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Jean-Luc PROULX : L’Autre est ta demeure

 

Le recueil nous parle de présence.

D'abord s'avancer vers le rideau noir avant de se voir, puis « s'abandonner au risque du lyrisme » et aller vers ses doutes, « inondées d'enfance » : c'est ainsi qu'on franchit des terres éventrées et des océans noyés, parfois en se perdant dans les dédales de l'être au monde, puis en se cherchant on tombe, on se relève et on court avec son ombre, et on retrouve son corps et son visage de l'autre côté des mirages... Ce monde est-il un théâtre ? La scène du théâtre est-elle la vie ?

L'auteur retrouve l'humain sur les planches, les « yeux dans le drapé du silence ».

Le recueil en deux parties, entre prologue et épilogue, est d'abord une quête de l'autre et de soi-même. Dans un second temps, le lecteur rencontre la diversité humaine où on échange des mots pour un peu plus de lumière, où la magie opère, où la poésie est arrachée au silence nu des pierres pour se « soûler de vérité », où l'excès est là pour la joie d'être, pour « exhiber le sublime », même si des rires déments et des ruses savantes sont sur le chemin, qu'il faut éviter pour voir « des vies à vivre immenses ».
 

extraits :

 

Je te vois arriver un cri en bouche
Où vas-tu entre tumulte et fureur ?
Je m'avançais je m'avançais
Broyant l'air des ruines...

 

Redonner
              bourrées d'ambition
Foi à la beauté
Ardeur renouvelée
Où me retrouver sinon où je suis ?

...

 

Nous revenons du combat
Sans avoir tué
La guerre
Quand même je m'enchante
D'apercevoir ici
L'oeil ouvert
Des soifs de sens à célébrer