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FAIM DE MIL

 

Faire le rêve d’un fleuve d’eau salée remontant vers l’Afrique
Intérieure
Pulsé par le cœur puissant des pompes éoliennes
Et solaires.

Et le long des pipe-lines à ciel ouvert
Des vitres chauffées par le soleil
Ardent
Et périodiquement
Réfrigérées
Par un système simple et secret comme la nuit
Évaporent et séparent l’eau douce et le sel.

On boit et on cultive
Le long de ces fleuves inverses,
Et les déserts sont devenus verts
Pour le bonheur des Hommes.

Les peuples de la côte
Ne taxent pas leurs frères de l’intérieur
Pour laisser passer l’eau
Et ces derniers ne s’arment pas de haine pour contrôler les fleuves
Si nécessaires.

Les vastes mouvements de population
Jadis dirigés vers le Nord
Se sont inversés maintenant
Et les frontières
Des Nations
Ont un peu perdu de leur sens.

Les nouvelles invasions
Ont explosé l’Empire du monétaire
Et le sens ironique de la Mondialisation
Économique
S’est affiché partout sur la Terre
Tout en donnant à l’occasion
Un sens nouveau cette fois réussi
Aux vieilles fraternités de la Colonisation
Et du labeur partagé
Que la violence avait masquées.

La faim de mil a gagné tous les Hommes
Contempler ce qui pousse est la nouvelle affaire
La paix s’est faite il faut voir comme
Et des coupables anciens on a radiographié la chair
Examiné les os
Mesuré le calcium égoïste et la domination
Sanguine
On a mis l’ossature de l’humain au service plus intime
Des corps, des muscles et des cœurs
De la douceur
Heureuse et sans raisons.

Un grand lac intérieur s’est formé dans l’Afrique
Bordé d’hippopotames et de fresques
Et des cueilleurs néolithiques
Sont descendus de leurs parois
Tout de couleur et sans leurs armes
Pour embrasser les gens des herbes revenues
Des forêts presque
Inattendues.

Et des femmes les doigts
Modernes sur nous se sont posés
Aux nôtres se sont liés
Et nous ont gouverné(e)s
À l’égal des nôtres mêmes.

Et le charme des nuits
De Sibérie
Là-bas où pousse l’herbe verte
Sur l’océan fondant du permafrost
Enmoustiqué
Remonte à la mémoire d’exilés quand accoste
Aux rives du grand lac un navire presque frère
De ceux qu’on voit passer sur l’océan polaire.