1

Introduction (to the Book of Life)

 

Thou shalt not keep quiet, of old thou shalt sing. Of golden cupolas glittering on high noon, of tranquil boulevards in an early autumn twilight. Memories shalt thou cherish; thou shalt not forget.

 

sparkle, sparkle, firefly
in the meadow as you fly
as the light of dusk is worn
like a bride's veil caught on thorn

 

Centuries have witnessed, but not spoken. Myriads have trodden along, but not noticed. The Wheel has been turning incessantly, staying in place. The millstone has ground itself to dust.

 

tumble, tumble, little weed
how little do you need?
gentle breeze to blow you by
under the indifferent sky

 

The pillar stands solitary in the wilderness; a condensed will, stubbornness of the chaste ones. Untouched by winds of change, it floats in the Dreamtime, not to be beheld with physical eyes.

 

hustle, hustle, short-cropped boy
a new trick comes for the old ploy
sprinkle quick some milky seed
hit the road as tumbleweed

 

A pinch of salt on a slow-healing wound, a grain of wisdom to thrust deeper into the gaping flesh ... sensitivity ... For whose sake, for what purpose? Thou shalt speak forever, for thy own self and for those who, unconceived, ponder incarnation / incarceration. For long gone icy stars whose light takes the trouble of travelling through a pit bottomless to trick the Man of earth and the Woman of a rib bone.

 

bumble, bumble, little bee
all the same to you sweet pea
rose & thistle, lily & weed
as long as on them you can feed

 

I will not remain silent. Æons have and have crumbled. The end of the world is at / in (your) hand. In the sand sits Nothingness and plays hide-no-seek. No answers sought. No questions asked. Dry granules seep through bony fingers. Violet sky grows grey as a burning star rises in the west.

 

 

*

 

 

 

Introduction (au Livre de la Vie)

 

 

 

 

Tu ne resteras pas tranquille, d’antan tu chanteras. Des coupoles d’or étincelant en plein midi, des tranquilles boulevards dans le crépuscule du premier automne. Les souvenirs tu chériras ; tu n’oublieras pas.

 

étincelle sans cesse, luciole,
dans la prairie où tu voles
quand la lumière au soir renonce,
voile nuptial pris par les ronces.

 

Les siècles sont témoins, mais se sont tus. Des myriades y sont passées, sans rien voir. La Roue sans cesse a tourné, restant en place. La meule s’est réduite en poussière elle-même.

 

dégringole, petit chiendent
de combien peu as-tu besoin ?
douce brise te mène au loin
sous le ciel indifférent

 

Le pilier solitaire se dresse dans le désert : un vouloir concentré, l’entêtement des chastes. Epargné par les ailes du changement,  il flotte dans le Rêve, à l’abri des yeux physiques.

 

Cours sans cesse, gamin à la tête rasée
un nouveau tour varie les vieilles manigances
arrose vite  les grains de lait
frappent  la route d'amarante

 

Une pincée de sel sur une plaie qui guérit lentement, un grain de sagesse à enfoncer davantage dans la chair béante…  sensible… Pour sauver qui, dans quel but ? Tu parleras à jamais, pour toi-même et pour ceux qui, non conçus, méditent sur incarnation/incarcération. Pour les étoiles glacées depuis longtemps éteintes, dont la lumière peine à voyager à travers un puits sans fond pour tromper l’Homme né de la terre et la Femme d’une côte.

 

bourdonne sans cesse, petite abeille
toujours de même à ta passion
lis et chiendent , rose et chardon,
tant qu'ils te donnent de leur  miel.

 

Je ne me tairai pas. Les siècles des siècles sont tombés en poussière. La fin du monde est proche et dépend de toi. Dans le sable se dresse le Néant qui joue à cache-cache-bien. Nulle réponse donnée. Nulle question posée. Des granules secs fuient à travers des doigts osseux. Le ciel violet devient gris et une étoile qui brûle se lève à l’ouest.

 

 

 

Not previously published, but read in public
in Vancouver, BC (recorded on a video)

 

Traduction Maryline Bertoncini