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Le Jour où nous avons appris la mort…

Le Jour où nous avons appris la mort de « Lady » Holiday             

 

Il est 12h20 à New York vendredi après-midi
Trois jours après le Quatorze Juillet, oui,
L’an 1959 et je vais visiter le stand du cireur de chaussures
Puisque je vais prendre le train qui part a 4h19
Pour descendre à Easthampton à 7h15 et aller diner
Chez les gens qui me feront bouffer là-bas alors que je ne les connais pas

Je monte la rue humide sous les premiers coups de soleil
Et je grignote un hamburger avec un milk-shake et j’achète
Un numéro de New World Writing pour savoir ce qu’écrivent les poètes
Du Ghana ces jours-ci.
     Je continue jusqu’à la banque
Où Miss Stillwagon (prénom Linda d’après ce que l’on m’a dit)     
Ne vérifie même pas le solde de mon compte 
Et à la librairie THE GOLDEN GRIFFIN je hume un peu de Verlaine
Honneur à Patsy avec dessins de Bonnard quoiqu’en réfléchissant
À Hésiode, traduction de Richard Lattimore, ou
La nouvelle pièce de Brendan Behan ou Le Balcon ou Les Nègres
De Genet, mais je décide que non, je continue à lire Verlaine
Tout en m’endormant presque en m’interrogeant sur le sens ce ses poèmes
En honneur à Mike je me promène avec nonchalance jusqu’au PARK LANE
Magasin de vins et de spiritueux où je commande une bouteille de Strega et
Ensuite je rebrousse chemin jusqu’à la Sixième Avenue
Et le tabac installé dans le théâtre Ziegfield et
Avec nonchalance je commande une cartouche de Gauloises et une cartouche
De Picayunes, et le NEW YORK POST où son image est publiée en Une

Et je commence à suer comme un bœuf et je pense à
M’appuyer sur la porte du WC du Club 5 SPOT
Pendant qu’elle murmure une chanson              
À Mal Wandron qui l’accompagnait au piano
Et tous on avait le souffle coupé d’un coup

 

Traduction en français du poème original en anglais,  « The Day Lady Died » (1964), par Elizabeth Brunazzi (2012), relue par Matthieu Baumier

Reproduction de la traduction en français par permission d’Elizabeth Brunazzi et Matthieu Baumier.