ET L’AMOUR QUI VIENDRAIT
Quelques allers-retours en boucle pour mieux se retrouver au point de départ.
Quelques questions obscures pour seule façon de répondre à certaines réponses de cristal.
Quelques déserts de sel, la douceur des océans en prime ; et la jeunesse, en offrande, priée de vieillir dans le vent, pour navire et pour épave.
Dans votre livre il y aurait
Le livre tout entier de moi
Et moi dans ce livre secret
Qui ne parlerait que de vous
Quelque lien du sang à poursuivre, fil rouge étrange des solitudes de soi, sans peur de se rencontrer, en aucun lieu, dans la toute puissance partagée de la crainte ; dans le noir, sans savoir où les lèvres éclatées, la langue douloureuse, les yeux, ailleurs, s’en iront pleurer…
Votre vie serait la mienne
Et ma mort serait la vôtre
Et la nuit boirait la nuit
Puisant là au jour le jour
De plus profondes clartés
Quelques-uns, randonneurs éperdus, abandonnés depuis longtemps par leurs pairs, portés malades vers où le fleuve écarte ses bras, pousses d’âmes plantées, replantées, invités, réinventés par la mer, écrivent sur le sable mouillé leurs vieilles colères de crabes; et le silence des armes, et le ciel scintillant de la soif, encore, dans leurs cœurs convaincus.
Ascèse des plus anciennes symphonies
Lumière la plus infirmement parlée
Ténèbre la plus tendrement harmonie
D’une guerre qui nous guérirait d’emblée
Quelques pas, pour finir, sur quelques terres éphémères, défiant au bras de fer l’infini, ajoutant à la simple encoche d’autrefois tous ces moments passés, sans les bons, ni les méchants.
Un pied devant l’autre, sans doute un peu moins ivre, un peu moins insoumis, peut-être même à l’œuvre du libre.
Le soleil sans la brûlure.
Des cailloux plein les poches.
Et l’amour qui viendrait
Mon amour
Ne goûterait ni l’or
Ni le fruit
Les Cahiers de la rue Ventura N°11
(février 2011)