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JE-PLUIE N’A‑PAS‑D ‘OMBRE

 

JE-PLUIE

N’A-PAS-D ‘OMBRE

 

Extrait d’une série de 20 photographies et poèmes, créée à l’occasion d’une exposition en décembre 2011 avec un sculpteur et une plasticienne en hommage au photo-ethnographe Edward S. Curtis ; « Je-pluie-n’a-pas-d’ombre » puise ses esprits dans la tradition amérindienne.

 

*

Pok-pok fait la prêle
quand on la démembre.
Vous faites fort, vous qui venez de l’est :
briser nos peuples presque sans un seul pok.

Mais,

Vous boirez la victoire à des
os remplis de plâtre.
Pas bon pour la soif qui vous a couchés
avec le soleil.
Elle ne disparaîtra,
la soif
que lorsqu’ils auront fondu,
les os,
n’est-ce pas ?

 

*

 

à N.Scott Nomaday

Lorsque je viendrai chez toi,
je n'apporterai pas de fleurs.
   Je viendrai avec le soleil dans le dos
pour que tu avises la réalité de mes ailes.
Et nous tamiserons ensemble les terres
de la rivière Rouge.

 

*

Il y a une porte
il n'y a pas de porte.
Haletant sur le cheval
haletant sur la plaine
chargée de soleil
pleine de soleil
chargé le cheval
blanche de soleil
la plaine.
Il y a une porte
il n'y a pas de porte
Yo-ha ! C'est comme ça.

 

*

   Les petits chiens enfilent leur collier
   en couchant les oreilles
   mais c’est avec les dents
   qu’ils saisissent la laisse.

 

*

   Méfions-nous des apparences :
   il a les yeux grands ouverts, Bison.
   Regarde le flot qui avance tout droit,
   coulée de laine fumante.
   Ses frères entrent dans la beauté, il sait.
   Ce qui a laissé une trace a d’abord
   disparu.