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Je t’aime, il a dit

 

Je t’aime, il a dit.
Une volée de papillons a frémi dans mon sang,
les abeilles ont rampé dans mes veines,
mon cœur s’est envolé ainsi que la sagesse de mes mains.
La grenade s’est fondue et le poème désarticulé,
je l’ai tellement écrabouillé que la lucidité a déserté ma conscience.

Je t’aime, il a dit.
Le temps s’est assoupi une dizaine d’années durant, ou plus.
Mon visage était pomme et le rêve un ange qui cueillait la lumière,
il m’offrait la lune et un morceau de sucre.

Je t’aime, il a dit.
Des tempêtes se sont depuis levées,
des villes ont disparu, les cartes se sont égarées,
le pays a retrouvé son terroir,
en compagnie du temps elle a dansé le tango sur le balcon du temps,
tous les balcons lui ont fait la révérence.

Je t’aime, il a dit.
Des caravanes de fourmis se sont engouffrées dans mes pores,
tremblotant montant descendant s’effarouchant au moindre contact.
Peu probable qu’il dise encore : je t’aime.

Je t’aime, il a dit.
Mes jardins ont envahi l’automne,
il s’est métamorphosé verdure humide dans mon corps.

Je t’aime, il a dit.
Le ciel s’est écroulé sur moi et sur mes tristesses,
il m’a entendu dire :
« ô ciel, je ne t’enlacerai pas, tombe plutôt dans mes bras, puise le bleu et repars !
Et vous, roses, buvez-moi pour déjouer le sommeil,
buvez-moi, je suis depuis votre source, votre eau pure. »

Je t’aime, il a dit.
Les branches des vignes ont alors frémi, les roseaux ont explosé,
le champ s’est enivré et s’est mis à chanter,
le bucheron eut pitié du bois.

Je t’aime, il a dit.
Les beignets ont gonflé, les verres ont débordé,
les minarets ont appelé à la prière, les cloches ont sonné,
depuis la fête chante : A la vie !

 

أُحِبُّكِ قالَ

أُحِبُّكِ قالَ، رفّ سرب فراش في  دمي، دبّ النحل في شراييني، طار قلبي وصواب يدي، كتبت الرمّان وفرطت قصيدة، عصرتها، إلى أن غاب وعي الحياة عن الوعي.

أُحِبُّكِ قالَ، غفا الزمان، عشرة أعوام أو أكثر، حين الوجه تفاحة، والحلم ملاك يقطف الضوء، ويهديني قمراً وقطعة سكر.

أُحِبُّكِ قالَ، هبّت عواصف، واختفت مدن، هامت على وجهها الخرائط، عادت إلى بلادها البلاد، رقصت التانجو، مع الوقت، على شرفة الوقت، انحنت أمامها كل الشرفات.

أُحِبُّكِ قالَ، فاحتشدت قوافل النمل في مسامي، ترتعش، تعلو، تهبط، وتثور، لأتفه اللمسات، لأدنى الاحتمالات أن يقول بعد: أحبك.

أُحِبُّكِ قالَ، هبّت على الخريف حدائقي، انقلب، اخضرَ ندياً في جسدي.

أُحِبُّكِ قالَ، وقعت السماء عليّ وعلى أحزاني، سمعَتني أقول: أيتها السماء، لن أطوقك، فاسقطي في  يدي، اغرفي الأزرق وعودي، ويا ورد اشربني كي لا تنام، اشربني، فأنا ومنذ الآن نبعُك، وماؤك الزلال.

أُحِبُّكِ قالَ، فانتفضت عرائش العنب، تفجّر القصب، ثمل الحقل، صار يغني، حنّ الحطّاب على الخشب.

أُحِبُّكِ قالَ، تدوّر الكعك، ضجّت بشرابها الكؤوس، قامت الصلاة، هتفت المآذن، قرعت الأجراس، زغرد العيد، حيّ على الحياة.