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Jean-Claude Albert Coiffard, Il y aura un chant

 « il y aura un chant/envoûtant le silence/des oiseaux arrivant de plus loin que le ciel ».  Jean-Claude Albert Coiffard vit d’espérance. Né en 1933, il a aussi  l’âge de regarder dans le rétroviseur. Ce que ne manque pas de faire le poète en égrenant avec bonheur des souvenirs d’enfance entre terre et mer, du côté de la Loire, du marais, de l’estuaire.

Nous sommes dans le pays nantais (« Que ma ville était belle/les paupières bleuies/par le lait de la lune ») et l’on retrouve dans ses vers les intonations de René Guy Cadou. « Mes souvenirs s’endorment/dans une vieille armoire/dont j’ai perdu la clef », écrit Jean-Claude Albert Coiffard. « On ne parlait pas/on écoutait la nuit/on regardait les ombres », ajoute-t-il.

Francis Jammes rôde aussi dans ces pages, celui qui écrivait : « Chanter de joie, mon Dieu, comme une pluie d’orage », tandis que le poète nantais, lui, s’émerveille à la vue d’Eugénie et de ses 3 ans. « Tu cours/dans l’allée verte et bleue/tu cours/Eugénie//et tu es belle/la lumière en frémit ».Ce recueil, illustré par des collages de Ghislaine Lejard, est ainsi pétri de notations lumineuses, revigorantes. Il fait aussi l’éloge du silence, « un éternel silence/qui nous parle de Dieu (…) quand on entend vibrer/la corde de son âme ». 

Jean-Claude Albert Coiffard, Il y aura un chant, Des sources et des livres, 70 pages, 15 euros.

Mais la mort fait son œuvre fracassant les élans du poète. « Il y eut cette nuit/plus noire que la nuit//il y eut ce silence/plus grand que le silence ». C’est la perte d’êtres chers, évoquée en mots retenus. Et le poète lui-même anticipe son grand départ par une dédicace au monde qu’il quittera un jour. Il l’adresse « aux fleurs et océans/à l’herbe et à l’insecte/aux orties et aux ronces (…) à la bruyère longue/qui embrasse la lande (…) à la harpe, aux saxo ». On croit entendre Xavier Grall faisant l’inventaire du monde dans Genèse, son livre posthume, ou entonnant un chant à son créateur dans Solo.  

Jean-Claude Albert Coiffard, lui, écrit : « Je partirai /une légende au cœur/et le sable des roses/dans le creux de la main// Je prendrai le chemin qui conduit aux mystères ». L’éternité existe. Le poète nantais l’a déjà rencontré. « Elle est cette lumière/qui parlait à l’enfant/en langage d’abeille ».