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L’œil imaginaire (1)

 

Un soupçon d’apocalypse flottait sur l’Origine, cabale
          de parfums
alchimie de venins subtils bus à la source
par les divinités parasites de Dieu
très affairées à remanier le Texte.
L’enfer, chasse gardée, ouvrait sur le verger, attendant
          que le fruit mûrisse
et d’emblée se tramait la phrase phréatique
en l’inconscient des futures planètes.
La native unité des choses de la nuit
osait quelques jambages,
ombres chinoises gribouillant sur l’ardoise
un premier jet d’oreilles, de paupières, de nageoires.
La souffrance, le désir : corps étrangers au sein
          de l’inutile splendeur
méditaient la genèse et son double ossifié.
Dans l’espace intérieur où germait l’horizon
béait un soupirail
qui peut-être n’était que la porte d’un four.
La partition prévoyait-elle de spiritualiser la matière
– ou l’inverse ?
L’essentiel serait la jouissance innommable du Créateur
qui déjà, pour jouer, ressuscitait les morts.