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HABILE BABILLE BABELIEN

 

Ah, flûtes et tambours
C'est la grande tour de Babel qui nous biaise.

En pis-aller nous marchons dru quand même,
sur les grandes falaises,
sur les dunes endurcies
où s'affalent les molles hallebardes 
d'un ciel toujours gris.

Vitrifié à l'atome, il darde son ennui.

Comme des mouettes ivre-mortes
nos rires se fracassent sur les vitres salies
des hautes bâtisses moroses.

Leurs multiples yeux lisses,
frottés d'obscur,
nous étouffent, passe encore,
mais même morts ils nous toisent
nous dévissent, te dévisagent et me divisent.

Pour quel usage ?
Quel usinage ?

Ah ! timbales et pipeaux,
Vivants de cette molle essence rougeâtre
allons-nous livrer nos corps
sur la silice toute-puissante des dunes
que nous ne foulons plus ?

Allons-nous brûler nos corps à l'encre
vapeur-toxique de blanches pages
où tout, tout envisage
les serviles outillages de nos pales faces
inexpressives.

Tout arrache, tout arrache,
pour quel usinage ?
Dites moi,
Pour quel usage ?

Ustensiles oubliés, nos visages s'amenuisent,
dans une marge cramoisie corrodée
et polluée par nos morts appétits
tout bouffis des mots qui descendent en rappel
du fier sommet de la haute tour de Babel...