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Jean-Paul Michel, “Autour d’eux, la vie sacrée…”

« Autour d’Eux la vie sacrée, dans sa fraîcheur émouvante … »
ou Jean-Paul MICHEL et le Partage

 

« […] celui qui, plus encore qu’il aime, aime aimer » (p.18)

 

Avec quelle obstination Jean-Paul MICHEL ressuscite les Vivants.
Même morts il va les visiter outre-tombe sur les traces de leur vie, jusqu’à leur dernière demeure :

« Les enfants assis sur la pierre du seuil de l’église de Vendeuvre se sont regardés avec étonnement de ma demande du cimetière. »

pour en extraire une épitaphe (cf. photographie page 241 du Préau des Collines n°10, dédié à Jean-Paul MICHEL) imprimée au fronton de sa déclaration d’Amour :

« Touche, si tu peux,
Et tu sentiras,
Combien dure est la douleur,
Combien dure est la joie … »

Jiři Orten

 

D’amour, il est question dans ce livre : « Je l’aime […] » (p. 39)

Nous pouvons être reconnaissants aux vivants pour « service rendu » - cynisme !
Nous savons aimer les morts car nous croyons ne pas leur être redevable – cynisme ! Ceux qu’aiment Jean-Paul MICHEL sont Vivants à l’instar de Friedrich Hölderlin : « On revient à leur voix par besoin – d’un peu de violence assez forte qui lave » (p. 43).
Nous devons aimer les Vivants pour ce que nous partageons avec eux, « Nous entreconnoistre tous pour compaignons ou plustost pour frères » (Etienne de la Boëtie, p. 91), pour ce que nous ne sommes pas, « J’aime Kenneth White pour ce qu’il n’est pas moi » (p. 38), pour mille combinaisons d’un être à un autre qui demeurent amitié.

Cette amitié qui « suspend les contradictions politiques et tient sa gloire de les ramener à rien » (p. 18), pour le goût de la nuance.

Et l’exigence de savoir reconnaître ses contemporains (« Aucune lecture contemporaine n’a produit sur moi cet effet depuis des années, ni ce trouble » (p. 87)) avant qu’ils ne meurent : « […] Pontevia parlant de la Grâce le / Cancer rongeant son foie […] » (p. 104)

Ce recueil poétique se clôture sur un poème en vers, dernier hommage de notes éparses, de proses réflexives … de distinction de soi, qui sont aussi poésie et déchirure qu’un peu de partage et de fraternité apaisent.