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commentdire sur la performance

Quand je l’ai abandonnée au milieu des années 2000, j’ai écrit un texte d’explica©tion :
ce texte est toujours inachevé : un (ou +) post scriptum s’y ajoute à chaque saison (ou presque)
Voilà où il en est à ce jour (31.08.12) :

Introda©tion

C’est à partir de ce texte ou
en rapport avec ce texte ou
en opposition à ce texte (ci-dessous)
que le plus important courant de la poésie contemporaine s’est positionné,
que ce soient les poètes de la première génération encore fortement impliqués selon les avant-gardes historiques (futurisme, dada, cobra ou fluxus) : poésie concrète, poésie visuelle ou poésie sonore ;
puis ceux de la génération suivante qui développèrent leur poésie par l’articulation aussi bien celle des voix que celle des corps (happening, poésie élémentaire, poésie action) qui amèneront la poésie essentielle de la fin du XXe siècle et du début du troisième millénaire : la performance
Enfin ceux de la nouvelle génération qui restent dans leur corps et qui disent par la bouche et écrivent par leur langue ou celles et ceux qui ont prolongé leurs vieilles prothèses, magnétophone et microphone par les ordinateurs et les nouveaux outils électroniques.

La performance*

C’est un corps
dans un espace
et c’est un son
dans un corps,
ce son est celui de mon corps
ou celui de cet espace,
c’est un son de nature :
voix, viande, &c.
ou un son d’artifice :
musique, bruits, &c.
Puis c’est un geste
du corps
et un mouvement
de cet espace
et comment jouent ensemble
le geste du corps
et le mouvement de l’espace.
Le mouvement de l’espace
est proprement celui de l’espace
mais aussi du peuple de cet espace :
du public.
Là, tout va bouger :
le corps,
l’espace,
le son,
le geste...
Et la rencontre
sera
ou s’évaporera.
Là, aux entrepôts frigorifiques,
sous les voûtes
dans cet espace
en bord de Seine
aux frontières d’une friche industrielle
qui sera une université parisienne
(l’université Denis-Diderot)
la rencontre s’est établie...
Quant à l’enseignement :
l’université future
ne pourra jamais faire mieux.
--------------------------------------------------
octobre 2002

*Post-Scriptum
c’est un art désespéré

P.S. no 2
Si je dis « à ce jour », c’est comme s’il y avait une lueur d’espoir, or l’obscurité est totale.
Néanmoins, « à ce jour », toute révolte contre
l’injustice comme tout combat pour la justice – ce qui n’est pas la même chose –, celle des hommes, celle qui fait la différence avec la barbarie des animaux domestiques, ont été un échec. L’administration américaine made in USA (héréditaire et désormais truquée) et l’administration russe made in URSS (mais oui ! mon pote Poutine ! en URSS !)
règnent
règnent sur le monde
aidées par leurs chiens et leurs faucons
deux bêtes faciles à apprivoiser.
printemps 2003

P.S. no 3
En ce début de millénaire
la performance est guettée par 4 dangers :
1/ le gag trop intelligent
2/ le gag trop idiot
3/ la saynète théâtrale
4/ le monologue pour cabaret à touristes
1 risque :
1/ la longueur
et 2 réalités :
1/ les critiques hors média et hors style s’emparent, désormais, de cette discipline et, hors de cette culture, la définissent néanmoins (en tant qu’ingénieurs d’un appareil critique d’une machine hors circuit)
2/ ceux qui pratiquent ça parce que ce serait être à la mode...
et 5 con
tenus néfastes
1/ l’engage
ment
simpliste et altruiste
2/ le sexuelle
ment
nu ou opaque
3/ les symboliques et les ri
tu
els
pisse de chat et caca-boudin
4/ la mise en scène de l’antipathie spontanée et
radicale des artistes entre-deux (entre deux âges, entre deux styles, entre deux &c.) à l’égard des autres artistes (jeunes et vieux, physiques ou
technologiques, &c.)
5/ le retour au happening, gutaï et autres spectacles avec participation obligatoire du public.

P.S. no 4
En ce début de millénaire
la performance est partout avec le théâtre, la danse, la musique, les arts plastiques
et c’est tant mieux...
Mais elle est aussi enseignée dans les Écoles d’Art
et là c’est tant pis.
Pauvres écoliers qui se retrouvent face à des jeunes femmes ou des jeunes hommes voire des vieilles femmes et des vieux hommes qui sont loin de leur corps et de leurs actes, loin de leur vie et de leur désir, loin du risque et du plaisir, loin de la haine, de la révolte et de l’amour, et qui conduisent ces écoliers de colloques en séminaires sur les
autoroutes du savoir mort.

P.S. no 5
En ce début de millénaire,
moi,
après 42 ans passés à en faire (des perfs c. à d. des poëmes en chair et en os) j’arrête, j’arrêterai fin 2004. Je vous dirai et je vous dis : ça commence à Marseille à la Friche de la Belle-de-Mai le 18 novembre 2004.
Après, je me planquerai dans les résidus : livres, disques, films, expos et autres traces ordurières.

P.S. no 6
Finalement,
je fais des expositions
pour publier des livres :
des livres,
pas des catalogues.
Le livre dans l’espace
donne
le livre dans le livre.
Et après je peux lire
le livre,
le lire de tout mon corps,
en chair et en os...
printemps - été - automne - hiver 2003

P.S. no 7
Désormais, mon corps n’est plus à la mesure de mon ambition...

P.S. no 8
À part Balint Szombathy qui, bien que plus jeune, fait plus vieux que moi, j’étais le benjamin de la fournée de l’E.P.I. Zentrum Der Lange Atem
(Zbigniew Warpechowski et Jerzy Beres de Pologne, Janet Haufler de Suisse, Sten Hanson de Suède, Balint et moi), rencontre à l’initiative de Boris Nieslony...
Alors oui ! Je me suis dit : « Oui ! Je pourrais, comme eux, comme elle, continuer à performer, montrer mes rides et mes plis, mon souffle court et mes muscles flasques, ma peau flétrie et mes poils blancs et nos infirmités
(comment écrivais-je « ça », jadis, dans mes Bimots ? :
Poumons / goudronnés - Cartilages / déconjugués - Reins / ensablés - Foie /engorgé - Vaisseaux / encrassés - Peaux / rides - cheveux / blancs - Poils / gris - Muscles / douleurs -Viscères / douleurs - Squelette / douleurs - Cervelle / mémoire)
La vieillesse est déjà une performance si elle est
exhibitionniste. Mais c’est une perf, à partir d’un âge certain, à la portée de tous.
J’ai vu Isou en slip Kangourou, Esther enrubannée de scotch transparent, et la grosse et vieille queue de Jerzy peinte aux couleurs de la Pologne, et moi, en ai-je assez fait, nu, des « Appels au linge » ! L’ange et L’un seul ou le lange et le linceul...
Donc, désormais je resterai vêtu, et assis, calme, derrière une table, pour lire clair, sobre, digne (à la rigueur : debout), vrai.
Le texte, lui, sera à poil & au poil – c’est du moins mon souhait et ma volonté.
Je laisse à mes amis et à mes ennemis, à mes chers infirmes plus ou moins diminués, leurs textes dits, agités & datés.

P.S. no 9
J’ai été souvent ridicule et normalement grotesque de 1962 à 2004 (inclus)...

P.S. no 10
(le + & le - ) C’est bien, que j’arrête la perf.
(le poëme en chair&en os et à cor&à cri ) :
de 5 à 5 000 personnes spectatrices-auditrices, je n’ai toujours qu’un public de 2 personnes :
l’une qui dit :
« Vous êtes obligé d’hurler tout le temps ?* »
et l’autre qui me confirme que j’ai inventé le poëme olfactif**.
--------------------
* il vocifère, il faut s’y faire
** Ecfruiture
automne 2004

P.S. no 11
Voilà plus de quarante ans que je voyage à travers le monde pour voir du pays, rencontrer les gens, et je ne visite que des auditoires.

P.S. no 12
Si j’étais sincère (vrai-ment), je dirais que j’arrête la perf aussi, surtout, à cause du trac qui me brûle l’estomac et me ligote le cœur les jours qui précèdent et me rend
insomniaque la nuit d’avant.
automne 2005

P.S. no 13
Militant, prêcheur, représentant, depuis 1962 j’ai dit et remué ma poésie tout autour du monde, j’ai agi devant des foules et des déserts.
Je voulais convaincre par la confrontation avec eux, avec elles, avec tous. Les mettre en face de la poésie
en chair & en os et à cor & à cri.
Mais le monde est large, long, épais, dispersé ; trop traversé, trop desservi.
Et le monstre qui m’écoute, qui me voit n’a que deux oreilles mais mille langues : je renonce.
hiver 2005

P.S. no 14
Celui que j’ai oublié dans toutes les précédentes publications de cette note : éliminer de la performance « l’esprit potache » qui a pris naissance dans le livre de Georges Duhamel, Les copains, et que l’on voit souvent resurgir chez les meilleurs d’entre nous.

P.S. no 15
(las ! : docte & magistral)
Éviter aussi d’être l’un de ces artistes misérables qui rament toute une vie vers la célèbre-autre-rive-d’en-face pour faire du sur-place. Soyez où vous êtes ou sachez où vous allez.t.
printemps 2007

P.S. no 16
Pour mes déclara©tions je ne veux désormais, aucune béquille ni musicale ni électronique.

P.S. No 17
Pour le peu qui m’en reste, Eddy a changé ma vie, Eddy est un vénitien qui a rejoint, jadis, sa chérie à Marseille. Sa mère tenait le café de la Giarina dès l’entrée de la Biennale et Eddy a grandi – tous les deux ans – parmi tous ces artistes biennalisés...
Il a repris le café restaurant du mac ( musée d’art contemporain de Marseille), c’est de famille !
Et après ma dernière presta©tion avec une sono dégueulasse, des ordinateurs qui calent et éclatent, des sons qui meurent, Eddy est venu vers moi :
“Tu as une présence géniale, tu es un artiste énorme : tu ne dois plus accepter de travailler dans de telles condition avec du matériel pourri et des techniciens incapables”
avec un délicieux relent d’accent italien et de l’agréable flagornerie dans les adjectifs du propos.
Ma si ! Je ne travaillerai plus dans des conditions techniques modestes &/8 médiocres.
printemps 2009

P.S. No 18
Écrire avec expression, donc dire ou faire avec expression et par conséquent éviter ce qui est déjà a déjà été mieux écrit, mieux dit ou mieux fait auparavant avec une expression parfaitement exprimée.
Exprimée à fond, sous toutes ces manifestations.
(expression : locution & démonstration)

P.S. No 19
J’ai dit :
“ Bye-bye la perf. “ et je m’y tiens.
Je n’ai pas dit :
“ Bye-bye les déclara©tions “
“ Bye-bye les concerts et les improvisa©tions “
“ Bye-bye les expositions, les installa©tions et les dé monstra©tions “
“ Bye-bye les publica©tions “
Je suis désolé d’attrister ainsi celles&ceux ami(e)s chéri(e)s neufs ou moribonds qui pensaient que j’avais dit :
“ Bye-bye à tout ! “
été 2009

P.S. No 20
La performance devient un art de citations et encore la méconnaissance ou la mais-connaissance des intervenants ne leur permet pas de savoir ou d’affirmer qui ils citent !
Je suis vieux et trop connaissant voire reconnaissant.

P.S. No 21
Le vieux nomade aspire désormais à une neuve sédentarité... D’ailleurs où que j’aille, je rencontre des amis que je connais déjà et qui me connaissent aussi – mieux que je ne les connais, sans doute – ou d’autres plus jeunes qui nous ressemblent...
automne 2009

P.S. No 22
Je ne lis plus, je feuillette parce que ce que je fais, c’est le fait d’écrire...

P.S. No 23
À 67 ans achevée, je vois bien que j’ai raté ma vie sportive !
Printemps 2010

P.S. No 24
Aux rencontres de performers, j'y vais souvent et j'y assiste en spectateur
ou en déclaractant et je m'y ennuie.
J'ai dû en faire chier plus d'un (+ d'1)

P.S. No 25
Tant que je ne vis pas mes 68 ans, je ne les ai pas.

P.S. No 26
ça ne vaut même pas le coup de se suicider : ça ne chagrinerait et
n'intéresserait personne.
printemps 2010

P.S. No 27
Bye bye la perf. c'est bye bye la perf. : adieu à mes performances mais je suis
toujours vivant et il m'aura fallu 5 (cinq) ans pour que cet "adieu" soit enfin
réalisé !
vraiment efficace.
Il y a toujours eu quelqu'un ou quelqu'une à qui je n'ai pu refuser de m'y
remettre encore un coup...

P.S. No 28
Encore plus que les touristes et les estivants, les performeurs et performeuses
n'ont de cesse de photographier et de se faire photographier

P.S. No 29
Peu m’importe l’appréciation des critiques et des conservateurs,
des galeristes et des marchands et autres animateurs culturels.
Je suis sur de mon fait.
été 2010

P.S. No 30
Mon travail, c’est une question de vocabulaire :
Il m’aura fallu un demi siècle pour établir ce vocabulaire,
mon propre vocabulaire fait de mots, de gestes et de choses.
Et c’est à partir de ces vocables, de ces mouvements, de ces choses, identiques, fixés ;
Que j’ai pu établir diverses phrases et des compositions variés.

P.S. No 31
Par exemple (parmi trop d’exemples) : avec la poésie sonore on a ouvert une porte
sur une grande salle remplie de sales cons
en train d’élaborer leurs conneries au milieu de leurs fils, fiches et boites à trous...

P.S. No 32
Je ne suis qu’un humble maître d’école de Cours élémentaire qui essaie de vous apprendre à lire.

P.S. No 33
Aurais-je pu être ça, ça que je suis et ça que je fais si j’avais été sédentaire ?
automne 2010

P.S. No 34
Un demi siècle d’essais ne font pas une réussite :
dans l’écriture, dans la poésie, dans l’installa©tion, dans la monstra©tion, dans la performance, j’ai tout essayé
et je continue !
mais
un demi siècle d’essais ne font pas une réussite.

P.S. No 35
Nous sommes si peu à exister que je ne cesse de me demander pourquoi, pour qui, nous faisons encore
ou plus simplement, pourquoi, pour qui nous continuons à vivre ?

P.S. N° 36
Depuis que j’ai arrêté mes perf.s on ne cesse de m’inviter pour que j’explique pour quoi j’ai arrêté !
Alors je fais des déclara©tions...
Hiver 2011

P.S. N° 37
À partir de quel âge est-on trop vieux pour devenir terroriste ?
Printemps 2011

P.S. N° 38
Nous avons gagné : les performeurs du dimanche ont remplacé les peintres du dimanche !

P.S. N° 39
Le public c'est qui ?
C’est quoi ?
Ca signifie qui et quoi ?
Quel pronom possessif stupide dans une telle sentence !
dérisoire affirmation...

P.S. N°40
Alors tout le monde se photographie mutuellement et réciproquement comme s'ils vivaient un grand moment historique...
Pathétique !

P.S. N° 41
La priorité, jadis, au temps de la marine a voile, était au bateau qui était sous le vent...
sous le vent (!)
Hui, au temps des énormes cargos et des monumentaux paquebots, la priorité est au navire qui prend le plus de temps a s'arrêter
(règle «du moins manœuvrant»)...
A celui qui doit rester sur son erre.
Voila, j'ai arrêté (décision) la performance en 2006 et j'ai arrêté (dans les faits) la performance en 2012 :
Je suis un gros cargo.

P.S. N°42
la perf . au jour J,
le jour d'avant c'est bien - utile -
le jour pendant c'est mieux
le jour d'après c'est bien (nécessaire)
Après...
Apres :
je tourne en rond, je bois seul
en attendant un nouveau jour J (et ça de 1962 à 2012 : 1/2 siècle)
Vacuité (sens multiple)
En même temps et néanmoins, je désire ces moments de vacuité absolue

P.S. N°43
Nous sommes quelques uns, ainsi, dominés par notre langue mais ceux qui ne connaissent pas notre langue - ici ou ailleurs - peuvent nous "saisir" par les articulations que nous mettons à la prononcer.

P.S. N°44
Alors, je suis allé au Moma, c'était fin octobre 2011, je suis allé au 2nd étage, il y avait :
Fluxus Editions - Thing/thought, 1962/1978.
Nous tous : de la poésie concrète, visive, élémentaire, en action (du happening a la performance) sommes contemporain de ce
“mouvement”, au jour près !
Il va falloir nous surveiller de très près et vérifier nos travaux présents et futurs...
En effet, avec le recul leur univers et leurs réalisations paraissent si dérisoires, si futiles, si inintéressants en un mot si crétines.
Ils ont mal compris les leçons des avant-gardes historiques : futurisme, dada, cubisme (par exemple),
ils n'en ont saisi que l'aspect rigolade...
Fluxus c'est juste une parodie lugubre de la mauvaise face de cette histoire.

P.S. N°45
L’assassinat de John Lennon par Mark David Chapman commandité par Yoko Ono est-il un acte Fluxus ?
Si oui, des trois qui est l’artiste Fluxus ?

P.S. N°46
Je suis allé – là-bas-partout – et tous ceux qui devaient me voir m'ont vu. Les autres n'ont qu'a venir me voir.

P.S. N°47
Une mort digne de Blaine ! N’est-ce pas :
terrible nouvelle !
Anne-marie Villeri vient de me faire savoir que mon ami Bruno Mendonça est décédé ce matin à l'hôpital des suites d'une
« Chute »
dans son escalier.
Je n'ai aucune autre information pour l'instant…
C’était un grand performeur !

P.S. N°48
C’est le jour des morts (02.11.2011) que je fis cet étrange constatation :
mon annonce d’en finir avec la performance
et la disparition d’une big bit of my libido
furent, en moi et chez moi, contemporaines à la minute près.
Mais quoiqui entraina l’autre ?
J’ai mis 9 ans à repérer & établir ce rapprochement !

P.S. N°49
« C’est un chant du cygne » dit-elle.
J’aime bien cette appréciation à la suite de l’énonciation de ce texte.
Auditivement le sens se multiplie que ce soit signe ou champ...
Et calligraphiquement, ça se double : il suffit que le “n” joue à saute-mouton...
signe ou singe,
C’est le champ du singe.
En provençal : c’est le chant de la mounine.
Mais je ne vais pas crever tout de suite et mon chant ne va pas s’arrêter de sitôt !

P.S. N°50
La déclara©tion finie, partir très vite sans &fusion ni &panchement !
automne 2011

P.S. N°51
Je me défonce dans cette expression mienne :
poésie ? art ? gestualité et gesticulation ? énonciation et criaillerie ?
alors pour le reste, c'est à dire essentiellement le corps et ses attributs :
voix, amour, sentiments et autres évènements ou activités de ce genre,
à 70 ans (bientôt)
J’essaie de me préserver.

P.S. N°52 (le dernier sans doute !:*)
En un éclair, je suis passé de l’état de benjamin à celui de doyen.
à 70 ans dans l’art et la poésie
J’ai tout fait
J’é touf fais
---------
* ! : point d’exclamation provisoire...

P.S. N°53
Quand je considère les dynasties des peintres italiens de la Renaissance ou celle des musiciens allemands du baroque
et à la lecture des recueils, livres, revues et autres publications ou à l’écoute et à la vision des DVD, CD et autres disques des jeunes poètes et artistes contemporains ; à l’évidence : j’ai fait école...

P.S. N°54
Peut-être n’aurais-je intéressé personne, peut-être personne ne sera jamais intéressé par tout ça, en tout cas, et cette constatation n’est pas très intéressante : moi, tout ça m’a passionné, me passionne et me passionnera encore quelques temps...
hiver 2012

PS N°55
Aucun doute sur ce point : l'art du XXe siècle sera celui du collage.
Mais celui du XXIe sera-t-il celui de la performance ou de l'installation ?
Sera-t-il déjà dans l'acte ou encore dans la représentation ?

PS N°56
Ainsi arrives-tu à 70 ans (pas loin, hui, ce 1er mai 2012), et c'est le moment, en effet :
1/2 siècle à faire "ça" (voir biobiblio, par exemple sur www.documentsdartistes.org/artistes/blaine/page1.html)
et j'ai beau me poser et
me reposer (!) la question...
Seule Marie m'a donné une réponse dans son film L'éléphant et la chute,
(Production GREC - 2006):
"(...) Il ne peut pas faire autrement(...)"

PS N°57
J’ai l’impression d’avoir participé à un jeu de société plus intelligent que les dames et moins savant que les échecs où j’ai toujours été perdant. J’ai encore 1 très faible espoir de gagner 1 partie, c’est ce qui me tient en vie.

PS N°58
Mais si, à bientôt 70 ans je suis de plus en plus débité, je suis toujours autant couillu.
Printemps 2012

PS N°59
Sans starting-block et dans la colline, je cours le 100 mètres en 23 secondes 02. Usain Bolt le court en 9 secondes 63 et du coup s’estime être une légende vivante internationale et mythologique, il court sans rien voir, sans sentir, sans être
et sans se souvenir d’un vrai acte héroïque et néanmoins olympique : Tommie Smith et John Carlos au Mexique en 1968.

PS N°60
Toujours, j’ai écrit pour une seule personne, rarement la même ; alors à 70 ans je dois bien avoir une vingtaine de lecteurs.

P.S. N°61
19.IX.2012 :
Selon moi, c’est-à-dire selon mon goût, j’en ai encore pour 13 ans mais selon mon corps ou selon tel accident éventuel, je n’en sais rien.

P.S. N°62
Hui, à part de très rares exceptions, les performances qui font date sont celles qui retrouvent, reprennent (se réapproprient) un rituel ancestral (premier) modernisées et personnalisées.

P.S. N°63
Mais mes [sic] déclara©tions ne sont-elles pas que des performances déguisées, aménagées, atténuées ? Le problème – mon problème – ne serait-il pas plutôt celui de ma (re)présentation : cette présence maintenue ?

P.S. N°64
J’aimerais mieux regarder autrement, ne pas remarquer que « ça », or je n’assiste qu’à du déjà vu à 90%. J’ai 70 ans et voilà 50 ans que je participe à « ça » : poésie en chair et en os, art-action et autres performances et je reconnais toujours chez celui-ci ou celle-là ses/ces antécédents. À part ces exceptions de moins de 10% je reconnais irrémédiablement les presta©tions de mes vieux amis ou de mes amis morts.
Et ce ne sont pas les meilleurs qui sont les plus pillés !

PS N°65
Avec et après les performances, je suis passé à des prestations que j'ai intitulé “déclara©tions”, en fait des lectures améliorées !
Pour les performances, à partir – tout au plus – de la dixième reprise j'étais déjà dans la représentation mécaniste, machinale, une interprétation qui lie automatiquement la cause (le texte) à l’effet (la lecture) : hors-vie, hors-corps, hors-chair, au-to-ma-tik-tik !!! Déplorable, deadly boring... Pour mes “déclara©tions”, j'y suis déjà dès la seconde ! donc je ne les lis, ne les fais qu'1 fois, 2 à la rigueur. Automne 2012

Julien Blaine
(2002/2012)