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La lettre-mail “Vous prendrez bien un poème ?”

Comme une revue en miniature  (pas plus d'une page - et d'un poème -  à la fois ), la "lettre" hebdomadaire de Françoise Vignet, joliment intitulée "Vous prendrez bien un poème ? " et illustrée de la jolie photo du pont du Jardin Japonais de Toulouse,  fait circuler la poésie contemporaine de façon moderne, via mail, à son réseau d'abonnés,  en toute simplicité :

nous lui donnons la parole.

"Vous prendrez bien un poème?",
feuille
 hebdomadaire gratuite
par abonnement à  
framboise.bergelle@gmail.com

 

 Vous prendrez bien un poème ?  est né d’un désir inachevé, il y a huit ans. Fraîchement installée à l’écart du monde, je disposais de temps libre : il m’est apparu naturel de partager les poètes que j’aime, ceux qui m’ont formée - partager et découvrir- puisque la poésie n’a jamais cessé de m’accompagner, plutôt en secret. Aussi ai-je commencé en janvier 2011 avec les amis anciens, les amis voisins, les amis familiaux, les compagnons de voyage – peu nombreux mais divers. Là où je vis, des lecteurs se sont ensuite présentés. Et la Toile m’a permis de joindre tout le monde, sans frais ni retard.

Très vite, pour suspendre le temps…

La formule initiale, toute simple, n’a pas varié. Un titre sans façon. Une totale gratuité, qui me laisse ma liberté. Une démarche à l’inverse de celle du blog,  puisque le poème vient se glisser dans la boîte aux Lettres du lecteur : intimité assurée. Un poème adressé « au visage » et non en dossier joint : présence immédiate. Une fréquence hebdomadaire, qui donne à la Poésie sa place au fil des jours. Un format réduit, qui facilite la lecture : le « morceau choisi » ne dépasse pas une page, en principe, mais un même auteur est diffusé à tout le moins pendant deux semaines consécutives : ainsi peut-on goûter (mise en bouche) davantage son écriture. Un souci de rigueur, puisque seuls sont diffusés des poèmes publiés en revue ou édités à compte d’éditeur, bien tangibles en leurs feuillets, assortis de leurs références. Une exigence de qualité, qui privilégie le plus souvent la poésie contemporaine d’expression française … sans exclure bien des pas de côté (côté cœur), dans l’espace et dans le temps.

Quant au choix, autant dire que c’est le poème qui me choisit. Le « hasard » a sa part, l’heureux hasard, avec/malgré son « coup de dés »… J’agis par « plaisir », celui « du texte ». Ce qui n’est pas futile (et quand bien même ! …). Un lecteur a suggéré, il y a quelques années, de participer aux choix : ainsi est née la  Feuille Volante, ouverte à tous, qui, le 15 de chaque mois, accueille un poème aimé par un lecteur.

En février 2011, après seulement trois « envois » (deux poèmes de Judith Chavanne et des haïkus pour le Nouvel An lunaire), les lecteurs ont réagi si généreusement que j’ai rassemblé leurs propos dans un Courrier des lecteurs N°1,  Courrier  qui perdure à ce jour. Leurs retours - réactions aux poèmes, informations poétiques ou artistiques, envois de textes - ajoutent à cette circulation de la parole du poème une épaisseur humaine, une résonance singulière, réconfortantes. Ce sont des êtres qui ont « de l’amitié envers la poésie », selon l’expression de Gaston Puel, qui se pencha avec bienveillance sur le berceau de Vous prendrez bien un poème ?

En effet, assez vite, à l’occasion d’abonnements à des revues ou d’achats de recueils, des revuistes, des éditeurs, qui souvent sont aussi poètes, ont manifesté de l’intérêt pour cette initiative. Le cercle s’est alors agrandi & enrichi. Les éditions Multiples et celles de L'Arrière-Pays, notamment, ont amené nombre de lecteurs. C’est dire que le lectorat de Vous prendrez bien un poème ? (une centaine environ, répartie dans l’hexagone et quelque peu au-delà), est varié – ce qui est tout à fait précieux, parce que cela lui confère une énergie et une saveur particulières.

En mai 2012, une Anthologie permanente, dont les accès sont privatifs, a vu le jour. Ainsi chaque lecteur, quelle que soit la date à laquelle il s’est abonné, peut-il découvrir ou relire tous les textes, à son gré.

Lors du premier anniversaire, le 6 février 2012, ces mots me sont venus :

« En ces temps de disette et de galimatias, ce que j'aurais à dire tiendrait en peu de

mots : JOIE à découvrir le poème, JOIE à le partager. (…) ».

Huit ans après, ils sonnent toujours juste.