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Guénane, Atacama

C'est un détour vers le désert d'Atacama que nous proposent Guénane et son éditeur La Sirène étoilée. Car en effet, après "La sagesse arrive toujours en retard" publié chez Rougerie et "Le Détroit des Dieux" édité par Yves Perrine (La Porte), Guénane, grande voyageuse et amoureuse de l'Amérique Latine, nous emmène dans ce désert chilien parmi les plus arides de la Terre.

Ayant eu déjà l'occasion à plusieurs reprises de lire des ouvrages de Guénane, j'ai choisi d'attendre un jour gris pour entrer dans sa dernière publication aux éditions La Sirène étoilée : Atacama. En effet, Guénane aime à nous faire voyager entre Bretagne et Amérique du Sud et je savais que j'allais retirer du soleil de ma lecture par temps maussade.

 "Pressentir est une émotion", l'incipit de cet ouvrage fait bien le lien entre ce qu'on ressent face aux mystères de la nature qui nous dépassent mais aussi lors de la lecture d'un ouvrage de poésie. Pressentir, c'est bien ce que je fis en attendant le moment propice. Pressentir, ressentir la force de ce désert inhospitalier auquel s'attachent pourtant de nombreux humains. "Jamais cette terre ne sera le balcon du rêve". "Vous êtes seul face à la Création / hébété devant l'éternité / la beauté sans simulacre. "

GUÉNANE, Atacama, Illustrations de Gilles PLAZY, Editions La Sirène étoilée

GUÉNANE, Atacama, Illustrations de Gilles PLAZY, Editions La Sirène étoilée, 2016, 48 p, 12 €

Mais cet ouvrage n'est pas qu'une évocation de la géographie et de la géologie de ce lieu mythique du bout du monde, c'est aussi un hommage à Gabriela Mistral, cette poète chilienne dans l'ombre de Pablo Neruda (et pourtant Prix Nobel à 56 ans, premier écrivain d'Amérique Latine, alors que Pablo Neruda ne le fut qu'à 67 ans). Car une terre aride "il n'a pas plu depuis quatre ans", peut faire germer de belles pages de littérature, même si, à la première impression,  "L'Atacama tue les mots / vous désarme".

J'ai aimé ce voyage, cette "vision soudaine de l'éternité" comme une parenthèse accolée au gris du jour. Et le livre de terminer par ces mots : "En toute vie des parenthèses ne cessent de palpiter."