Estelle Fenzy, Norwegian Wood
La forêt en son sommeil se rassemble après toi. Son œil fugitif mord les cimes. Superpose les rayons.
Ce sont de muettes effusions. Dans une lumière en sourdine.
Et tout à coup – la nuit.
La forêt pleine à nouveau. Unie, mousse et rideau. Espace éperdu, écheveau de légendes.
Comme, au fond de soi, l’entière origine du cœur animal. Délesté de ses peurs.
* * *
Automne indien.
Comme elles sont hautes les fougères. Vagues rousses, mille doigts. Danse du sang.
Comme tu es petite mon enfant. Naufragée docile dans ton châle de laine. Tu n’es pas perdue – ou c’est sans un cri.
Tu as la forêt à vivre. Qui doucement te mange.
* * *
Tu te caches les yeux avec les mains. Existe-t-il un mot pour ce geste ?
Tu gardes le monde à l’intérieur. Bleus, les yeux le monde, sous les mèches de cheveux qui bougent.
Tu sais déjà les défauts de présence. Le vent qui court à sa perte. La lumière arrêtée dans les choses. Les longs abîmes où le corps tombe en s’endormant.
Tu dis c’est dans le noir les plus belles rencontres. Puisque tout est fragile à présent.
* * *
Après la neige – à peine.
A vingt centimètres du sol, des champs de lunes consumées. Crépuscule accroché aux aigrettes.
Déjà les prés bruissent. Les petites bêtes de la nuit s’ébrouent.
Patrie du souffle au bout des doigts, tu fais des vœux d’étoiles filantes. De boutons d’or.
L’asile, la fête. Une explosion de lucioles, de fleurs traversées.
* * *
Ma douce ma joliette, pourquoi couds-tu ta robe sur ta peau transparente ? Tu te tiens close. Ton visage se tait.
Il y a pourtant comme un bruit de porcelaine. De tasse ébréchée dans l’évier. Est-ce ta collection de coquillages, remuée sur le couvre-pieds de laine ?
Ou tes plumes d’argile blanche, tombées une à une sur le carrelage et tes pieds nus.
* * *