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Et pourtant il faudra affronter

 

Et pourtant il faudra affronter les événements,
La vie voilà ce qu’il en est, ou ce qu’il en reste.
Je n’ai pas voulu ça et n’ai pas fait exprès d’être là,
et vous demande pardon pour la place que je prends.
Je suis désolé de vous dire que vos regards
n’ont plus le même entrain.
Au fond des pupilles des écrans plasma scintillent.
Que n’ont-ils donc encore pas vendu ces charlatans
qui bonimentent les nouvelles du monde
et toutes dents dehors vocifèrent
et animent la fièvre des escrocs.

L’ennui a pris le pli dans ces jours sans répit.
La cimenterie tapisse le toit des maisons
D’une neige gris et lourde qui empèse aussi les arbres.

Les paysages incertains reviennent en mémoire
En ces instants à nuls autres pareils
Bribes intenses de sublime et de dérisoire
Comme autant de lambeaux inventés

Le Danube encore habillé du noir de ses eaux
s’invite en femme fatale entre les tables des champs de blé
les coquelicots en autant de cœur ponctuent par grappe
la plaine trop bien peignée des riches Allemagnes.
Fleurs blanches des Champs de patates.

Sorgho, millet, seigle, défilent dans le pas du marcheur.
Là-haut les alouettes éveillent de leur chant
les souvenirs d’une enfance au milieu des bois.
La sarabande des étourneaux a l’aspect d’un ange noir,
nuage ivre qui vacille.

Les mots sont le sang qui s’écoule de l’arbre heurté.

Le poème n’a pas besoin de sens puisque tout est insensé.
Il édifie ses déités et mélange ses velléités.