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L’état actuel des choses (extrait 4)

 

La pesante pression d’un ciel épaissi dans les gris
– une tombée d’étincelles toute à la légèreté même.
Il neige.
Le ciel – enfin – peut devenir blanc et recouvrir la terre.
Marcher dans la neige comme dans un baiser.

Le cœur du cœur de l’hiver

Nous savons qu’il y a un juste équilibre à trouver à tenir à rétablir dehors dedans encore et encore à l’avenir, jusqu’au moment où – son appui se trouve

Nous vivons dans plusieurs espaces

L’amour peut tout ? Tant d’occasions d’hésiter. Rien ne peut en faire douter.

Nous vivons dans plusieurs espaces à la fois. Le vrai, et tous les autres. Notre dimension résulte de l’ensemble.

Il y a tout ce que nous sommes et tout ce que l’on donne.  C’est pareil, et ce n’est pas pareil.

Nous en savons plus long que ce que nous voulons bien savoir.

La juste correspondance des sentiments élémentaires se réapprend tant de fois et ne s’oublie jamais.

Toutes les physiques sont vraies – elles nous disent toutes quelque chose de notre mouvement inné.

Aucune raison ne pourra jamais expliquer l’origine de la vie. Comment une raison pourrait-elle dire toute sa merveille ? Cela n’a pas de sens.

Nous ne pouvons pas vivre instant après instant. Tout nous l’interdit. Et nous ne pouvons vivre qu’ainsi. Vivant de tout instant.

Il faut être calme. Et si nous ne le sommes pas ? Admettre de retrouver son calme. Chasser une troublante agitation.

La vue ne se dégage pas quand on veut.

Oui, il faut choisir. Et pourtant ce n’est pas une affaire de choix. Suivre notre trajectoire, ce n’est rien d’autre.

S’éparpiller, se rassembler, c’est le mouvement de la vie même – régulier – prenant de l’ampleur : s’éparpiller plus loin pour se rassembler plus près, plus près du cœur.

Il ne tient qu’à nous d’appuyer notre front contre le soleil.

Être hors de soi : il n’y a pas d’autre façon d’être.

Sentir, soutenir notre prolongement dans tous les signes avenants.

Tenir à la vie.

 

 

L'état actuel des choses (éditions Al Manar, 2012)