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Loin de Dieu, près de toi de Fabrizio Bajec

Ton mal s’écrit en moi petit à petit.

Fabrizio Bajec

 

Fabrizio Bajec donne à lire ce long poème ou cycle en deux langues, l’italien original et le français. Jeune poète né en 1975, Bajec écrit dans les deux langues, son premier ensemble poétique, Entrer dans le vide, a d’abord paru en Italien puis en version française, en 2012 (éditions du Fram). Loin de Dieu, près de toi avance vers nous ainsi, par les mots de sa préface (signée Jil Silberstein) :

« Dans l’arène minuscule où se déroule Loin de Dieu, près de toi, cycle restituant jusqu’au vertige les stations d’une « mise à mort » ou d’une « passion », comme on voudra : trois protagonistes on ne saurait moins diserts que sont une mère à l’agonie, un fils pulvérisé par l’imminence de sa fin et la mort implacable. Au point que oui, l’univers s’en trouve rétréci aux dimensions d’une chambre d’hôpital : glauque à pâlir, avec sa gamme d’appareillages, sa table sur laquelle tictaque un réveil, ce visage qui s’altère au long des vingt instantanés que compte le poème, un témoin éperdu et les pauvres sourires censés donner le change – autant de masques mutilant à faire hurler les fondements de l’être ».

La préface évoque Ginsberg et Reznikoff, pourquoi pas :

« Moi qui fus extrait de tes viscères
comme un fardeau bénin,
j’arpente le corridor des infectés
en repli, lâche et impatient. »

 

Il faut se méfier des « grosses » références. La voix, c’est ce qui importe.
Ici, le poème est un cri, c’est déjà beaucoup :

« tu t’ouvres à bout de souffle
sans dire au revoir au monde. »