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Luca Ariano : extraits de Contratto a termine

traduction Marilyne Bertoncini((texte original extrait de CONTRATTO A TERMINE di Luca Ariano, qudulibri, 2018))

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©photo mbp

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Sulla Via Emilia

 

Di cancelli serrati, di ciminiere

spente – ma senza viaggiare

troppo lontano: per sentire

il sapore delle zanzare sulla pelle

e il calore umido del riso.

Tra parrucconi aristocratici con

quelle erre che frustano le orecchie

e graffiano le corde, mentre lo sguardo 

delle rughe si scalda nel bicchiere

 

Oggi festeggi. Ancora nelle vene  

e sulle labbra ti accompagna ancora

il ricordo dei biscotti allo zenzero

e al cardamomo, che volevi danzare…

 

Non si sono incrociate le finestre

e ti porti sulla via Emilia una lunga

discussione da film, col nome uscito da un cartone,

in un’aria di neve che domani

impasterà le strade.

 

Sur la Via Emilia

 

 

Des portails fermés, des cheminées d'usine

éteintes – mais sans voyager

trop loin : pour éprouver

le goût des moustiques sur la peau

et la chaleur humide du riz.

Entre d'aristocrates barbons prononçant

ces erre fustigeant les oreilles

éraillant les cordes, tandis que le regard

des rides se réchauffe dans le verre

 

Aujourd’hui, c'est fête. Encore dans tes veines

et sur tes lèvres encore  t'accompagne

le souvenir des biscuits au gingembre

et à la cardamome, que tu voulais danser...

 

Les fenêtres ne se sont pas croisées

et t'amène, sur la via Emilia, une longue

discussion tirée d'un film, au nom de dessin animé,

dans un air niveal qui demain

empâtera les rues.

 

*

 

Miraggio

 

 

Frugare nella spezieria, fra moriscos

il sapore di quel bacio in Via Cimarosa

appena il cielo si svestiva della notte:

si mischiano le carte per trovare

quali dadi trarre e le tue preghiere

non sono servite. I tuoi consigli

per cavare versi e plasmare  

la dura pietra, lì in stazione.

 

Caduta la stagione

di camminare senza stringersi per mano:

i passi si fanno grevi, le parole

centellinate in un sorso di Dolcetto,

la dedica adolescente  nei pomeriggi

tra il Parco Ducale e le vetrine con Alice:

ancora ignoravi il suo nome.

 

Ora in centosessanta caratteri

hai lasciato sgroppare l’abbraccio

tardivo, lo schiocco delle labbra

che il treno dai finestrini battezza nel miraggio

che al crepuscolo filtri luce sulle pupille

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©photo mbp

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Mirage

 

fouiller dans l'épicerie, entre moriscos((terme dialectal péjoratif pour nommer les arabes))

et joueurs de cornemuse, pour éprouver de nouveau

le goût de ce baiser de Via Cimarosa

dès que le ciel se dévêtait de la nuit :

les cartes se mélangent pour trouver

quels dés tirer et tes prières

n'ont pas servi. Tes conseils

pour extraire des vers et modeler

la dure pierre, là à la gare.

 

Finie la saison

des promenades sans se tenir par la main :

les pas se font lourds, les paroles

savourées avec une gorgée de Dolcetto,

la passion adolescente des après-midis

entre le Parc Ducal et les vitrines avec Alice :

tu  ignorais son nom encore.

 

Désormais en cent soixante caractères

tu as laissé se dénouer l'étreinte

tardive, le claquement des lèvres

que, des fenêtres, le train baptise dans le mirage

qu'au crépuscule filtre la lumière sur les pupilles

 

*

 

Bambini

 

Bambini pedalano ai primi rossori,

gli ultimi rimasti sulla via

e tu ritrovi quei pochi minuti di ricreazione

in cortile: l’immensa fantasia

di giochi tra terra ed erba

ora sono visi eroinati nel parcheggio

del cimitero su una vecchia Peugeot.

Si rasano i prati spulciati da merli

e i tuoi capelli cadono sulle zampe

d’un cane che assalta il tremore

delle ginocchia:

in un altro iper di sabato pomeriggio

confondi il luccichio delle vetrate

al trillo d’una tasca, ai nuovi corpi

già spogliati di primavera.

L’Andrea si strafogherà in qualche bettola

di bestemmie per un’altra mano calata male

«Diu bel!» e il confronto tra Dio e Destino

nella preghiera delle sue pupille

«Se avrei vinto…» mentre ancora ansimi

sbattendo le imposte.

 

Enfants

 

Des enfants pédalent dès l'aurore,

les derniers restés dans la rue

et tu retrouves ces quelques rares minutes de récréation

dans la cour : l'immense fantaisie

des jeux entre terre et herbe

désormais les visages sont héroïnisés dans le parking

du cimetière sur une vieille Peugot.

On rase les prés épouillés de leurs merles

et tes cheveux tombent sur les pattes

d'un chien qui assaille le tremblement

de tes genoux :

dans un autre hypermarché le samedi après-midi

tu mêles la lueur des verrières

aux trilles d'une poche, aux jeunes corps

déjà dévêtus de printemps.

L'Andrea dans quelque gargote se répandra

en jurons pour une autre main mal abattue

"Diu bel!"((juron dialectal)) et la comparaison entre Dieu et Destin

dans la prière de ses pupilles

"Se avrei vinto.."(("si j'aurais gagné" (sic)) tandis qu'encore tu halètes

en claquant les volets.

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© photo mbp

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La strada che da Abbiategrasso

va fino a Pavia passando per Motta

e Bereguardo, gomiti, risaie

e cartelli divelti:

un contadino raccoglie i suoi coppi

– la tromba dell’altra sera

dove non c’è più la mezza stagione.

Lì per una laurea, forse l’ultima

mentre si chiude una porta e si sente

solo un brusio di fumo;

la candela smoccolata non brucia più

sulla pelle ancora fresca

e già hai messo virgole, punti e virgole

e punti alla fine della frase,

proprio quando sul colle infinito

si agita il bastone con un volto d’eremita.

Di nuovo poi sentire oli e vernici

di botteghe tra Borgo Tommasini

e via Nazario Sauro.

 

 

La route qui depuis Abbiategrasso

va jusqu'à Pavie en passant par Motta

et Bereguardo, coudes, rizières

et panneaux déracinés :

un paysan récolte ses tuiles

- la tornade de l'autre soir

où il n'y a plus de saison.

Là pour un diplôme, peut-être le dernier

tandis que se ferme une porte et qu'on ne  perçoit

qu'un bruissement de fumée ;

la chandelle mouchée ne brûle plus

sur la peau encore fraîche

et tu as déjà mis virgule, point et virgule

et point à la fin de la phrase,

juste alors que sur le col infini

s'agite le bâton avec un visage d'ermite.

De nouveau tu peux sentir les huiles et les vernis

des boutiques entre Borgo Tommasini

et via Nazario Sauro.

 

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©photo mbp

 

Panorama

 

Quel vostro bacio sfrontato

in un'atmosfera di fine galà

si sperde nell’aria putrida;

eccoli quei fili di ossa che si agitano

dove s’annida il tarlo del panico.

Sale il sapore ancora caldo di ricotta

e marmellata, dal vaso di gerani

stagnano zanze e mentre la madre

chiama la sua Bea – identici occhi di neve

che si squaglieranno,

ritorna alla mente il Peppino, l’ultimo

ranat, spazzato una sera sul suo Garelli

da un furgoncino della SIP;

l’estate era già di sedie sulla strada.

Sei invece lì a consumare una rapida

Carciofa da Pepen mentre lui lieto

con la preghiera in petto ritorna

da Santa Cristina.

In un panorama che gela le tonsille

distribuisci versi in quella quiete

come tuo nonno sparse scarpe

con la tomaia ancora calda di colla.

Panorama

 

Votre baiser effronté

dans une atmosphère de fin de bal

se perd dans l'air putride ;

les voici ces files d'ossements qui s'agitent

là où niche le vers de la panique.

Monte le parfum encore chaud de ricotta

et confiture, du pot de géranium

stagnent des zanze((moustiques)) et tandis que la mère

appelle sa Béa – les mêmes yeux de neige

qui s'écarquilleront,

te revient en mémoire Peppino, le dernier

ranat((chasseur de grenouilles, terme dialectal)), renversé un soir sur son Garelli

par une camionnette de la SIP((société de téléphonie));

l'été il était déjà de siège sur le trottoir.

Toi par contre tu es là à consommer une rapide

Carciofa((spécialité culinaire parmesane à l'artichaut)) chez Pepen tandis que lui heureux

la prière au coeur revient

de Sainte Christine.

Dans un panorama qui gèle les amygdales

tu distribues tes vers dans ce calme

comme ton grand-père semait les souliers

avec la semelle encore chaude de colle.

 

*

 

Trent’anni dopo

 

L’hai chiamata in quelle torride

sere la pioggia

ed ora è arrivata a scrosciare

sulle strade allagando cantine.

Ti hanno ritrovato quei capelli di lago

sorsi di sorrisi da versare

sulla tazza di petto:

sono tutte belle le donne,

e lo dici – appoggiato

ad una colonna pavese –

deglutendo boccate di fumo

o cavando dal fango ruote impantanate

in un’avida camporella.

Si squaglia il mascara sull’autostrada

e il tuo pezzo di cartone

è ormai buono solo come carta da bagno,

volto da emigrante del ventunesimo secolo.

Trent’anni dopo non puoi non pensare

a quel cuore scoppiato, spappolato fegato

nella cassa schiacciata,

negli istanti fracassati del corsaro

all’Idroscalo di Ostia:

le parole non erano ancora profezie

solo per i ciechi

ogni giorno muore un poeta.

 

Trente ans plus tard

 

Tu l'as appelée dans ces soirées

torrides la pluie

et maintenant elle est là qui tombe à verse

sur les rues et noie les caves.

Ils t'ont retrouvé tes cheveux de lac

gorgés de sourires à verser

sur la tasse de poitrine :

elles sont toutes belles les femmes,

et tu le dis – appuyé

à une colonne pavese -

déglutissant des bouffées de fumée

ou tirant de la boue des roues envasées

dans un petit pré avide.

Le mascara s'écaille sur l'autoroute

et ton morceau de carton

n'est plus bon désormais que comme papier toilette,

visage d'émigrant du vingt-et-unième siècle.

Trente ans plus tard tu ne peux pas ne pas penser

à ce coeur éclaté, écrabouillé le foie

dans la caisse écrasée,

dans les instants fracassés du corsaire

sur la plage d'Ostie :

les mots n'étaient pas encore des prophéties

réservées aux aveugles

chaque jour meurt un poète.((ce poème mêle des souvenirs personnels à celui de la mort de Pier Paolo Pasolini, assassiné sur la plage d'Ostie, près de Rome, dans la nuit du  1er au 2 novembre 1975.))

Pasolini vivant portant Pasolini mort, par Ernest Pignon-Ernest.
oeuvre du Mamac de Nice, photo mbp

 

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