Bref, ce n’est ni le lieu ni le propos de faire une énième polémique autour de Greta, mais j’avoue ne pas saisir, comprendre, ni être sensible au contenu « poétique » de discours d’une adolescente certes sincère mais pleine d’une naïveté désarmante : « le climat et la crise écologique sont au-delà des partis politiques. », « unissons-nous derrière la science p78 [science sans conscience… [politique] n’est…], sans éviter les habituels poncifs oxymores comme « créer une croissance économique durable (p47) » ou le mythe éculé sur JF Kennedy (p90).
Évoquons aussi toutes les redites : s’il est normal de se répéter dans des discours oraux prononcés pour des publics divers aux quatre coins de la planère, le lecteur d’une publication écrite, est ennuyé d’y trouver redites et répétitions (à l’identique un paragraphe entier p74 & p 88)
Bref, malgré mes bonnes intentions et la séduction opérée par un titre magnifique, je reste très critique… à moins que l’on arrive à me convaincre du contraire… où se trouve la poésie dans la prose de GT ? À titre d’exemple, la prose des zapatistes est, elle, à la fois réellement poétique (parsemée de contes et paraboles… bref de réalisme magique?) et politique.
Heureusement, il reste le deuxième objectif du recueil : faire ressentir que « La poésie est la mieux placée pour atteindre le nœud du problème écologique : la transmission sensible d'un vivant à un autre vivant, d'un cœur à un autre, du caractère poétique et tragique du désastre qui s’annonce. ». J’ignore si la poésie est la mieux placée, mais en tout cas c’est l’un des moyens -restons modeste- pour évoquer et transmettre le « caractère tragique du désastre qui s’annonce ».
Malheureusement ces paroles poétiques sont noyées quantitativement dans ce qui est mentionné plus haut, et il manque même une table pour aller repérer directement poètes et poèmes… Dommage, que les voix poétiques soient finalement si peu présentes, nous aurions aimé entendre plus cette musique-là, comme :
Pour aller au-delà « des chiffres à ouvrir, à étaler au grand jour comme on étale une peinture » (Matthieu Lorin)
Pour « Dire le sursis planétaire et la douleur/ la douleur planétaire […] comme si les capitalistes avaient des figuiers mûrs dans leur jardin » (Anne Barbusse)
« Faut-il des ailes à nos poèmes/pour échapper/à l’aveuglement/de nos brouillards urbains /à toute la pesanteur/lancinante/de ce monde […] Les océans débordent/d’indifférence » (Christophe Candello)
Pour nous faire ressentir le désastre en cours par « les oiseaux tentant de percer de leur vol/l’abcès de chaleur » (Jean-Michel Maubert) … ou encore entendre qu’un « soleil se meurt/une rumeur d’homme à la bouche/le chaos viendra balayer la scène » (Abdellatif Laâbi).
Une parole qui nous rappelle, en poésie, « il est temps/il est temps de dire/il est temps de se dire/la vérité en face » (Patrick Podolo)
Belle initiative, mais à quand un vrai recueil collectif, uniquement ou essentiellement poétique, fait de nombreuses variations sur la « Poétique d’un désastre annoncé » ?