La voie ferrée
Comment te raconter la voie ferrée
près de laquelle j’ai grandi
où je sautais à cloche-pied
sur le chemin de retour de l’école
comment t’en parler
sans trembler avec les vitres
les wagons aveugles et rouillés
des trains de marchandises
comment la toucher
sans égrener son gravier blanc
la dernière couche
des chiens écrasés
enterrer leurs cadavres
déterrer leurs ossements
les ramener à la maison
s’en faire des amulettes
comment te dire sans frissonner
les cris des freins me tirant
vers les traverses les visions
d’un départ entrevu sous les roues.