Dissonances n°47 hiver 2024
Après l'orage, tel est le thème central de cette revue animée par Jean-Christophe Belleveaux, Jean-Marc Flapp et Côme Fredaigue. Les belles photos de Cédric Merland apportent le sombre puissant à ces pages souvent dénonçant les travers du monde actuel et l'explosion qui pourrait s'ensuivre.
Une telle thématique est forcément source de poésie et cette revue en multiplie les formes en une dissonance de formes agréables entre proses, poèmes (courts ou longs), calligraphies, et photographies bien sûr.
Beaucoup des auteurs de ce numéro s'interrogent comme Mathieu Le Morvan : "quelle couleur aura le monde après l'orage ?"
Dans le "Tic Tac Tic Tac Tic Tac" qui rapproche de la mort, Joseph Lantier essaye de "tenir l'équilibre autant que possible. Tenir" Philippe Malone lui, voit "Au fond des gorges / un minerai de cri". Thibault Marthouret fait le décompte de ce qui restera "si on se fait la guerre" et pour lui "seuls les œufs durs résisteront" à la chute. Dans le même ordre d'idée, Laurence Fritsch liste les conséquences de la guerre 14-18 "Après les orages d'acier".
"Après l'orage, le temps n'existe plus. Il tourne en boucle, plonge, replonge, toujours dans la même eau qui n'en finit pas de cracher rouge." (Élise Feltgen)
La solution trouvée par Benoit Toccacieli est de "Baisser les yeux. S'effacer. Inexister. Mais ça suffit rarement à éviter l'orage."

DISSONANCES #47 APRÈS L’ORAGE, octobre 2024, 64 pages, 8 euros.
Christine Guichou imagine dans sa "rêverie post-apocalyptique" que "tout est devenu forêt depuis". Le mythe du déluge est également très présent. Anne-Marie Jorge Pralong-Valour voit que "La mousson dégueule des jarres joufflues / Alignées en nurses-soldats". Idem chez Marion Maignan :"il avait plu, pendant des jours et des jours. jours-gris jours-plats jours-crasse jours-froids, jours bouffis, demi-jours, nuits-jours."
Mais l'orage peut également être intérieur "ce matin / j'avale une tornade par la bouche / et ma gorge habite / des cargaisons entières de cris" (Rachel Boyer)
A noter également dans cette revue, la rubrique distinctions - nos auteur.e.s ont aimé, avec pour chacun.e des auteurices au sommaire : un livre, un film, un disque pour mieux cerner ces personnalités
Corinne Le Lepvrier, poète finistérienne, répond à un questionnaire en vingt-quatre points et nous livre sa définition de la poésie : “où la parole est déséquilibrée, une sincère nécessaire déclaration.”
Dissonances est une revue dense et riche qui offre un panorama intéressant sur ce que peut être la poésie actuelle.