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L’été sur les terrasses

 

Parler depuis la mort, sans porte-voix
suppose un entraînement de tous les instants
inauguré dès le premier regard.
C’est de sa propre destruction que l’être s’édifie
tenu en respect par les appariteurs musclés de la durée
et la férocité pompeuse des mythes.
La vie est salissante en dépit des enzymes
gloutons qui seuls connaissent
la vérité sur Dieu : hypothèse d’insecte
projetant sur une feuille de menthe assoiffée
sa souffrance à facettes.
Quant à l’humanité, espèce sonnante et trébuchante
         au cours surévalué,
Métisse d’ici-bas et d’au-delà, sang mêlé,
qu’elle fasse l’amour à midi, l’été sur les terrasses
avec le risque contagieux d’engendrer une fois de plus
          le néant
sans feu ni dieu, dans l’immuable et le fuyant
puisque sous chaque peau limitrophe du temps
circule, sève aride, âme prédatrice des corps,
l’insoutenable fécondité de la mort.