Gustave : de fanzine à mensuel gratuit et toujours en ligne

Gustave, qui fut créé comme un  hebdomadaire de poésie (j'ai conservé avec plaisir le numéro 99 abondamment illustré) se présente désormais comme "le premier mensuel gratuit de poésie qui se lit et qui s'écoute" et sort en janvier 2021, sous la houlette de Stéphane Bataillon, son numéro 106. 

C'est en effet un format bref – 4 pages téléchargeables – auquel est associée une radio qui, pour janvier,  présente quatre poèmes audio de Zoé Besmond de Senneville, "modèle d'art, comédienne et poète". 

 Les anciens numéros sont téléchargeables à partir du numéro 42 (anvier 2015) et permettent de se faire une idée de la ligne éditoriale résolument moderne de la revue, alors sous-titrée "fanzine indestructible" : ce que sa longévité tendrait à prouver. 

L'édito du dernier numéro donne quelques informations sur la philosophie du projet entièrement réalisé avec des ressources informatiques libres et opensource, dans le prolongement de leur philosophie, celle d'  

offrir, à tous, sans conditions, une poésie résistante aux algorithmes. Gustave se pare également d'un nouveau slogan et retrouve sa pagination d'origine pour réaffirmer la singularité de son projet : la mise en valeur des formes brèves. Ce sont celles que nous voulons défendre dans un monde ultra connecté.  

 Outre la lecture de ce nouveau numéro, je conseille de picorer dans les précédents, via le site, et de voyager dans cette revue fantaisiste qui s'est aussi considérée comme "organe poétique du parti neutre" (n.53),  "le journal qui prend son temps" (n.61 – abondamment coloré)... J'y ai retrouvé un superbe "Numéro des statues-menhir"(n.77) – 4 pages de haikus, le numéro "contre la nuit" autour du recueil de Stéphane Bataillon aux éditions Bruno Doucey, et l'avant-dire du numéro 90 pour conclure, en vous incitant à soutenir cette publication sympathique :  

Pour un fanzine, organe vivant et fragile, chaque nouvelle dizaine est une petite victoire sur l‘éphémère. Une marque de fidélité, de persévérance, de ligne tenue qui permet de continuer à rêver, à créer, à expérimenter, sans cesse mais sans se perdre.  (...)  Un fanzine, demande de la chaleur, de l’amitié et des regards. Nous avons de la chance d’avoir ces ingrédients pour faire ensemble ce quelque chose qui nous fait espérer malgré les catastrophes. 




Vinaigrette, revue moléculaire de photo/poésie

Sandrine Cnudde, qui a conçu, et qui compose et réalise la revue à toutes ses étapes de fabrication (hormis l'appel à un imprimeur professionnel), propose tous les deux mois (soit six fois par an) l'envoi par la poste d'un « pli » timbré au format A4, ingénieusement fermé et élégant comme un origami, recélant le trésor d'un poème imprimé au verso d'un papier semi-mat agréable au toucher, et un tirage  photo format carte postale sur papier Fine Art.  Le recto de la feuille porte également, sous forme caviardée, quelques éléments de biographie de l'auteur auquel la lettre est consacrée.

Chaque numéro est consacré à un unique auteur, poète ou photographe. L'année écoulée (la revue est née en février 2020) propose donc en alternance 6 poètes (hommes et femmes dans une stricte égalité) : 

Amandine Monin, Howard McCord, Hélène Sanguinetti, Rémy Chechetto, Bérengère Cournut, Christophe Manon, et 6 photographes : Aëla Labbé, Pierre de Valembreuse, Laurence Loutre-Barbier, Piergiorgio Casotti, Olivia Lavergne, Jérémie Lenoir.

Sur le blog de la revue (https://revue-vinaigrette.blogspot.com/), Sandrine Cnudde explique ainsi son projet – et l'on comprend bien le titre et la métaphore culinaire filée par la poète dans la réalisation de celle-ci :

L’un des intérêts de la revue est de mélanger et de stimuler l’une et l’autre discipline chez un même contributeur, dans un esprit décontracté d’expérimentation et de partage.
Un coin de table où les arts se croisent et les auteurs se rencontrent, pour le plaisir des lecteurs.

La cuisine expérimentale de « Vinaigrette » s'adresse à des lecteurs gourmets, et ne se trouve que sur abonnement, ou par vente directe lors de festivals ou salons. 3 formules d'abonnement sont proposées – outre une version allégée (5 euros/ numéro) : équilibrée (30 euros) – à la crème, ou douce.

Tous les ans, en tout début d'année est prévu un numéro spécial "double crème" au format A3 qui se plie sur un texte et une photo de deux auteurs, l'un poète, l'autre photographe – et pour cette première publication ; Danièle Faugeras – Eric Le Brun
Offert à tous les adhérents (abonnés avant le 31 décembre) ce numéro spécial sera également accessible sur commande, à l'unité pour 8€.

Voilà, on vous a tout dit : un petit écart pour assaisonner l'année qui s'ouvre est recommandé, en passant par le site de la revue




DISSONANCES, Feux, n°38

Les dissonances prennent « feux » ! Décidément ce numéro de la revue risque de s’enflammer et de finir brûlé comme dans Fahrenheit 451! On connaît l’originalité durable de cette revue. Choisir des poèmes pour leur qualité d’expression et non pour la gloire du nom de l’auteur/autrice (dont le nom est masqué aux sélectionneurs). Une extravagance à l’heure où les auteurs ou éditeurs connus sont une pré-publicité, donc méritent a priori une consécration.

« Écrire est une pulsion », décrète Alexandre Gloaguen à la page 38 de la revue Dissonances. Je suis prête à le croire. Je l’ai toujours pratiqué. Ma « pulsion » m’incite aujourd’hui à m’interroger philosophiquement : « Peut-on dissoner dans la dissonance ? ». Un peu comme si je demandais : peut-on manquer de manque ? ou pire : quel est le néant du néant ? Dissoner dans la dissonance impose-t-il d’imposer l’harmonie… Être en accord avec le dissonant impose-t-il d’entrer dans le flux débridé d’une anarchie délicieuse ?

Le dossier Feux m’incite à une promenade à travers les prénoms (puis les noms) des artistes-auteurs-autrices qui y ont collaboré : deux Aline (Robin et Fernandez) et deux Mathieu (Le Morvan et Marc) et deux Benoit (Baudinat et Camus) et deux Louis (Zerathe et Haëntjens), une seule Perle ou Miel. Une telle forêt de syllabes qui se croisent à Mauges-sur-Loire (domiciliation de la revue) me fascine sans porter à conséquence, même si j’ai déjà planché sur cette revue pour RAP en 2017.

DISSONANCES, Feux, n°38, Revue pluridisciplinaire à
but non objectif, Eté 2020, 48 pages, 5€,

Les mots qui disent l’incendie (contre-feux, pyromane du business, brûlante question, flammes d’encre, etc.) dans l’édito de Côme Fredaigue sont naturellement plus impératifs que les mots « inondation, aération », etc... Comment échapper aux mots portant en eux des flammes ! Oui, mais quelles flammèches, réelles ou figurées ? En vérité, chacun se consume selon son propre feu dans ce Dissonance là,  tout comme jadis  régnait le « à chacun ses besoins2 ou selon son travail ». Aujourd’hui, c’est à chacun selon ses désirs brûlants dans notre monde  à la carte.

Le feu est d’abord le feu réel, tout en flammes et en braises. Ainsi Lionel Lathuille estime « qu’il n’y a pas d’autre possibilité pour obtenir la chaleur que de mettre le feu à l’habitation ». « Méconnaît la nuit celui qui retire ses mains du feu » (…) « Méconnaît la vie celui qui retire son pied du feu » dit ce poète qui « emboîte le pas au feu qui nous traverse ». Pour un autre romancier Thierry Covolo, une autre maison brûlant pendant la nuit.  Le « prétentieux » manoir Hunter « construit pour les autres » « qui confère respectabilité et pouvoir ». Le propriétaire « carbonisé » est identifié grâce à ses plombages. A la fin de cette nouvelle à l’américaine, la narratrice allume une cigarette ! Il se peut qu’une voiture flambe en une « nuit Cheyenne » de Benoit Camus. Il se peut qu’une forêt flambe en Amazonie, « on éteint le feu qui arrache les poumons de la terre », précise Stephanie Quérité. Ce feu réel peut être celui – terrible - de la bombe atomique : ainsi le seul journaliste à Nagasaki, (cad William Leonard Laurence) est évoqué par Joseph Fabro. Il « marche toute la vie avec le feu et son mensonge,  (…) comme un cancer dans le ventre, comme un incendie à l’arrière de la pupille ».

Le feu peut être celui de l’amour.  Ainsi Christophe Esnault qui décrit d’abord « une adolescence sans flamme (sans amour) sans vie ». Plus tard, il retrouvera autrement cette adolescence manquée : « C’est avec la peau et les baisers que l’on fait les feux les plus hauts ». Le feu de l’amour peut se transcrire en une version persane. Ainsi Clément Rossi évoque cette amoureuse qui l’enlace « si fort » qu’il sentira « des mois après le dessin de ses mains » sur ses omoplates et « le relief de ses omoplates »   sur ses propres mains. Et pourtant, « Lou va arriver et j’ai déjà hâte qu’elle reparte pour… rêver ». Voilà qui nous transporte chez le poète Qays-Madjoun et Leyla, conte où la Leyla rêvée est plus importante que la femme réelle. L’amour d’une femme est-il plus important que celle qui le suscite ? Cependant l’amour peut être un hymne de Miel Pagès à Médée, ce « volcan parmi les étourneaux », cette « petite-fille du soleil » : « Il m’a semblé qu’elle pouvait être belle si des flammes lui léchaient le fente ».

Et il peut aussi être celui du langage, lorsqu’il est cet adjectif signalant  les décès : « Feux les exécutés » par Benoit Daudinat. Dans la liste des hommes exécutés au Texas, l’un Troy Clark qui écrivait des poèmes, a noyé une femme dans sa baignoire et disposait d’une arme à feu (22 colibris) ; l’autre Jeffrey est meurtrier révolté d’un agent de police : « tous ces bouffons de flics, assassins de gamins innocents ».

Et puis j’ai une ferveur pour les  énigmatiques  les « en-allées » de Catherine Bedarida « éloignées / du feu des volcans /  les en-allées marchent pieds nus ». Sont-elles des mortes ?  Des braises ?  Des étoiles ou des laves ? Qu’importe d’ailleurs puisqu’elles s’en sont allées… sans disparaître de sa mémoire. Au matin, elle se lavent « dans un reflet de ciel », « elles marchent / hébergées par le vent le ciel l’horizon ». Je les rêve.

Notes

(1) 451 degrés, température où le papier s’enflamme version Farenheit, soit 232,8  degrés en version celsius.

(2) Louis Blanc 1839, puis Marx 1875.




Revue Cabaret n° 29 et 30

La revue Cabaret numéro 29 est intitulée « Les mystères de l’Ouest » : il fut entendre ouest par océan et Bretagne…  Pour reprendre le slogan publicitaire (en son temps) de La Corde Raide, j’écrirais« La plus petite des revues, mais non la moindre ! »

Deux femmes que je connais, pour ses sollicitations pour la première et pour la seconde grâce aux notes de lecture que j’écris sur les SP  qu’elle m’envoie, la revue, fidèle à son habitude ne publie que des poèmes de femmes et UN homme, jamais je n’ai lu sous la plume de Nadia Gilard, sous le titre de « Mon démodé », un poème d’amour aussi impatient (« la convulsion d’amour et de mort »). J’aime Marie-Laure Le Berre pour ces vers : « La marche lente des menhirs / Tu folâtres dans leurs rangs /  Homme malheureux » (p 8). J’aime le texte d’Olivia del Proposto qui fait  dire à l’héroïne de son poème qu’elle jettera ses dix ans « demain /  A 9h 53, / ça fera 3650 grandes pensées exactement » : je compte 3656 (ou plus ou moins ?), ça dépend comment on compte les années bissextiles ; je sais, elle écrit pensées

Numéro 30 ; intitulé « Massalia Soul System », je suis étonné par la diversité du paysage éditorial français ou francophone. Il est vrai que les éditions du Seuil ont une autre surface que la revue Cabaret et les éditions du même nom.

Revue Cabaret : abonnement 4 n° annuels, 12 euros

Consacrée à Marseille, les écritures (poèmes ou prose) sont marquées par les inégalités ( il est vrai que Marseille est l’école de la misère !)




Feuilleton Bernard Noël sur Poezibao

Doit-on encore présenter le site de la journaliste Françoise Trocmé, créé en 2004, riche de milliers d'articles, et dont la vitalité ne se dément pas? Poezibao, accessible en suivant le lien, est à la fois une anthologie permanente, avec un extrait quotidien de poésie, un journal de l'actualité de la poésie, un magazine nourri de reportages, de rencontres, de notes de lecture, une revue littéraire avec une recension régulière des revues de poésie et une base de données.

Depuis septembre 2020, elle héberge également la revue NU(e) de Béatrice Bonhomme ((https://w7ww.recoursaupoeme.fr/revue-nue-n69 )), proposée au format PDF. Le numéro 72 (septième publication au format électronique) est consacré à Serge Ritman.

 

Photo ©Maxime Godard

Pour l'anniversaire de Bernard Noël, écrivain majeur dont l'oeuvre traverse, outre la poésie, roman, théâtre, essais sur la peinture, en passant par des textes politiques, Poezibao, en lien avec le site "Atelier Bernard Noël", propose à ses lecteurs un feuilleton sur le thème "Quel plaisir avez-vous à lire Bernard Noël ?"

Onze auteurs sollicités on expliqué ce qui, dans l'oeuvre ou la personnalité de l'écrivain, qui fêtait le 19 novembre ses 90 ans, suscitait leur admiration, tout en joignant un extrait de l'oeuvre qui illustre ce qui leur semble primordial.

Sont ainsi à suivre les témoignages de Jacques Ancert, Marie Etienne, Sophie Loizeau, Jean-Marie Gleize, Jean-Louis Giovannoni, Marcel Migozzi, Claudine Galea, Ludovic Degroote, Anne Malaprade, Patrick Laupin, Amandine André, qui forment un passionnant panorama des puissantes raisons de lire ou relire Bernard Noël.




Revue L’Hôte, esthétique et littérature, n. 9, « De la nuit »

Je reçois le nouveau numéro de la revue de Didier Ayres, dont nous avions salué la naissance en janvier 2019. Le numéro que j'ai en main, luxueusement présenté sour une couverture or marquée d'un "9" en calligraphie cursive, tout comme le sous-titre thématique, s'ouvre sur des pages de papier satiné, où les marges abondantes rendent la lecture particulièrement agréable.

Onze contributeurs recensés au sommaire proposent des textes de forme variée: poème en vers ou en prose, essai, nouvelle, traduction... chacune introduite par un sobre encadré noir surmontant titre et auteur, et indiquant la direction de notre lecture. Je retiens particulièrement, dans ce numéro que je feuillette encore, la contribution d'Emmanuel Moses, auteur rate à la plume exigeante, présent ici avec 6 poèmes sur la poésie nocturne urbaine.

Des pages 25 à 35, un portfolio, composé par Yasmina Mahdi , propose de visiter une série d'oeuvres d'auteurs variés, dont deux techniques mixtes de Yasmina Mahdi. Toutes illustrent la thématique nocturne du numéro dans des techniques variées : peinture, gravure, photo...

On soulignera également ici la qualité de la reprographie, particulièrement dans le rendu si délicat des nuances de gris.

Le lecteur intéressé pourra trouver davantage d'informations et s'abonner en suivant le lien vers le site de la revue 

 

L'Hôte, esthétique et littérature, n. 9, « De la nuit »mars 2020, 60 pages format A4, 5 euros.




Les Haïkus de L’Ours dansant

L'Ours dansant, n. 3, le journal du haïku, novembre 2020 est une publication gratuite disponible sur la page de l'association pour la promotion du haïku, qui publie également Ploc¡ La revue du haïku. Toutes deux à retrouver sur le site de l'association 

Avec son titre joueur et son logo évoquant l'animal totémique, L'Ours dansant propose très sérieusement 6 pages en pdf téléchargeable, où l'on trouve sur trois colonnes :

un florilège, sur thème libre, de haïkus « 100%100 français »,

une série de haïkus japonais extraits de la revue  Haiku international n. 148 ,

l'appel à textes lancé par Dominique Chipot pour le n.5, prévu en janvier 2021,sur le thème « Première fois » (les consignes se trouvent en page 3 de la revue)

ainsi qu'une riche sélection de parutions et de notes de lecture, impressionnante pour une revue au format aussi bref  que les textes qu'elle défend. Il y a là de quoi satisfaire les haijins confirmés, mais aussi tous ceux qui souhaiteraient progresser dans la compréhension et la réalisation de ces tercets.

Je vous propose deux exemples extraits au hasard des deux rubriques de poèmes  pour vous inciter à rendre visite au site de l'association, et à vous abonner !

Sur le seuil

prenant le soleil

mes chaussures côte à côte.

Eric BERNICOT

 

 

A la fenêtre

d'un musée fermé

un pot de cyclamen

MANABE Ikuko




Poésie mag

Eric Dubois, créateur et animateur de la revue en ligne « Le Capital des mots » dont il annonçait récemment la fin, après des années d'existence, crée un nouveau blog sur WordPress " Poésie mag " .

On peut regretter la disparition de la revue précédente, qui permettait à nombre de poètes de trouver leur voix/leur voie dans l'univers de l'édition – peut-être pas de façon sélective, mais l'accueil avait le mérite d'ouvrir largement la porte. L'association culturelle associée demeure active.

S'ouvrant sur un portrait de Verlaine par Jacques Cauda, le site d'une grande sobriété annonce la couleur : le menu également sera sobre (comme celui de la revue « Ce qui reste » lors de sa création par Vincent Motard-Avargue) – ce qui ne veut pas dire insuffisant.

On a donc, dans une présentation très dépouillée un poème/un auteur/ un livre (par le biais d'un lien vers le site de l'éditeur ). Eric Dubois ne veut plus publier que des extraits de livres de poésie contemporaine ( édités à compte d'éditeur ) . Et de jolies surprises à venir sans doute : pour ce départ, un texte d'Etienne Ruhaud, un poème de Catherine Andrieu, et un très joli retour de Langage, publié en 2017, recueil dont Carole Mesrobian avait parlé ici dans un article retraçant le parcours poétique de l'auteur : https://www.recoursaupoeme.fr/eric-dubois-un-chemin-de-vie-plus-quun-parcours/




Poesiarevelada

Créé et animé par Philippe Despeysses et Hervé Hette, ce site poétique affiche d'emblée sa vocation internationale avec un bandeau trilingue – français, anglais, portugais.

Le premier, qui se présente comme « écrivain-marcheur, poète et journaliste » vit depuis plus de dix ans à Lisbonne, et le second, photographe et graphiste, depuis 1994.

Je citerai le début de leur présentation, qui signe l'originalité de leur démarche : 

 

 

La Poésie s’est endormie dans les livres, les bibliothèques, les librairies, les universités,...

Aujourd’hui si un livre de Poésie se vend ne s’agit-t-il pas d’une sorte de petit miracle !?

Pourtant quand la Poésie est dite par les poétesses, les poètes, les unes et les autres, elle semble alors prendre une sorte d’envol et plus encore si des images, des sons ou des musiques l’accompagnent. 

 

Ce qu'ils proposent donc, c'est un site « ouvert à tous », en toutes les langues, présentant une sorte de « vitrine » vivante de la Poésie dépoussiérée. En quoi Recours au poème ne peut qu'adhérer, et soutenir l'initiative en vous invitant à visiter et alimenter cette source d'échange de poésie et de fraîcheur.

 

https://www.poesiarevelada.com

 

Liens possibles :

https://knu-slam.bandcamp.com/track/ma-mise-amore

https://knu-slam.bandcamp.com/track/ma-mise-amore

 

 




La petite Ficelle ombilicale du Poème

Il y a eu les annulations de presque tous les lieux où la Littérature peut vivre. Le feu des genèses de la création attisé par la partage, la fraternité, la Parole qui énonce hors des briques qui enferment les âmes n'a pas pu créer de monde nouveau, pas encore. Mais Ça continue, rien ne peut faire cesser cette source libératoire, le Poème. Une petite revue, Ficelle, arrive justement régulièrement dans ma boîte aux lettres. 

J'ouvre l'enveloppe et la qualité du travail éditorial me ravit toujours. Ces tout petits volumes au papier épais, dont la typographie discrète laisse place à des couleurs portées par le travail d'un plasticien, sont tenus dans leur couverture à trois rabats comme un secret dans le bruit du vent. Que l'on ait en main le n° 143, qui nous emmène  dans "l’intime féminin",  grâce à une "poésie végétale à fleur de peau", et à "l’esprit du sensuel partagé" qui se dégage des poèmes de Nicole Barromé accompagnés par des gravures de Vincent Rougier, directeur éditorial. "En découvrant ces poèmes et en les illustrant  « Ai-je été le papillon ou l’abeille qui, gourmande, butine cette fleur ou ai-je rêvé d’être cette fleur, son pistil ?  », dit-il à propos de ce petit volume. Ce numéro a d'ailleurs été publié en coffret avec des gravures originales du plasticien et éditeur. 

Revue Ficelle n° 143, Génésiques poèmes, Nocile Barromé, Editions Vincent Rougier, Livret broché tiré à 200 ex, 48p 10,5 x 15 cm., 13€.

Les autres numéros ne démentent pas la grande qualité des contenus tout comme la haute tenue éditoriale de l'ensemble : par exemple et comme on ne peut les citer tous (il y en a presque 150) le numéro FP7, De rupestre mémoire, consacré à Marc Delouze, dont les poèmes sont en "Conversation avec des tableaux de Jean Villalard", puis se prêtent à une "danse sur le papier, Conversation avec un triptyque de Patricia Nikols", et accompagnent le "chant des terresConversation avec des poteries de Puisaye".

 

Revue Ficelle, FP7, De rupestre mémoire, Marc Delouze, Editions Vincent Rougier, Livret broché tiré à 300 ex., 40p, 10,5 x 15 cm, tirage courant 13€.

Au bord du vide, Jean Villalard, dans la Revue Ficelle, FP7, De rupestre mémoire, Marc Delouze, Editions Vincent Rougier, Livret broché tiré à 300 ex., 40p, 10,5 x 15 cm, tirage courant 13€.

Il faut donc saluer ce qui est, perdure, et porte la Poésie encore comme un écho jamais tari. Ficelle parmi d'autres, tient, arrive chez nous puisqu'on ne peut plus aller vers elle, lien comme ombilic du monde, d'un à un, de nous à nous, tous, réunis par ce fil d'Ariane qu'est la Poésie. Merci !