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Eva Wollenberg

Je vis en quasi séclusion dans l’écrin de la beauté sauvage et elle infiltre mon tempérament avec générosité et candeur. Mon rapport au langage lui-même a toujours été très idiosyncratique, oscillant entre mutisme total habité de gestes et fièvre. Une année sans parler c’était quelques fois un semblant de paix et de sécurité. Mais la foreuse de la poésie débusquait tous mes repaires et elle m’apparut très jeune comme le seul langage réellement soutenable, la source d’extases profondes, une aorte, une énigme nécessaire, un sanctuaire au sein duquel Kaspar Hauser pouvait être fleur.