1

Désert

 

Voici la nonchalance et l’incandescence,
Voici le désert de retour,
Voici la parole qui reprend son essor
comme le vent se lève
Avant de disparaître dans le sable.
Voici les images qui recommencent
Avec leur ébriété réservée à l’aveu d’un soleil
Que personne ne peut voir face à face.
Campements d’ombres,
baraquements de lumière, désert.
Tu retires aux mots leurs écailles et tu épluches
l’âme enivrée d’elle-même comme un oignon :
Songe après songe, le regard, brisé par ta clarté,
l’impassibilité de ta terre aride,
devient une eau qui perle assagie à chaque
courbe de tes flancs semés
de moires et d’ombres.
Des noms volés au silence en jaillissent,
Des noms propres affamés de manne et d’oasis,
Des noms suspendus à tes lignes de crêtes
Expirant dans des dunes
de paix, de chair et de blancheur,
Des noms encore indéchiffrables
comme le gypse de la rose enfouie sur tes sables.
Paysage, ton échappée devient une urne où déposer
Les cendres d’une mémoire enfin vierge de tout bruitage,
Et voici que le désert, l’ailleurs est là ;
Il ouvre l’univers au coeur de la matière et du silence
comme le nomade ouvre la marche de l’aube.
Rien qu’une suite d’effacements et de surgissements à la charnière de l’abysse et du ciel,
Rien qu’un gémissement de l’Esprit perdu d’avance au milieu des herbes et des chacals,
mais rien de moins qu’une empreinte sur le sable.