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gueule de bois

 

Cette île, tu l’as descendue cul sec, amère comme du whisky.
L’argile brodée sur ses hanches vallonnées
ne t’a pas enivré, et tu n’as même pas eu envie
de te mettre à genoux, de poser ta tête sur ses bras veloutés,
de sucer lentement la pluie tiède déposée dans ses profondeurs.
« C’est bon », tu me dis
en me tournant le dos, sombre silhouette
taquine, taillée dans la roche noire.
Je croyais que cette île te rendrait soûl, que tu finirais
par te blottir ivre mort sur sa poitrine.
Je croyais que sa beauté allait t’ébranler,
que tu allais la boire d’une seule traite,
puis t’évanouir, un sourire sur ton visage,
la mer luisante, telle une flaque, à côté de ta tête.
Je croyais que tu m’avais aperçue dans le crépuscule –  j’attendais
que tu viennes me goûter, me boire comme un nectar au lever du jour.

 

 

Traduction : Nadia Mifsud