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La jarre profonde

 

Le silence est une vibration très légère pareille au souffle de l’éveil, un rêve d’écriture d’eau. C’est un vent de nudité comme si l’alliance de la langue et de la parole ignorait la main dans l’obscurité d’une autre mémoire.

Le silence est cette image qui se dédouble, sépare la paume du ventre, s’embrase, se pose sur la main, caresse. Cri poussé une fois encore dans le regard du miroir, arqué de ses giclées de flammes, devenir qui ne cesse de nous manquer, éclat, matière d’air et de feu, ombre lumineuse du livre.

Le silence est absence du soir à bout de souffle, métiers hors d’usage de la phrase et de la soie.

Le silence est pupitre de lumière lorsque l’air ouvre le poème, le mot, le commencement du monde, élan lumineux entre hauteur et profondeur.