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l’Ange manifeste (extraits)

La chambre du chaos

 

 

 

Une chambre froide dort
Et sur le lit immaculé d’images
Les fusées ligneuses accrochent
Un décor de brume

La déchirure ancienne
Le peuple aérien des consécrations
Descend fleurir la route
D’étoiles imprévues

Spirale de nuit incrustée
Dans la chambre d’images
Il faut fendre ton drap
Pour baigner nue l’étoile

Et dans un couperet glacé
Tendre la tête chercheuse
Qui tombe sans arrêt
Sur le monde qui s’éboule

 

 

 

 

 

***

 

 

 

 

 

Craquement du ciel

 

 

 

Tout cela, feuilles craquantes,
Bourdon bleu à l’oreille,
Soleil au fond d’une botte,
Feu noir de la jambe.

Tout cela, joute
Dans l’hiver craqué, sombre.
Un vol d’abeilles en spirale
Remonte la gorge d’or.

Tout cela, craquement
Pluriel, fonte des neiges
- Ensorcèlement concret
De la matière à visage d’ange.

 

 

 

 

 

***

 

 

 

 

 

Récolte

 

 

 

L’ange manifeste il ne ploie pas
Son sourire incorporel de feu
Traverse le monde comme un vent
Qu’on reçoit en pleine figure

Cette figure même est changée
Elle disparaît pour laisser paraître
Des champs où mille corps chantent
Où mille coqs manifestent leur dieu

L’ange manifeste nous regarde passer
Sous l’aile d’atmosphère de son feu
Traitement de toutes les minutes
Jusqu’à l’onde où les fruits disparaissent

 

 

 

 

 

***

 

 

 

 

 

Les géants

 

 

 

Des bribes étincelantes jamais fanées
Paraissent à toute vitesse sur la frise
Que tu offres en secret à la froide
Balançoire À l’étincelant fracas

Rivières infécondes même pas nées
Par nuit de coude sombre et d’ortie
Roulait comme un daim vers l’orée
La rivière couleur d’or de ton Sang

Pendant que coulait le fleuve étrange
Jamais éteint des pensées Chutait
Comme l’oiseau l’esprit un jet
Soudain Brusque et profanateur

Des bribes étincelantes jamais fanées
Tombaient en boucle des ceintures
De créatures géantes venues se restaurer
Elles burent l’Eau de la rivière d’un Trait

Qui sont-elles tombées de l’écaille
Cosmique ces Créatures de l’eau du feu
N’écrasant pas un insecte pas une fleur
Malgré le poids immense de leurs figures

L’étincellement continu du Miroir
De leur splendeur nous couvre
Du corail d’images Baignant le fond
De la rivière alternativement Bleue

Des bribes étincelantes jamais fanées
Désastre d’or et de métamorphose
Se répandent sur le trône de l’Œil
Où rêve l’éclat de la rivière au sol

Les oiseaux tournent leur regard géant
Vers le ciel vide Ruban dénoué du plein
Tourbillon secret de l’humeur
D’or dégagée des matérielles torpeurs

 

 

 

 

 

***

 

 

 

 

 

En plein ciel

 

 

 

 

 

Je finis de traverser les arcs des nuages,
Piteux verrous d’un nouveau ciel.
Les plus douces sensations s’électrisent
Pour former un vaste corps profond
Où les anges et les archanges se sont réunis
Dans l’explosion en pluie de leurs doctrines.

Le vent dégagé d’un coup d’aile,
La spirale de draps et de lumières
L’odeur de gaz irrépressible et bleu
Dans la lévitation magique du rêve,
Une osmose sous pression tendue d’éclairs
Laisse entrevoir ses bruits de matière frappée.

C’est là, dans cette guerre lumineuse, que mon corps
Est transporté comme un fusible d’argent
Où les oiseaux et les anges furieusement
Dérangent la pesanteur minérale
Dans un cri vertical d’énonciation
Qui perce la fine pellicule d’ozone -

L’humble tympan humain tout à coup
Agrandi à la mesure de son mouvement
Ascensionnel où le mutisme du cri remonte
En fibres dans le corps agrégé de plante
Ou de forêt balancée dans l’air
Où rien ne vibre de la mesure de tout -

Toutes limites abolies dans la perception
Sonore du moindre brassage cellulaire
La cellule percée autant que l’atmosphère
Dans le mélange des fluides -
Tout est constitué par ma chair
Du Cri qui la volatilise