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Le crépuscule de la diaspora

 

Même si je ne l’ai pas souhaité
je vous dis au revoir,
je m’en vais maintenant.
Vivre serait partir toujours,
même l’eau de la rivière ne fait que partir tout le jour.
Telle l’âme du courant quelques oiseaux aquatiques
me laissent dans les yeux une ombre blanche.

Je suis arrivé jusqu’à un col où je ne puis plus savoir
si une vie est toujours longue et ennuyeuse
ou vainement fugace.
En veillant sur vous, en attendant,
dans quelle région frontière ai-je vécu ?

S’en vont au loin les jours pieux et pleins de vie
où je croyais dur que seule la vie candide et ouverte
est le chemin du poète et son dernier héritage
et le soir sommeille en changeant de couleurs.

Je ne me fierai qu’à votre dernière étreinte.
C’est seulement après vous avoir rencontré
que mon chant a vibré de l’accord ravissant du corps nu.
D’autres sentiments diminuent en s’effaçant
et seule la douceur des souffles me restent.
À mon âge, cela me tire encore des larmes.

2010

 

Traduit du coréen par Kim Hyun-ja,

extrait de Celui qui garde ses rêves, éditions Bruno Doucey, 2014.