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Daniel Van de Velde : J’ai vu des gens & autres poèmes

J’ai vu des gens

 

J’ai vu la mesure fictive de ces gens :

avoir lieu, donner lieu -

voler en éclat

l’errance est là

en eux

en chacun d’eux

des terres

et encore des terres

 

 

Les gens meurent

 

Les gens meurent les uns après les autres.

Meurent, ils meurent.

Ils meurent aussi pendant,

en même temps.

Les ombres meurent les unes après les autres.

Meurent, elles meurent.

Et meurent encore

les ombres qui se chevauchent parfois.

 

 

Connectés

Nos corps

se connectent

malgré nous.

Une théorie veut que la vie

ait germé sur terre

après qu'une, voire plusieurs comètes la percutent.

Nos deux corps en fusion

remontent ce temps géologique

d'une roche venant

d'on ne sait où

allant on ne sait où.

 

 

sculpture de Daniel Van de Velde. ©photo ; paris nuit blanche by melina1965 la danse des arbres(flickr) 

Dispersion

 

Il ne sert à rien de rendre la ville

plus urbaine qu’elle n’est

Il ne sert à rien de rendre les gens

plus humains qu’ils ne sont

La terre n’est pas une sphère

elle est sphère en nous

quand nous y sommes,

venant de nulle part

allant nulle part

 

 

Distance est prise

 

Ma vie est une trajectoire.

Je me suis affranchi de ce langage

qui fait unité de temps

de lieu et d’événement.

Tout ce qui est être en moi

ne veut pas habiter le monde,

le prolonger tel quel.

Délié,

libre de vivre sur terre

mes pas font corps

avec ce qui n’est pas encore

de l’ordre du mot.

 

 

Rupture

 

Ce soir Ougamanda

l'étoile qui ne dit pas son nom,

qui ne souffle mot -

L’air est frais, le vent tourbillonne, la nuit est lente.

Ougamanda donc,

m’a fait sentir

que si d’ici trois jours,

le 1er décembre 2016,

je n’avais pas de nouvelles de toi,

alors c’était inutile de poursuivre.

Ougamanda

l’étoile qui ne dit pas

son nom.

 

 

Nuit Blanche 2018.  Saint-Méry, Danse avec les arbres - archives Daniel Van de Veldeæ

La danse des particules

 

Un sentier

de particules

auditives,

olfactives,

enrubannées,

qu’elle laisse

rebondir.

En son vide,

elle s’absente.

Absente

en son vide.

Le corps

captif

le souffle

rendu

périphérique

s’altère.

 

 

Sortir

 

Je suis sorti

du cycle

des semaines -

au jour le jour

les siècles absorbés

- stellaires -

déteignent

lentement,

un retour

archéologique

sur les événements.

La poésie implique

une mue.

 

 

Rompre

 

rompre

lentement

sereinement

irréversiblement –

sans heurt

le heurt des pierres

entrechoquées

passer à côté

du cercle de pierres

sans s’abîmer

dans le contentement

de ces mêmes pierres

transbordées

et mises en suspend

rompre le silence -

ne pas renouer

passer

au travers

vivre

seul

 

 

Daniel Van de Velde, Sans titre, Médiathèque de Sainte-Maxime, 2011

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