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L’abîme

 

L’abîme
arrosé de nos larmes

le peintre et moi râpons
un bloc d’encre.

Que de pleurs et d’éclats
pour pouvoir tremper un jour
notre pinceau dans le silence
des pigments du gouffre.

Faire parler les rides
de l’étang, sous le pont
de bambou, les pas
des rois exilés, l’envol
des hérons cendrés, leurs cris
filant les nuages
de la mousson d’hiver.

 

extrait du recueil Les Colibris à reculons
 

 

Dalle nostre lacrime
innaffiato l’abisso,

io e il pittore grattugiamo un blocco
d’inchiostro.

Quanti affanni,
quali imprese per poi riuscire un giorno
a immergere il pennello nel silenzio
dei pigmenti del baratro!

Far parlare le rughe
dello stagno al di sotto
del ponte di bambù,
passi di re esiliati,
il volo degli aironi cenerini,
i loro gridi che
rigano già le nubi
del monsone invernale... 

 

Traduction en italien par Carlo Gazzelli.

 

 

 

 

Carlo Gazzelli est un poète et traducteur littéraire qui vit à Gênes. Il traduit du français, de l’anglais, de l’espagnol, de l’allemand, du latin, de l’espéranto... Il a traduit Stendhal, Emily Dickinson, Jean Starobinski, Stéphane Mallarmé, Raymond Radiguet, Voltaire, etc. Il publie de la poésie sous le pseudonyme d’Enrico Matteo Achronidis : Il sogno di Copenhagen (Il Melangolo, Genova 2002), Una stretta leggera (Philobiblon Edizioni – Ventimiglia, 2009). Sous son propre nom, il a signé le volume inédit Fuochi della Geenna, et, en collaboration avec le poète Francesco Macciò, le volume égalemento inédit Tenzone. Il collabore régulièrement à la revue internationale de traduction littéraire Traduzionetradizione (éditée à Milan par la poète et critique Claudia Azzola).