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L’ARÔME DU GEL

 

I

Mon plus précieux,
mais non pas le moins déchirant
souvenir de Lalaye, le gel,
doublement déchirant car perdu dans ma mémoire.

Impression fulgurante,
le gel me saisissait, je percevais son arôme.

J’avais conscience de ce miracle, sa fugacité,
l’instant d’après tout s’évanouissait.

Chaque hiver, j’espérais sa répétition,
mais un jour nous ne sommes plus revenus,
comme mon enfance.

 

 

 

II

Le gel craquait dans la matière,
bois, terre et pierre,
libérant une essence insolite.

Une fine écume,
vestige du remous,
demeurait à leurs surfaces.

Mais celle-ci était palpable
sous les doigts, j’y goûtais même,
mes mains rougissaient jusqu’au souper.

 

 

(Inédit, été 2013)