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JE SUIS LE FEU

 

Je suis feu. Je vis dans le feu, — mon élément.
Salamandre, je suis, ni ne brûle ni ne flamboie.
Ma sœur est Marina Tsvétaïéva. Je suis l’incendie qui à jamais se propage.
C’est du cœur que viennent les flammes, elles montent vers le ciel.
Sans me consumer, brûlant, — moi, l’incandescent, ne suis-je pas l’ardent barde ?
En moi, tout le souffle attise les flammes, — affamées.
Je suis le feu qui ravage et le feu qui purifie.
La nuit, en rêve, quelqu’un s’approche du brasier, il vient à l’état subtil,
— ma force. Je croise parfois mon double, la pluie qui descend sur la terre.
— O Bonté ! — Souvent, sans le souffle de l’esprit, je fume, j’étouffe noir.
Âme errante du ciel, grand feu, je suis l’éclair.
La vérité m’a marqué de son signe. — L’illumination.
La foudre est mon arme, je suis foudroyant et foudroyé.
Mes yeux se ferment et ne voient plus que l’irréductible diamant.
Ma parole est pierre de feu, je la lance aveugle, voyant
le disque rouge du soleil levant, — ciel bleu.

 

Corse, 1er août 2005.