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Egypte, plus vivante que jamais

 

On savait déjà que Florence Quentin était passionnée par l’Egypte. Et ses deux derniers livres en portaient déjà foi : l’un qui suivait le parcours de la Déesse Isis, depuis le Haut Empire jusque chez nous, aujourd’hui  (son titre : Isis l’éternelle, Biographie d’un mythe féminin, chez Albin Michel), l’autre qu’elle avait dirigé, et qui rassemblait une myriade de signatures, chez Bouquins/Laffont, sous le titre générique de « Le Livre des Egyptes « , où il s’agissait de réconcilier l’imaginaire et le savoir que nous pouvons en avoir. Nous avons d’ailleurs rendu compte de chacun au moment voulu…

Mais voici que Florence Quentin s’explique enfin sur l’origine de cette passion - qui date de son enfance, lorsqu’elle fit un voyage en Haute et Basse terre avec sa mère et sa sœur, et qu’elle ressentit qu’elle avait enfin trouvé son vrai pays ! Des explications qui conditionnent tout son texte où, après une longue visite au plateau de Guizeh, et les considérations qui vont avec, elle nous entraine dans une promenade qui, à rebours de chez nous, nous fait aller du nord au sud, depuis le Fayoum jusqu’au temple de Philae.

Et d’abord le Fayoum : se rappelle-t-on seulement comme il fut une terre d’élection de ce qu’il est maintenant convenu de nommer le manichéisme - de nombreux hymnes, aujourd’hui décryptés, en portent l’éloquent témoignage ? Et l’île de Philae, avec son temple à Isis, de l’époque gréco-romaine, que l’on dut reconstruire après le barrage d’Assouan, et où la Déesse règne encore tellement que je me rappelle l’un de mes amis, amoureux fou, qui glissa quelques mots d’invocation  dans l’interstice de deux blocs de pierre, afin de s’attirer les faveurs et la bénédiction de cette « femme divine » ?

Long voyage qui fait toutes les haltes nécessaires -et donne toutes les « explications » dont nous pouvons avoir besoin - sur une mythologie qui atteignit à la quasi perfection, et qui n’a pas cessé de nous hanter… : qu’il soit question de Louqsor ou de Karnak, de Denderah ou des constructions de la reine Hatschepsout, nous sommes toujours informés de tout, et, surtout ! invités à réfléchir sur la façon dont le Sacré se manifeste…

Un livre intensément poétique, et où de très nombreuses citations des anciens textes égyptiens, ou bien tirés des Textes des Pyramides, viennent scander comme des haltes, dans un livre qui me paraît l’un des plus personnels - et parfaitement documentés - de l’auteur(e ?).