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Lumière du silence de Jean Poncet

Ce que tu cherches est dans la vague

Jean Poncet

 

La beauté du titre de cet ouvrage dit beaucoup au sujet de ce qu’est, en profondeur, la poésie : Lumière du silence. Homme du Sud, des rives de la Méditerranée, le poète Jean Poncet est aussi linguiste, et ainsi – d’une certaine manière – architecte. C’est pourquoi ses mots disent la force et la sagesse du silence, forme de lumière que l’on peine à vivre parfois. Dans le monde visible en tout cas.
Jean Poncet nous est par ailleurs connu comme passeur, et cela est d’importance tant il n’est ni poésie ni poètes sans véritable générosité, celle de qui s’ouvre à celui qui est autre. Passeur, au sein des revues Sud, Autre Sud, puis Phoenix ; passeur, aussi, de la poésie roumaine contemporaine, en particulier de Lucian Blaga, avec lequel certains poèmes de Lumière du silence entrent en dialogue. Le passeur/poète est ancré dans l’embrasure des terres qu’il arpente : Marseille, la Méditerranée, Conques, Sénanque… Conques… L’expérience, pour qui le sait, de Conques est, à l’image de celle de Vézelay, retournement du gant de la vision que l’on porte sur le réel de ce monde. La poésie est ici celle du cherchant/voyageur :

et lorsque tu reviendras
– si tu reviens –
tu ne te retrouveras pas
car tu seras

toi

Là naissent les harmonies d’un « chant » personnel du monde, chant poétique en concordance avec le chant du Poème. C’est aussi pourquoi dans les mots du poète la mer et les étoiles s’entremêlent :

sous l’agonie du sable
la mer

et les étoiles
dans l’eau du regard

C’est un fait, que nous vivons sous une voûte étoilée, lumineuse en son silence, ainsi que des pierres :

là-haut

la pierre t’abreuve
la pierre te nourrit
la pierre t’abrite

toi sous le ciel
immédiat

Et, de cette vie, le mystère est bien trop évident en son absurdité pour que nous osions le regarder en face :

en vérité

de cet univers pulsant
sous le bruissement des étoiles

je te dis le plus obscur mystère

la mort engloutit même les amoureux