1

Extraits du recueil Eloge de l’Ombre choisis par Catherine Boudet

Mais moi j’étais pire.
J’étais cet homme couronné de poulpes
qui déchira dans l’exactitude de sa mort
le linge écarlate des menstrues.
Rien ne lui a survécu.
Ni l’étourneau ancien,
Ni la gorgone du chant précédent.
Or, il tint un jour la pure épée.

*
Par les eaux successives,
par la bouche incisée des serments,
le crin dur du récit parle de toi,
du sang de porphyre
qui a traversé la nappe blanche.

La tempête saccage la raie très douce
qui sépare tes chevelures.
La lune macule la fleur du proverbe :
La soie crème et les dards
Qui tremblaient hier
sous la danse irritée des faux-bourdons.

*
Le pourtour de l’île s’est fait,
par cette nuit violente, plus compliqué.
L’aurore se déchire,
lacère les chardons velus
et les yeux d’oiseau de l’archange.
Mais les phalènes qui présageaient l’aurore
meurent. La main vulnéraire,
la blême méduse des promontoires,
la main de Lazare,
qui devait tourner le poignet à biseaux
qui nous séparait de la flamme
rouge et cachée du cerisier
n’est plus qu’un colifichet

*
Du navire ensablé aucune nouvelle.
Le scalaire de l’ancienne capitale
marche derrière le mot
qu’une fronce a coupé.
Tu guideras par la main l’insensé.
Tu seras le drap blanc parsemé d’if,
tu seras la morsure et la thériaque
et la nuit elle-même pour lui.
Un rire venu de l’autre rive,
du trottoir où ne règnent
plus que l’éther et le rhum,
un rire poissard
agite et bouleverse la fleur unique.