partie du livre tirent réalité d'une vision assez mythologique, relatée à l'imparfait, close définitivement, avec les secousses de l'histoire, et que le narrateur rameute en apostrophes guerrières.
Ces poèmes en prose, assez étranges, font appel à toute une errance dans des villages incertains, qui sonnent à coups de "seaux", de "cordes", de présences qui "coulent".
Effets de langue, les personnages ont "des caves éventrées sur la langue", dans "des villages qui s'effacent".
Assez proches de la mythologie d'un Henri Michaux, les poèmes déroulent des vérités, et chacun "mange ses clefs", dissocie ses mains, joue au "dé", les temps sont d'étranges morceaux de ciel couvert.
Le poète, dans ce troisième opus, emprunte les allées d'un certain hermétisme auquel il allie les sursauts fantasques d'une enfance pleine de "bêches", d'abreuvoirs.
La langue, souvent citée comme en méta-poésie, épèle parfois la réalité à renfort d'aphorismes : "Langage et animalité : de l'un à l'autre je cherche un visage".
Que le lecteur ne cherche pas trop de sens ni de voie à cette poésie quelquefois altière (on pense à du Bouchet ou à Bonnefoy), qu'il lui suffise de dénombrer les images somptueuses sur un fond impénétrable d'où surgissent des noms à la Tolkien.

Yves Colley, Signature infinie précédé de Peuples, Le taillis pré, 2025, 114 p.; 18 euros.