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hélas! au berceau : entretien avec Matthieu Limosino

L'arrivée d'une nouvelle revue de poésie dans le paysage littéraire est à saluer. Il s'agit d'hélas!, revue numérique gratuite, portée et présentée par Matthieu Limosino.

Pouvez-vous nous parler de la revue hélas!
hélas! est une revue numérique gratuite, au format pdf, consacrée aux images et à la poésie. Elle ne paraît pas à dates fixes même si nous suivons pour le moment un rythme bimestriel. Elle s’affiche sous son nom, mais également en collections thématiques : Cahiers rouges, consacrée au corps, à la sensualité, à la sexualité et aux genres ; Vert Combat, qui s’intéresse aux questions environnementales, à la nature et à la terre ; et Bonhomme qui est une proposition poétique à destination des enfants (8/12 ans). Nous avons la volonté de mettre en avant une poésie pour tous, quelle qu’en soit la forme prise, le tout en une trentaine de pages. Celles et ceux qui ont envie de plus peuvent alors retrouver les auteurs et les autrices qui les ont séduits dans leurs propres recueils, sur leurs sites, pages, etc.
Pourquoi avoir créé cette revue ?
Je coordonne un atelier d’écriture ainsi qu’une journée consacrée à la poésie dans un établissement scolaire de la région parisienne, et en réfléchissant à la manière de valoriser les créations des élèves, je me suis demandé pourquoi ne pas faire cela à une autre échelle. J’ai donc proposé à des artistes, des photographes, des poètes et des poétesses de travailler sur un premier thème « Vacances prolongées » et très rapidement nous avons reçu des propositions, les réseaux sociaux nous ont bien aidés, et des éditeurs ont accepté gracieusement que nous reproduisions certains textes. L’idée depuis le premier numéro est vraiment de valoriser le travail des unes et des autres, de mélanger les publics, pour faire vivre la poésie.
Quelle est sa ligne éditoriale ?
Chaque numéro suit un thème, quelques mots qui, nous l’espérons, suscitent une envie d’écriture et/ou de partage créatif. Les textes et les images n’ont pas besoin d’être inédits, mais la part de créations originales est plutôt importante. Nous essayons ensuite de faire une sélection qui fait sens, tentons de créer un dialogue entre les œuvres, et ainsi faire un bel objet (même virtuel) qui donne envie d’être lu et d’y revenir. Nous essayons d’avoir « un invité », poète un peu plus connu qui inaugure et clôt le numéro (François de Cornière, Jean-Pierre Siméon, Baptiste Pizzinat). Nous mettons également « un classique », auteur ou autrice plus ancien, parce que ça ne fait jamais de mal, mais sans pour autant que cela soit forcément un poème établi, dont les vers auraient été épuisés dans toutes les écoles.
Que pensez-vous de la place des revues de poésie dans le paysage littéraire français, et plus généralement de la place de la poésie ?
Il existe de nombreuses revues, et certaines sont vraiment de qualité mais je crois que la difficulté reste de s’établir dans la durée (combien disparaissent après deux-trois numéros) et dans la régularité (il est facile d’être oublié lorsqu’on ne paraît que tous les semestres). Je crois qu’il est important aussi de rester accessible à l’image des fanzines de la belle époque. Après, la poésie reste un genre qui fait peur (aussi bien aux éditeurs qu’aux lecteurs ou lectrices) et pourtant il se passe beaucoup de choses, il y a de très belles maisons. Et puis la poésie s’invite aussi hors les livres (lectures, scènes, etc.) et c’est vraiment comme cela qu’elle montre ce qu’elle est. Elle est aussi un genre qui se renouvelle constamment par des apports nouveaux. Elle est l’écho, le reflet des déconstructions qui s’opèrent dans les sociétés occidentales et ailleurs. 
La francophonie est aussi un vivier dans ses nuances. Certaines formes sont plus ou moins accessibles mais la poésie est bien vivante, et il me semble que nous existons aussi pour le dire !

© Laura Mazet.

A propos de Matthieu Limosino

Venu à l’écriture poétique au tournant de la quarantaine après une expérience artistique polymorphe (musique à l’image, sculpture, chant et guitare), Matthieu Limosino compose des poèmes autour du temps présent, l’intimité de la famille, du couple, le travail d’écriture, qui paraissent en 2021 dans un premier recueil, Prémices d'un après. Poèmes intimes, aux éditions L'Harmattan.

Il propose également des textes plus engagés (RACISTE !, essais poétiques et autres poèmes de la haine ordinaire, Les Impliqués Éditeur, 2022), une urgence citoyenne nécessaire liée à sa profession d’enseignant, en histoire-géographie.

En septembre 2022, il lance hélas!, revue numérique gratuite d’images et de poésie.

Il finalise, pour l’été 2023, Révolte tout contre le monde, poèmes un brin misanthropes, son troisième recueil, et prépare pour 2024 deux propositions pour la scène autour de ces deux premiers ouvrages.