Maurice Chappaz, Philippe Jaccottet : Correspondance, 1946–2009

Ils étaient tous les deux originaires de Suisse, mais ils auraient pu ne jamais se lier d’amitié ni engager de correspondance. Il a suffi, pour les réunir, d’un livre de poésie, Verdures de la nuit de Maurice Chappaz, un recueil  qui a ébloui le jeune Philippe Jaccottet. Il en fera une présentation élogieuse dans une revue de Lausanne. Les deux auteurs ne se perdront plus de vue,  pourtant si différents mais vivant tous les deux dans l’ombre tutélaire du grand Gustave Roud.




Lire une correspondance entre deux grands poètes, c’est d’abord pénétrer dans une tranche d’histoire littéraire, ici celle de la Suisse romande du 20e siècle, avec ses écrivains et aussi ses artistes (d’où émerge la figure du peintre Gérard de Palezieu). C’est aussi mieux appréhender la vision que peuvent avoir deux auteurs sur la création littéraire, sur la poésie en particulier, mais aussi sur leur approche du monde et de la vie qui les entoure. C’est enfin entrer dans leur intimité, celle d’êtres de chair et de sang que taraude une forme d’angoisse ou pour le moins un questionnement sur la vie et la mort, mais à des degrés divers (d’une façon plus marquée, sans doute, chez Jaccottet)

Car tout différencie au départ ces deux auteurs. Maurice Chappaz (1916-2009) est plus l’homme de convictions sociales profondes et affirmées - notamment sur l’environnement - qui l’amènent à fustiger cette prospérité éloignant l’homme de la nature. N’est-il pas, en particulier, l’auteur d’un livre polémique, Les maquereaux des cimes blanches, sur le développement anarchique de l’industrie de la neige ? N’est-il pas aussi l’homme d’un attachement sans failles à ce Valais natal dont il fait une véritable patrie ? Installé au Châble près de Martigny, il a un chalet aux Vernys et exploite des vignes. Mais cet enracinement n’empêche pas, chez lui, une forme de nomadisme et son attrait pour des terres lointaines. Il voyagera, surtout vers l’Orient, et affichera (lui le « catholique païen ») son attrait pour les spiritualités orientales.

   




Correspondance, 1946-2009, Maurice Chappaz, Philippe Jaccottet, Gallimard, les cahiers de la nrf, Gallimard, 297 pages, 23 euros.

Philippe Jaccottet (1925-2021), lui, vit plus dans le retrait. Né à Moudon en Suisse, il a vécu un moment à Paris avant de s’installer à Grignan dans le Drôme. Mais jamais il ne perdra le contact avec sa Suisse natale. S’il approuve les engagements et les coups de sang de Chappaz, il est plus enclin à «intérioriser » (sa formation rigoriste protestante y est sans doute pour quelque chose) et il parle volontiers d’un monde suscitant de sa part « dégoût » ou « désespoir ». Dans une lettre du 13 juin 1986 il écrit à Maurice Chappaz : « Je vous envie cette foi dont je me sens bien incapable, moi qui cours le plus grand risque de me rabougrir ». Dans une autre lettre, le 5 juillet 2003, il souligne « la richesse d’expérience », « l’énergie » et « la vitalité » de son ami. 

Malgré ces différences, les deux hommes conviennent qu’ils sont « du même temps, du même lieu » (Chappaz, dans une lettre du 1er juillet 2001) pour dénoncer « la confusion régnante ou, aussi bien, l’uniformité dans la surdité à ce que nous aimons » (Jaccottet dans une lettre du 6 novembre 2001). Les deux hommes ne vont donc pas cesser d’accueillir avec bienveillance leurs œuvres respectives et, surtout, d’en faire part au plus grand nombre. Jaccottet, notamment, ne manquera jamais d’évoquer les livres de Chappaz dans les revues auxquelles il collabore (La NRF, La Gazette de Lausanne, notamment). 

C’est Jaccottet qui fera l’éloge de Chappaz en octobre 1997 à Sion lors de la remise du Grand prix Schiller à l’écrivain suisse. Il sera en 2006 présent à la soirée d’hommage organisée à Martigny à l’occasion des 90 ans de Maurice Chappaz et publiera aux éditions Fata Morgana, pour marquer cet anniversaire, toutes les chroniques qu’il avait rédigées sur l’œuvre de Chappaz. Leur correspondance évoque en détail, tous ces événements littéraires. Quarante-cinq avant, en 1961 (c’est dire la constance de leurs relations), c’est Chappaz qui s’était rendu à Grignan et il rappelle dans une lettre, le plaisir qu’il en avait retiré dans « la petite société des amis, les appels des hiboux, les rossignols le soir ».

Leurs rencontres, néanmoins, furent restreintes. La correspondance, par contre, demeurera un fil rouge. Tout comme le fut ce lien indéfectible qui les reliait au poète Gustave Roud (1897-1976) dont la figure est évoquée, par les deux hommes dans de très nombreuses lettres. Jaccottet et Chappaz, de concert, veillèrent à ce que l’œuvre de Roud « ne tombe pas entre des mains médiocres » et « soit ancrée comme un beau bateau sur des eaux un peu plus vastes que le lac Léman » (Jaccottet).

L’ultime lettre de leur correspondance est signée de Jaccottet le 5 avril 2008. Le poète réagit à la lecture de La pipe qui prie et fume, dernier ouvrage de Chappaz qui décèdera le 15 janvier 2009. Comme le souligne José-Flore Tappy, qui a magnifiquement présenté et annoté cette correspondance, ces deux grands auteurs ont entretenu une relation épistolaire qui posait « la question très exigeante du rapport entre la poésie et l’existence ».




Présentation de l’auteur




Philippe Longchamp, Dans la doublure

Le poète Longchamp, né en 1939, auteur de plusieurs recueils chez Cheyne, entreprend ici de dégoter du réel la face cachée, la "doublure", comme quand "on", "ça" parle. Il faut creuser les nuits, les évoquer, les convoquer pour qu'elles réussissent à nous dire leur vérité, leur chemin.

La nuit est porteuse et les poème en prose, assez longs, l'enveloppent, la caressent, l'éclairent. Le sort des SDF, des victimes des tueries des boulevards (2015), celui des fêtards de la nuit, des marginaux de toutes sortes sont quelques-uns des thèmes de prédilection de ce beau livre, où les poèmes et les beaux dessins très colorés - à la Miro - dégagent un monde qui se voudrait plus chaleureux, plus complice. Nuit complice disait Bory.

Habite-t-on encore au coeur des nuits? Les êtres se laissent-ils aller à la chaleur des étreintes ? Quand la stupeur règne et qu'il faut réinventer les coquelicots de la résistance?

Le "on" indifférencié traverse tous ces poèmes tissés d'empathie, d'un lyrisme qui les porte à l'effusion.

"Ne plus habiter un froid noir !"

On a perdu les "Alices" de nos rêves et il faut coûte que coûte en créer d'autres, pour nous "affranchir", connaître d'autres "surprises".

La langue, ici, ramasse de belles images, fait "naître secrètement au plein des nuits d'hiver de l'autre de longs rêves d'un bleu violine" (p.14)

Ce bel album, dans la lignée humaniste des poèmes de la résistance, honore la poésie. Voici des textes profonds comme la nuit, qui délivre, au milieu des dérives, une belle matière de vie et d'espoir.

Quelques poèmes sur Paris disent assez la beauté des vies et des villes, surtout la nuit, dans la chaude présence de l'autre.

Philippe Longchamp, Dans la doublure, Cheyne, 2023, 52 p., 19 euros. Images d'Anne Bruni.

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Kaled Ezzedine, Loin

Khaled Ezzedine est un poète d'une grande délicatesse. Il évoque le pays où il a grandi, le Sénégal, à travers les lieux (Bassoul, Tialane, l'île de Niodor...), les paysages, surtout le fleuve Saloum qui sinue tout au long du livre, mais aussi des visages, une douce nostalgie.




Ce superbe livre est jalonné de presque quarante peintures de Christian Gardair, à mi-chemin entre évocation classique du paysage et abstraction, dans des tons feutrés qui entrent en correspondance parfaite avec les poèmes. Le titre, loin, dit à la fois l'éloignement spatial, géographique et l'éloignement temporel (l'enfance), peut-être celui aussi que confère l'écriture.

aiguisant les pierres
où nous courions pieds nus
fil tenant
la courbe de la vague
ayant franchi les morts
et le sillage du Saloum
dans l'air chargé de l'arbre à suif
entre hier et aujourd'hui

loin




Kaled Ezzedine, Loin, éditions de La Crypte, 2022, 92 pages, 18 €.

 Le poème est souvent contemplatif, sans exagération, on adhère facilement à l'énonciation simple de choses simples, dans la paix apparente :

Djiffer
brise du soir
arrivent les pêcheurs
leurs pirogues bariolées
et le cri des femmes 
sur le quai
foisonne
attise le chant
du mangeur de pluie
mais la voix revient
s'entête
un tisserin se pose
sur mon épaule
et son chant
dresse une maison ardente
sous la ruche verte de la mangrove

Cette sensibilité qui s'exprime si bien dans l'attention à la nature (le fleuve, les arbres, les oiseaux...) affleure également dans le rapport de l'auteur aux humains, plus particulièrement aux membres de sa famille. Le tisserin, petit passereau cité dans le poème précédent, reparaît ainsi, tel un symbole dans celui-ci :

la voix de mon grand-père
renverse
les manguiers
la voix de mon grand-père
trace
le vol las de l'abeille
dans les nuées en fleur
main qui chante
la voix de mon grand-père
accorde de son air
l'homme devenu
tisserin fracturé

Nul doute que le grand-père ici convoqué représente le pays natal, l'attachement aux racines, cette contrée peut-être idéalisée – néanmoins celle des origines – et que le poète partageant désormais sa vie entre France et Sénégal est ce tisserin fracturé. Mais c'est une pudeur (j'ai dit le mot « délicatesse » en ouverture de ce commentaire) qui gouverne ce beau livre de douleur en filigrane, sans pathos. Cette douleur de l'écartèlement, effectivement visible chez tout exilé, est celle aussi que tout un chacun peut éprouver de ce qui le sépare de son enfance, fût-elle repeinte aux couleurs d'un imaginaire qui toujours choisit son tamis ; et la nostalgie a de ces pastels...

nos amis d'avant
c'est dans le rêve qu'on les visite
[…] on voudrait leur dire
regardez comme mes mains
de s'être tenues trop éloignées
saignent
regardez ce que j'ai accumulé de tendresse

Khaled Ezzedine, au-delà d'une mélancolie hantée, questionne l'ontologie, que ce soit dans un carpe diem parfois non consenti, « derrière les jours simples / tu t'esquives / à t'entêter / la vie te dévore », ou dans son rapport au rythme temporel que l'on sait différent entre l'Afrique et l'Europe, la ville et la campagne, « ici / les mois et les années / se confondent / ici / les lunaisons noires / cheminent dans le pli de l'air / ici / c'est mon sang qui recule », ou encore dans l'enfance qui fonde tout être, « parfois l'enfant revient / sur le chemin de l'école / tout seul ou presque » - cette solitude qui, à son extrême, va constituer l'homme et le poète.

mais c'est toujours le même enfant
celui-là qui fixe
son cœur immobile
celui-là oublié
dans la joie
et la main s'est posée
plus près du ciel
la tête en bas
vers la pirogue qui file
drame sans témoins
pour l'exil

On ne saurait ignorer, associée dans ce livre à la fois aux parents, grands-parents, à la transmission, à son propre destin, la question essentielle de la mort (de la perte, de la disparition) qui taraude qui que ce soit, qu'il s'exprime artistiquement ou philosophiquement.

cette nuit
ébloui
par la lampe
des pêcheurs de crevettes
le vent emporte 
ce qui nous abandonne
ce qui ne revient pas
et soudain comme suspendu
le bruit sec de l'horloge

Le poème de la page suivante le dit peut-être d'une manière plus brutale, encore que, dans sa lucide énonciation, on sente plus qu'une amertume un désir de réconciliation.

voici que
la mort prend visage
voici que d'autres pas
précèdent les miens
minute par minute
goutte après goutte
entre Saloum et le verger
l'odeur de la pluie
entre dans le songe
j'ai la nostalgie des dimanches
sous les manguiers

J'ai la même nostalgie, n'ayant pas connu ces dimanches-là, c'est la grande force de ce livre : toucher la petite part d'universalité que nous avons en nous.


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Alain Dantinne, Chemins de nulle part

Alain Dantinne n’en finit pas de voyager. Il s’aventure dans ce nouveau recueil en des contrées toujours plus intérieures, à la recherche du silence et de la solitude. Et c’est la poésie qui le conduit sur ces chemins, bordés des effrayants abîmes de ce siècle, qui ne sont pas sans rappeler ceux du sulfureux Heidegger, lesquels, on le sait, ne menaient nulle part. L’époque a des relents de fin de règne.
La civilisation est un jeu de dupes, une montagne qui, au final, a accouché d’une souris. Les idéaux humanistes ont fait long feu et les étendards du désenchantement flottent sur les décombres d’un monde peut-être perdu pour lui-même. Beaucoup de remous font tanguer les être et les choses. L’inspiration du poète, aussi, dans une démarche volontiers ontologique, dont la feuille de route se propose de toucher au mystère / de l’être même / sa déchirure. L’agitation de l’époque, les ravages du temps qui emporte tout, les amours déçues, éphémères, les amitiés fauchées par la mort, tout cela donne du sens à la démarche poétique d’Alain Dantinne, laquelle tend de plus en plus vers une vérité primordiale, essentielle, définitive, d’où tout émane et tout retourne, dans le mouvement irrépressible de la vie. Et oui, sans doute, là est toute l’errance du poème. Un nomadisme intérieur et perpétuel, qui ne dépend de rien ni de personne. Un souffle qui nous précède et nous suit, sur quoi il convient d’accorder son verbe. Le poème est langage, il reformule et recrée, tout en n’étant dupe de rien. Il est un véhicule pour atteindre l’ineffable et cibler le cœur de la vérité : la langue, oui / comme parole / comme présence à soi. Trouver le lieu et la formule, en quelque sorte, et accomplir la prophétie de L’Homme aux semelles de vent. D’autres voix s’unissent pour jeter quelque clarté dans la pénombre de la poésie : celles de Mathieu Riboulet, Volker Braun, Johannes Kühn, Reiner Kunze et même Léonard Cohen.

Alain Dantinne, Chemins de nulle part, peintures de Jean Morette, éditions L’Herbe qui tremble, 2023, 124p, 17€.

 

Toutes participent à leur endroit à la construction de l’édifice en assurant les fondations d’une écriture vouée depuis des décennies à la liberté intérieure. Alain Dantinne signe ici une étape fondamentale de son périple personnel dont l’empathie pour l’Homme et son destin tourmenté n’est plus à démontrer. Écoutons donc sa parole monter du crépuscule, où se fondent toutes les nuances sensibles de la vie telle qu’elle est, avec ce qu’il faut de nostalgie assumée et d’inquiétude consciente d’elle-même. Vers la lumière. Plus près, toujours plus près, escortée des œuvres richement dépouillées d’un Jean Morette au sommet de son art.

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Marina Tsvetaïeva, Après la Russie

La guerre menée aujourd’hui par la Russie en Ukraine ne manque pas de donner un relief particulier au recueil Après la Russie de Marina Tsvetaïeva. Publié à Paris en 1928, le livre est aujourd’hui à nouveau réédité. Marina Tsvetaïeva faisait partie de ces Russes qui ont fui la révolution bolchévique afin de trouver de nouveaux points d’ancrage en Europe de l’Ouest. Pour la jeune femme ce fut Paris, mais aussi Prague et Berlin, deux capitales où elle rédigea les poèmes réédités aujourd’hui.

Née en 1892 à Moscou dans une famille d’intellectuels et d’artistes - son père était professeur d’histoire de l’art à l’université de Kiev puis à Moscou, sa mère avait un don rare pour la musique - Marina Tsvetaïeva a commencé à publier dès l’âge 16 ans. Poète inclassable, elle a connu l’exil avant de revenir en Russie en 1939 où elle connaîtra la misère. Son œuvre sera rejetée par Staline et le régime soviétique. Elle se suicidera en 1941 et ne sera réhabilitée qu’en 1955. 

Ne nous attendons pas à trouver dans les poèmes de Après la Russie – ou alors simplement au compte-gouttes – une quelconque couleur locale. Ainsi, après une promenade en Tchécoslovaquie au bord d’une rivière en compagnie de sa fille Alia, Marina Tsvétaïeva écrit un poème dont le titre initial était « Rivières » mais qui s’intitula finalement « Prends garde », dont le leitmotiv devint ces quatre vers : « Auprès de la source,/écoute, Adam, écoute/ce que les artères bouillonnantes/des fleuves disent aux rivages ». Après une visite à son mari qui habitait dans un faubourg ouvrier de Prague (où il faisait des études à l’université), la poète écrivit en 1922 deux poèmes intitulés « Ouvriers » dont le premier commence par ces vers : « Des bâtiments enfumés/dans la morosité noire du travail./Au-dessus de la suie jaillissent des boucles -/ les cieux sont attendris ».  A Berlin, elle nous parle très peu de Berlin sauf pour écrire en juillet 1922 : « La pluie berce la douleur./Sous les averses des stores baissés/ Je dors. Le long des asphaltes tremblants/Les sabots – comme des battements de mains ». Une forme d’opacité, on le voit, imprègne en permanence l’écriture de la poète russe.

 Marina Tsvetaïeva, Après la Russie, Rivage poches, 2023, 147 pages, 8,70 euros.

Traducteur et préfacier de ce livre, Bernard Kreise note qu’il « ne fut pas conçu comme un ensemble cohérent » même si c’est bien « l’univers d’une émigrée qui s’affiche », d’un après de « déracinée » pour qui « la Russie s’éloigne de plus en plus. ». Mais on serait bien en peine, écrit-il, de ranger Marina Tsvetaïeva dans « une catégorie quelconque ». La poète russe, en effet, est hors-normes, souvent déroutante, parfois hermétique. Mais elle assigne à la poésie un rôle éminent. Dans un poème d’avril 1923, elle dresse même son portrait-robot du poète : « Le poète de loin mène la parole/La parole mène loin le poète (…) Il est celui qui brouille les cartes,/trompe les poids et les comptes ;/il est celui qui interroge depuis le pupitre,/qui bat Kant à plate couture ».

Marina Tsvetaïeva nous parle de la tragédie de l’existence indépendamment de son contexte temporel. Elle a bouleversé la langue russe pour exprimer la force de la douleur. « Je n’ai appartenu et je n’appartiens à aucun courant poétique ou politique », écrivait-elle en 1926 dans un questionnaire que l’écrivain Boris Pasternak lui avait adressé en vue de l’édition d’une dictionnaire bio-bibliographique des écrivains du 20e siècle. Dan ce questionnaire, elle parlait aussi de ce qu’elle aimait le plus au monde : « La musique, la nature, les poèmes, la solitude ». Et elle concluait par ces mots : « La vie est une gare ; je partirai bientôt ; où – je ne saurais le dire ».

Présentation de l’auteur




Jaume Pont, Miroir de nuit profonde

La mort est un « fait qui se produit de façon toujours prématurée », nous dit Jaume Pont, en ouverture de son recueil Miroir de nuit profonde. C’est, ajoute-t-il, de cette « expérience de l’extrême » que sont nés la plupart de ces poèmes, puisés dans la matière d’une douleur indicible.

Si chaque être qui vient au monde est voué à inventer celui-ci, dès l’instant où il ouvre les yeux, il le fait dans l’ignorance de l’ombre qui commence déjà à le cerner, elle qui est porteuse de dévastation et de blessure. Illusion de la rose et du bleu,  La vie / se défait / comme un grumeau de rêves.  Au-delà du miroir, le regard se perd, leurré par la trajectoire qu’il se cherche en vain  loin de l’enclos. Faudra-t-il accepter que jamais ne se referme tout à fait une blessure que n’apaiseront pas les hurlements dans la nuit profonde ? Les  bœufs que nous sommes semblent condamnés à leur triste labeur sous les étoiles. Le poète esquisse pourtant les frontières d’un temps qu’il n’a pas connu et qui est encore à venir. Si l’obscurité l’enveloppe, il est néanmoins contigu de la lumière, tout comme existe ce chat aux yeux fendus par le silence, mitoyen d’un silence aux  yeux de chat musqué. À tâtons, le poète rejoint les confins d’un autre versant, où les hurlements finissent par déchirer les ombres : De l’obscur, cependant, naissent l’autre lumière / et le verbe balbutiant de la beauté. Comme si la traversée devait nécessairement passer par la voix dans toute la nudité de son cri...

Jaume Pont, Miroir de nuit profonde, poèmes, édition bilingue catalan-français, traduction de François-Michel Durazzo, L’Etoile des limites, 104 pages, 17 euros.

À cheminer sur une sente désolée, le poète finit par croiser la mémoire, elle qui sait franchir les miroirs, ne serait-ce qu’un instant d’éclair. C’est à peine s’il entend ces voix / chargées de rubis et d’améthystes, / et le maillet du froid qui aboie à tous les vents, / la petite lueur étincelante /lui brûle le fond brumeux de l’âme/comme un foyer démesuré. Il n’est sans doute pas fortuit que Miroir de nuit profonde s’achève avec le poème intitulé « Les mots ». Si la vie est  un mur de chaux dressé face à nous, si la douleur est d’abord un cri, les mots finissent par advenir. Eux seuls peuvent transcender la perte et l’absence. s’ils ne donnaient pas libre cours aux sources /et jamais ne revenaient aux sources les plus profondes, si le fleuve dans lequel on se baigne /était toujours le même fleuve, luisant, ombreux, inaltérable à la lueur de l’âme, / quel fou, dites, voudrait d’eux ? Jaume Pont salue ainsi la rose du poème, lui qui naît sur une langue pleine de feu. Le poète nous offre ici un recueil d’une incandescente beauté, magnifiquement porté par la traduction de François-Michel Durazzo. Le Prix Mallarmé étranger de traduction 2023 a été décerné à Miroir de nuit profonde.

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spasp, Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur

Maldoror est de retour !

Ce livre titré Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur est un OENI. Je me permets cet acronyme puisque l’auteur les cultive à foison, pas seulement les LCD, GPS et autres DGPS (Differential Global Positioning System), mais aussi le CDFJ, soit la Composition Formelle Des Jours, aussi la cellule AP qui est celle de l’Acquiescement Participatif dans laquelle, après examens divers suivi du feu vert des gouvernants, un couple est enfermé pour convoler pendant une période de deux mois...

Par OENI, j’entends un Objet Écrit Non Identifiable. L’éditeur présente cet ensemble comme un recueil de nouvelles, j’y verrais aussi bien un journal fantastique intime, une science-poésie fiction... Car cet ensemble de courts textes me fait le plus souvent penser à des poèmes en prose – sans doute à cause de leur intensité imaginaire.  

Dans sa Saison en enfer, l’autre qui n’est pas lui raconte plusieurs de ses folies, spasp, qui non plus n’est peut-être pas lui, a aussi les siennes. Il semble bien qu’il connaisse lui aussi un enfer. Dans son prologue il précise que « la peur est là », et dans son épilogue : « L’épaisseur de l’angoisse qui monte / me remplit d’une sueur collante ». Pourtant, spasp est un rigolo ! (Voir ci-contre son autoportrait)

Peut-être que sous sa figure on assiste à la métempsychose de Maldoror (puisque dans ce livre il est question de métempsychose). Le célèbre personnage de Lautréamont quitterait ses monstruosités dix-neuviémistes et plutôt marines pour visiter notre XXIème siècle, histoire de les remplacer par nos nouveautés scientifiques et techniques actuelles et surtout à venir. Un Maldoror, donc, réincarné en un spasp, ou du moins habitant son âme pendant le temps d’une écriture.

Maldoror pourra, avec l’auteur, être aspiré par l’écran de son ordinateur pour entrer dans une autre dimension, il pourra faire l’acquisition à Ha Noi d’une pièce de monnaie qui lui garantira de se déplacer dans une zone d’ombre (qui peut-être l’engloutira ?). 

 

spasp, Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur, éd. Ubik art, 118 pages, 15 euros  – avec des illustrations de l’auteur.

Sous le moindre prétexte il se trouvera doté d’une paire d’ailes diaphanes qui l’enverra virevolter dans les airs, et plus d’une fois il se retrouvera cosmonaute embarqué pour un voyage fort risqué. À moins que, catapulté malgré lui dans la Thaïlande qu’il a connue, une main le pousse dans la cabine d’un salon de massage, thaïlandais donc, où l’attend une forme féminine assise en lotus...

Car, à travers ces diverses tribulations, notre narrateur connait des enthousiasmes amoureux qui malheureusement ne parviennent pas à se résoudre. Ou si c’est le cas, comme dans le salon de massage thaïlandais, il arrête son récit au moment où l’on pourrait lire : ils furent heureux et ils n’eurent aucun enfant. On saura seulement que la belle des belles, l’objet de la quête d’amour qui traverse l’ensemble du livre, pourrait s’appeler Lamaï ; ou Aphrodite.

On l’aura compris, empruntant à la poésie comme à la science-fiction, ce livre est particulièrement déjanté, ce qui fait sa belle singularité. Il n’a rien de gratuit. L’auteur écrit sur son site : « Je parle des mots, plutôt je lance des mots comme des idées qui fusent. Il y en a qui reviennent avec un effet de boomerang et qu’il faut éviter à tout prix. Le danger est partout. »

 On retrouvera dans ces textes l’univers pictural de spasp, du moins celui de ses collages et ses montages numériques. Car avant tout, spasp, appelé aussi Patrick Danion, est un peintre professionnel qui expose à Gent, à Paris, à Singapour. On peut le retrouver sur son site : https://www.tiger-spasp.com/pages/265430/spasp-patrick-danion?isHome=1. Qu’il paraisse dans la collection Libres d’ArTiSte des éditions ubik art basées à Montpellier, rien que de normal.

Présentation de l’auteur




Denis Emorine, Comme le vent dans les arbres

Les arbres du titre sont les fameux "bouleaux" de l'est qui ont abrité tant de mitrailleuses et de morts.

L'est, le souvenir du père et de Natacha aimée traversent nombre de poèmes, qui disent la douleur d'exister quand d'autres sont morts ou perdus.

L'intense blessure de la mémoire, qui persiste et abrège les plaisirs, remue dans ces poèmes d'un poète blessé par le passé.

A quoi bon écrire, sur des tombes, des absences ?

Quel est cet Est d'où vient la mort ?

De brefs poèmes ressassent la douleur, redisant, avec les mêmes mots, la souffrance de l'est, la blessure des pertes, la guerre toujours là, aux aguets, la pauvreté de la poésie pour réparer, effacer les traces.

D'un lyrisme contenu, les textes ont la puissance de l'aveu et la fragilité des ferveurs.

Un beau livre.

Denis Emorine, Comme le vent dans les arbres, édition bilingue français/italien, Ladolfi, 2023, 156 p., 15 euros.

Présentation de l’auteur




Claude Luezior, Au démêloir des heures

Claude Luezior maîtrise l’art de donner à ses livres des titres qui étonnent. En quelle boutique improbable a-t-il bien pu dénicher son peigne temporel ? Dans un bref liminaire en prose il en donne toutefois le mode d’emploi : « convoquer l’insolence, survivre dans le sillon fertile de l’imaginaire » (page 7). De quoi se faire des cheveux.

Le premier texte s’appelle « Rêve ». Est-ce d’ailleurs le premier texte ou l’introduction de la première partie du livre ? Son en-tête est imprimé en roman alors que celui de chaque poème qui suit l’est en italique. On trouve à la page 61 un autre fragment dont l’intitulé est composé en roman : « Suffit ! », auquel succèdent des pièces aux désignations en italique. Je penche pour un ouvrage en deux parties. En deux cycles, devrais-je préciser. Un premier, le plus long, consacré au sommeil et à ses aléas : rêves et cauchemars ; un second dont la désignation apparaît comme une injonction à en finir avec les délires nocturnes.

Pour chacune des deux parties du livre, l’auteur fait alterner des poèmes avec titre, apparaissant en roman, et de courts inserts en vers non titrés et imprimés en italique. Cette composition confère à l’ensemble un rythme particulier : le lecteur croit assister à une série de crises plus ou moins aiguës, entrecoupées de pauses nécessaires pour tenter de faire le point ou de simplement reprendre souffle. Un sommeil agité, en quelque sorte, comme désaccordé par des épisodes d’insomnie voire de somnambulisme.

 Claude Luezior, Au démêloir des heures, avril 2023 Librairie-Galerie Racine, Paris, 96 pages.

La supposée première partie se nomme donc « Rêve ». Le mot employé au singulier désigne la fonction ; il ne s’agit pas d’écrire / de décrire des songes à la manière des surréalistes. Entre endormissement et sommeil lent léger, nos sens nous trahissent et notre raison ne s’avère guère fiable. Le presque dormeur est alors assailli par des sollicitations qui émanent plus de son inconscient que du monde réel. Ce moment vécu hors-sol engendre des interrogations désordonnées : « assoupi / je questionne / des rêves / qui enjambent / la raison » (page 9).

Dans cette zone crépusculaire où il prend une ombre portée pour une chimère, le poète semble pouvoir ou devoir se laisser submerger par des pensées troubles qui ne fraient ni avec la morale : « piller / mon inconscient / de ses rites / barbares » (page 14), ni avec la raison : «au-delà de l’entendement / la folie ténébreuse » (page 30), ni même avec sa façon coutumière d’exister : « à la curée, les songes / saillissent et mutilent / mes rouages casaniers » (page 19).

L’ensommeillé fait jaillir un tourbillon d’émotions troubles où alternent les cauchemars : « en meutes carnassières / des cauchemars inassouvis / sans cesse à la maraude / traquent mes chairs » (page 20), les rêves : « les écailles de l’abondance / étaient nées dans l’eau vive / où scintillait la source / par éclats irisés » (page 37) et l’aveu de désirs inavouables : « courtisane, cariatide / à portée de mes lèvres / la forme pulse » (page 45). Les vers sont courts, jamais d’alexandrins, le rythme échevelé, soutenu par des strophes brèves, l’imagerie baroque entre apparitions de gobelins et interventions de licornes. Claude Luezior délire ou glose  dans une « liberté / paradoxale / structurante / vertige magnétique / aux marches / des énigmes » (pages 13-14) sur la fuite du temps, les avantages et les inconvénients de l’ivresse, les vers de mirliton, la sculpture, l’essence des fleurs, etc.

La seconde partie du livre s’ouvre sur un texte intitulé à l’impératif : « Suffit ! ». Tout un programme : « que basculent / paniques et phobies / que l’on attache / les malédictions / qu’on ligote / nos affres d’arrière-nuit » (page 61) et : « que l’on accueille / l’indispensable / que l’on aiguise / la lumière » (page 62).

L’aube dissout les monstres et fait disparaître les visions de l’au-delà, que se serait évertué à peindre un Jérôme Bosch. Plus de créatures blasphématoires au réveil mais l’animal familier en quête de tendresse : « ma petite chienne / s’est enroulée sur moi-même / apaisée sous ma main / tout près, en un soupir tiède » (page 21).

Le poète sait qu’un bon sommeil est nécessaire pour réparer le cerveau comme le corps, mais devine qu’il peut parfois se présenter comme une petite mort : « Hypnos et Thanatos sont frères jumeaux » (page 71). Aussi doit-il se rasséréner et lutter pour retrouver sa place dans le monde réel : « ne plus être la proie / de cet inconscient / qui me transperce / de toutes mes forces / m’extraire / de cette gangue / à tout prix / réinventer / le soleil » (page 70).

Le poète exorcise ses démons nocturnes en célébrant la lumière, source de vie : « partout, la lumière / pétrit son levain » (page 82). Il faut être poète ou jardinier pour convoquer le lever du jour : « pour dire le miracle / il faut être un simple / au portail d’un jardin » (Aube, page 78). Et triompher en retrouvant le fil des jours d’une vie toujours trop brève, en croyant à l’avenir en des temps de désespérance, tout en se réjouissant de la naissance de « [ce] jour de sucre / de pulpe rare et de blés / manne pour fiançailles / où jubilent / des persiennes ouvertes » (page 88).

Au démêloir des heures pourrait se concevoir, au-delà de la symbolique du jour et de la nuit, du bien et du mal, du rêve et du cauchemar, de la raison et du délire, comme un manifeste qui établirait la mission première du poète : « Porteurs d’inachevé, en rupture avec leurs semblables, les poètes sont-ils ces êtres désignés qui tentent désespérément de traduire une langue rescapée du bannissement et que nous aurions héritée d’un inconscient originel ? » (page 52).

La couverture du  livre bénéficie d’une belle et déroutante photographie d’une installation de Diana Rachmuth : un kimono habité par la lumière.

Présentation de l’auteur




Gérard le Goff, Les chercheurs d’or

Le nouveau livre de Gérard le Goff invite le lecteur à un voyage poétique à travers la littérature des XIXème et XXème siècles. C’est un hommage rendu aux écrivains français ou d’expression française, à ces « chercheurs d’or » qui, par leur exploration de la langue et leur art poétique, ont été au fil du temps les ouvreurs de nouveaux horizons et demeurent les maîtres spirituels de l’auteur.

Le titre trouve son inspiration dans l’épitaphe inscrite sur la tombe d’André Breton : « Je cherche l’or du temps ». L’illustration de couverture représente la rosace minérale qui orne la sépulture : une figuration de la pierre philosophale.

Gérard le Goff propose 58 évocations de poètes « à la manière de », selon une démarche qui nous fait (re)découvrir toute une pléiade de grands écrivains. Chaque texte est précédé par un portrait et par une citation qui annonce un thème à partir duquel l’auteur imagine une variation selon un principe musical. Il s’avère lui-même un maître de la langue et du style.

Les jeunes lecteurs traversent ainsi deux siècles de littérature, d’autres se rappellent leurs lectures et en retrouvent la nostalgie, contents de parcourir à nouveau le fil poétique qui va de Gérard de Nerval à Alfred de Musset, Charles Baudelaire, Lautréamont, Théophile Gautier, de Victor Hugo à Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Guillaume Apollinaire,  de Max Jacob à Robert Desnos, Paul Éluard, Boris Vian, Pierre Reverdy, de Tristan Tzara à André Breton, Raymond Queneau, Henri Michaux, René Char, Jean Tardieu, Eugène Guillevic et Yves Bonnefoy. À côté de grands noms d’écrivains, on en découvre d’autres moins célèbres, qui ont subi les horreurs de l’Histoire : Saint-Paul Roux, René Guy Cadou.

Gérard le Goff, Les chercheurs d’or, Éditions Stellamaris, 2023, 161 p., 20 euros.

C’est un parcours initiatique à travers certains thèmes dévoilés dans les citations de l’œuvre de ces poètes mais aussi dans la création de Gérard le Goff qui les reprend dans ses poèmes et ses proses : la vie, l’amour, l’enfance, le bonheur, le rêve, la mort, la guerre, la haine, le mal, la maladie, la tristesse, l’attente ou des motifs tels : le chat, l’oiseau, le ciel, la lune, les nuages, la mer etc.

L’auteur des Chercheurs d’or construit son livre sur la polyphonie des voix, d’une part, celles des écrivains d’un temps révolu, d’autre part, sa propre voix lyrique ou en prose qui rend hommage à ceux qui sont restés des repères dans l’histoire de la littérature française. Il sait bien adapter son style à ceux des poètes évoqués, nous faire ressentir en quelque sorte l’empreinte de leur création, un certain air de leur temps. Il nous offre aussi des notes explicatives à la fin de ses textes en prose pour nous livrer des aspects moins connus de leur vie et de l’histoire des lieux.

Gérard le Goff est simultanément graphiste, poète, prosateur, parfois historien et biographe. Il connaît à fond leur œuvre, leur vie, leur correspondance, les documents qui les concernent, les journaux qui en parlent, les bavardages, les expositions anniversaires, les supercheries littéraires, autant de sources d’inspiration pour lui. Ses textes prennent la forme d’un poème, d’un récit, d’une lettre imaginaire, d’une entrevue. À titre d’exemple, la lettre d’Antonin Artaud adressée à son psychiatre pour lui reprocher d’être traité de délirant et de malade mental, quand il ne fait que confesser ses états mystiques dans ses manuscrits. L’entrevue imaginaire d’un journaliste avec Louis Aragon devient le prétexte à livrer aux lecteurs sa biographie et de rappeler son soutien à Staline ainsi que certaines de ses dérives existentielles. 

On saisit bien le côté ironique, persiflant de l’auteur, son humour discret, mais aussi son penchant pour le mystère, le fantastique, le mélange de réel et d’onirisme, le portrait et la description des lieux. La réalité quotidienne horrifiante se prolonge dans le cauchemar pour évoquer « le mal qui s’insurge contre le bien » dans la  variation sur le thème de Lautréamont (Vers d’amour et de haine). Il s’amuse à écrire le poème Posada à la manière de Blaise Cendrars, en pratiquant un collage d’extraits de la prose de Gustave le Rouge.

Il faut ajouter aussi la passion pour le dessin de Gérard le Goff. Les 58 portraits réalisés au crayon et à l’encre, au regard si vif qu’ils semblent nous regarder depuis le passé durant notre lecture.

Présentation de l’auteur